Introduction
Victor Marie Hugo est,
historiquement, un enfant de la Révolution française. Ses parents font
connaissance en 1796 et se marient l’année suivante. Son père, Léopold Hugo,
appartient a une famille d’artisans de Nancy; sa mère, Sophie Trébuchet, est
originaire de la bonne bourgeoisie nantaise : Hugo est donc issu de deux
milieux très différents. Victor Hugo voit le jour le 26 février 1802 à
Besançon. L’enfance de Victor est quelque peu mouvementée, partagée entre Paris
et les lieux de mutation de son père, entre l’amant de sa mère (le général
Victor Lahorie) et les maîtresses de son père.
Poète,
romancier, auteur de théâtre, critique, journaliste, historien, Victor Hugo est
sans conteste l'un des géants de la littérature française. Pourtant les
critiques à son égard ne manquent pas. André Gide lorsqu'on lui demandait quel
était le plus grand poète français, répondait, mi-admiratif, mi-ironique :
" Victor Hugo, hélas". Quant à Cocteau il n'hésitait pas, lui non plus,
à se moquer : "Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor
Hugo". Il faut dire que l'auteur des Misérables
et des Châtiments a allié à la fois
ambition, longévité, puissance de travail et génie, ce qui ne pouvait que
concourir à ce mélange de fascination et d'irritation qu'il suscite encore
aujourd'hui.
L'ambition
tout d'abord. Dès quatorze ans, Victor Hugo n'avait pas peur d'écrire dans son
cahier d'écolier : "je veux être Chateaubriand ou rien". Puis plus
tard, il adopta cette devise "Ego Hugo" …
La
longévité ensuite. Sa vie est un roman peuplé d'événements plus forts les uns
que les autres : une enfance de rêve, le mariage controversé avec Adèle
Foucher, la bataille d'Hernani, la trahison de son ami Sainte-Beuve, une longue
liaison avec la comédienne Juliette Drouet, la noyade de sa fille Léopoldine à
Villequier, son combat contre Napoléon III, dix neuf années d'exil : "Je
resterai proscrit, voulant rester debout", un retour à Paris qui lui
permet d'être député puis sénateur, la folie de sa fille Adèle, la vieillesse
paisible et glorieuse avenue d'Eylau et enfin des obsèques nationales suivies
par une foule immense qui lui rend hommage en criant "Vive Victor
Hugo".
La
puissance de travail et le génie enfin. A vingt-cinq ans, il publie, dans la
préface de Cromwell un véritable
manifeste en faveur du romantisme. A vingt-huit ans, il révolutionne le théâtre
et remporte la bataille d'Hernani. A cinquante ans il a le courage d’abandonner
une existence confortable pour l’exil, au nom de la résistance à la dictature
de Napoléon III. Lors de ce long exil, il abordera tous les thèmes, visitera
tous les registres et tous les genres, allant de la fresque homérique au poème
intimiste. Victor Hugo parviendra au terme d'une existence de quatre-vingt
trois ans à représenter une synthèse vivante de son époque. Il est
l'incarnation de la littérature française "dans ce qu'elle a de plus
universel aux yeux d'un monde époustouflé par un mélange sans précèdent
d'émotion, de virtuosité et de puissance".
Et
s'il est un compliment à noter, c'est celui de Baudelaire, qui bien qu'aux
antipodes du "monument Hugo"
rendit hommage à l'auteur de La Légende
des Siècles : "Quand on se figure ce qu'était la poésie française
avant que Victor Hugo apparût et quel rajeunissement elle a subi depuis qu'il
est venu; quand on imagine ce peu qu'elle eût été s'il n'était pas venu,
combien de sentiments mystérieux et profonds qui ont été exprimés, seraient
restés muets; combien d'intelligences il a accouchées, combien d'hommes qui ont
rayonné par lui seraient restés obscurs; il est impossible de ne pas le
considérer comme un de ces esprits rares et providentiels, qui opèrent, dans
l'ordre littéraire, le salut de tous..."
Étude
du roman de V. Hugo « Les Misérables »
Approche de l’œuvre : la déchéance de Fantine
Paris, Août 1817. Quatre étudiants, dont un certain Tholomyès, font un bon repas dans un
cabaret avec quatre jeunes filles insouciantes, dont l'une, Fantine étonne par
sa beauté et sa candeur. Elle vit avec Tholomyès sa première histoire d'amour.
Les quatre jeunes hommes ont promis "une surprise". Au dessert, ils
s'esquivent pour … ne jamais revenir, annonçant dans la lettre d'explication
qu'ils ont laissé, leur retour définitif dans leurs familles en province. Les
jeunes filles s'amusent de cette farce, sauf Fantine, la plus jolie, qui est
vraiment inquiète. Elle s'était offerte à Tholomyès et attend un enfant de lui.
Printemps 1818. Fantine quitte Paris et porte dans ses bras la petite fille qu'elle a eu
de Tholomyès, et pour laquelle elle a tout sacrifié, Cosette. Elle souhaite
retourner à Montreuil sur Mer, sa ville natale, où elle espère trouver du
travail. En chemin, à Montfermeil, elle fait la connaissance d'un couple
d'aubergistes, d'allure plutôt accommodante, les Thénardier. Très vite Cosette
joue avec les petites filles des aubergistes. Fantine y voit là un signe du
ciel et propose de leur confier quelque temps la garde de Cosette. Les
aubergistes acceptent moyennant une pension. Cosette qui n'a que cinq ans se
retrouve ainsi prise au piège d'un sinistre couple qui ne tarde pas à en faire
sa servante. Tout le pays va désormais surnommer Cosette,
"l'alouette", petite esclave en haillons, fragile et tremblante,
soumise à la tyrannie de ces abominables aubergistes.
Montreuil de 1818 à 1823. A son arrivée à Montreuil, Fantine découvre que sa ville
natale est devenue prospère grâce à un inconnu, arrivé deux ans plus tôt et qui
a su relancer et développer l'industrie de la région. Cet homme, M. Madeleine,
(nom d'emprunt de Jean Valjean) semble un véritable bienfaiteur : il offre du
travail à toutes les personnes honnêtes qui se présentent à sa fabrique, donne
des conseils éclairés et multiplie les actes de générosité.
Fantine a trouvé du travail dans les ateliers de M.
Madeleine. Mais sa beauté suscite la jalousie de ses collègues qui commencent à
l'épier. Elles découvrent que la jeune femme a un enfant naturel, ce qui lui
vaut d'être renvoyée par la surveillante. Elle éprouve alors du mépris pour M.
Madeleine, qu'elle imagine responsable de ce renvoi. Pour parvenir à payer la pension de Cosette, Fantine est
obligée de vendre ses cheveux blonds et aussi ses dents.
Ultime étape de sa déchéance, la prostitution. Un jour d'hiver, Fantine,
malade, fait les cent pas sur le trottoir. Un jeune bourgeois, pour se
distraire, lui glisse une boule de neige dans le dos. Vexée, Fantine se jette
sur l'individu et le frappe. L'inspecteur Javert intervient, arrête la
prostituée et lui inflige six mois de prison. M. Madeleine, ému par les
malheurs de la jeune fille intervient pour la faire libérer. Lorsqu'il apprend
qu'il est indirectement la cause de la déchéance de cette jeune fille, Fantine
ayant été chassé de ses ateliers à son insu, il fera tout son possible pour
soigner la jeune femme et lui permettre de retrouver son enfant. Il rend de
fréquentes visites à Fantine, la fait signer et envoie de l'argent aux
Thénardier. Fantine meurt avant d'avoir revu Cosette.
Étude de l’extrait du roman de Victor Hugo « Les
Misérables »
FANTINE
Quand
Fantine vit qu'elle vivait, elle eut un moment de joie. Vivre honnêtement de son
travail, quelle grâce du ciel ! Le goût du travail lui revint vraiment.
Elle acheta un miroir, se réjouit d'y regarder sa jeunesse,
ses beaux cheveux et ses belles dents, oublia beaucoup de choses, ne songea
plus qu'à sa Cosette et à l'avenir possible, et fut presque heureuse. Elle loua
une petite chambre et la meubla à crédit sur son travail futur;
reste de ses habitudes de désordre.
Ne
pouvant pas dire qu'elle était mariée, elle s'était bien gardée,
comme nous l'avons déjà fait entrevoir, de parler de sa
petite fille.
En ces
commencements, on l'a vu, elle payait exactement les Thénardier.
Comme elle ne savait que signer, elle était obligée de leur écrire par un
écrivain public.
Elle écrivait
souvent. Cela fut remarqué. On commença à dire tout bas dans l'atelier des
femmes que Fantine "écrivait des lettres" et qu'"elle avait
des allures".
Il n'y
a rien de tel pour épier les actions des gens que ceux qu'elles ne regardent
pas. - Pourquoi ce monsieur ne vient-il jamais qu'à la brune? pourquoi
monsieur un tel n'accroche-t-il jamais sa clef au clou le jeudi? pourquoi
prend-il toujours les petites rues? pourquoi madame descend-elle toujours de
son fiacre avant d'arriver à la maison? pourquoi envoie-t-elle acheter un
cahier de papier à lettres, quand elle en a "plein sa papeterie"?
etc., etc. - Il existe des êtres qui, pour connaître le mot de ces énigmes,
lesquelles leur sont du reste parfaitement indifférentes, dépensent plus d'argent,
prodiguent
plus de temps, se donnent plus de peine qu'il n'en faudrait pour dix bonnes
actions; et cela, gratuitement, pour le plaisir, sans être payés de la
curiosité autrement que par la curiosité. Ils suivront celui-ci ou
celle-là des jours entiers, feront faction des heures à des coins de rue, sous
des portes d'allées, la nuit, par le froid et par la pluie, corrompront des
commissionnaires, griseront des cochers de fiacre et des laquais, achèteront
une femme de chambre, feront acquisition d'un portier. Pourquoi? pour rien. Pur
acharnement de voir, de savoir et de pénétrer. Pure démangeaison de dire. Et
souvent ces secrets connus, ces mystères publiés, ces énigmes éclairées du
grand jour, entraînent des catastrophes, des duels, des faillites, des familles
ruinées, des existences brisées, à la grande joie de ceux qui ont "tout
découvert" sans intérêt et par pur instinct. Chose triste.
Certaines
personnes sont méchantes uniquement par besoin de parler. Leur conversation,
causerie dans le salon, bavardage dans l'antichambre, est comme ces cheminées
qui usent vite le bois; il leur faut beaucoup de combustible; et le
combustible, c'est le prochain.
On
observa donc Fantine.
Avec
cela, plus d'une était jalouse de ses cheveux blonds et de ses dents blanches.
On
constata que dans l'atelier, au milieu des autres, elle se détournait souvent
pour essuyer une larme. C'étaient les moments où elle songeait à son enfant;
peut-être aussi à l'homme qu'elle avait aimé.
C'est un douloureux labeur
que la rupture des sombres attaches du passé.
On
constata qu'elle écrivait, au moins deux fois par mois, toujours à la même
adresse, et qu'elle affranchissait la lettre. On parvint à se procurer
l'adresse : Monsieur, Monsieur Thénardier, aubergiste, à Montfermeil. On fit jaser
au cabaret l'écrivain public, vieux bonhomme qui ne pouvait pas emplir
son estomac de vin rouge sans vider sa poche aux secrets. Bref, on sut que
Fantine avait un enfant. "Ce devait être une espèce de fille." Il se
trouva une commère qui fit le voyage de Montfermeil, parla aux
Thénardier, et dit à son retour : "Pour mes trente-cinq francs, j'en
ai eu le cœur net. J'ai vu l'enfant !"
La
commère qui fit cela était une gorgone appelée madame
Victurnien, gardienne et portière de la vertu de tout le monde. Madame Victurnien
avait cinquante-six ans, et doublait le masque de la laideur du masque
de la vieillesse. Voix chevrotante, esprit capricant.
Cette vieille femme avait été jeune, chose étonnante. Dans sa jeunesse, en
plein 93, elle avait épousé un moine échappé du cloître en bonnet rouge et
passé des bernardins aux jacobins. Elle était sèche, rêche, revêche, pointue,
épineuse, presque venimeuse; tout en se souvenant de
son moine dont elle était veuve, et qui l'avait fort domptée et pliée.
C'était l'ortie, où était vu le froissement du froc. A la restauration,
elle s'était faite bigote, et si énergiquement que les prêtres lui avaient
pardonné son moine. Elle avait un petit bien qu'elle léguait bruyamment à une
communauté religieuse. Elle était fort bien vue à l'évêché d'Arras. Cette
madame Victurnien donc alla à Montfermeil, et revint en disant : J'ai vu
l'enfant.
Tout
cela prit du temps. Fantine était depuis plus d'un an à la fabrique, lorsqu'un
matin la surveillante de l'atelier lui remit, de la part de M. le maire, cinquante
francs, en lui disant qu'elle ne faisait plus partie de l'atelier et en l'engageant,
de la part de M. le maire, à quitter le pays.
C'était
précisément dans ce même mois que les Thénardier, après avoir demandé douze
francs au lieu de six, venaient d'exiger quinze francs au lieu de douze.
Fantine
fut atterrée.
Elle ne pouvait s'en aller du pays, elle devait son loyer et ses meubles.
Cinquante francs ne suffisaient pas pour acquitter cette dette. Elle balbutia
quelques mots suppliants. La surveillante lui signifia qu'elle eût à sortir sur-le-champ
de l'atelier. Fantine n'était du reste qu'une ouvrière médiocre. Accablée de
honte plus encore que de désespoir, elle quitta l'atelier et rentra dans sa
chambre. Sa faute était donc maintenant connue de tous !
Elle ne
se sentit plus la force de dire un mot. On lui conseilla de voir M. le maire;
elle n'osa pas. M. le maire lui donnait cinquante francs, parce qu'il était
bon, et la chassait, parce qu'il était juste. Elle plia sous cet arrêt.
Fiche de vocabulaire
Mots
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Explications, exemples d’emploi
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Synonymes
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Antonymes
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En ukrainien
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vivre
|
Disposer des moyens matériels qui permettent de
subsister.
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gagner
sa vie
|
заробляти
собі на життя
|
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goût de, pour qch
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Il a peu de goût pour ce genre de travail.
Avoir un goût très vif, un goût passionné pour qqch.
|
amour, disposition, vocation
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любов,
інтерес
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|
se réjouir
|
Éprouver de la joie, de la satisfaction.
Je me
réjouis de votre succès.
|
se féliciter,
être heureux de
|
regretter
|
радіти,
втішатися
|
à credit
|
Sans exiger de paiement immédiat (opposé à au comptant).
|
s'endetter
|
в
позику
|
|
se garder de f. qch
|
Prendre garde à.
« Gardez-vous,
leur dit-il, de vendre l'héritage »
|
se défier, se méfier, se
préserver
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уникати,
оминати
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entrevoir
|
Voir à demi (indistinctement ou trop rapidement).
|
apercevoir, comprendre, découvrir
|
ignorer
|
неясно
передбачати, бачити побіжно
|
payer
exactement
|
Il paye
très exactement aux échéances.
|
ponctuellement, régulièrement
|
сплачувати
раз у раз
|
|
avoir des allures
|
Manière de se comporter.
Il a une grande liberté d'allures.
|
attitude, comportement, façon
|
мати
замашки
„мати амурні походеньки”
|
|
épier
|
Observer attentivement pour découvrir qqch.
|
espionner
|
вистежувати,
підстерігати
|
|
regarder qch
|
Avoir rapport à.
Ce qui
regarde qqn, ce dont il peut s'occuper, se mêler à bon droit.
Cela ne
vous regarde pas, mêlez-vous de vos affaires.
|
concerner, intéresser, toucher
|
стосуватися
|
|
prodiquer
|
Accorder, distribuer généreusement, employer sans
parcimonie.
Prodiguer
son énergie, son talent.
|
dépenser, déployer
|
économiser
|
витрачати,
марнувати, гаяти (час)
|
curiosité (f)
|
Désir de connaître les secrets, les affaires d'autrui.
Loc. prov. La curiosité est un vilain défaut.
|
indiscrétion
|
indifférence,
discrétion, réserve
|
цікавість,
допитливість, інтерес
|
méchant
|
Qui fait délibérément du mal ou cherche à en faire, le
plus souvent de façon ouverte et agressive
Une personne méchante : sale
bête, démon, diable, garce, harpie, mégère, peau de vache, peste, poison,
sorcière, suppôt de Satan, teigne, vache, vipère.
|
cruel, dur, malfaisant,
malintentionné, malveillant, sans-cœur.
Méchante langue : acerbe, acrimonieux; mauvais, médisant.
|
gentil, humain, inoffensif
|
злосливий,
злісний,
жовчний, лихий
Злий
язик
|
combustible (m)
|
Qui a la propriété de brûler.
|
пальне,
дрова
|
||
prochain (m)
|
Personne, être humain considéré comme un semblable. « Tu aimeras ton prochain comme
toi-même » (ÉVANGILE).
L'amour
du prochain.
Dire du
mal, du bien de son prochain.
|
semblable, autrui
|
ближній
|
|
labeur (m)
|
Littér. ou région. Travail pénible et
soutenu.
Dur,
pénible, patient labeur.
|
besogne, travail
|
праця,
труд, процес
|
|
rupture (f)
|
fig.
Changement grave et soudain dans l'état des choses.
|
різка
зміна, розрив
|
||
attache (f)
|
Au plur.
Rapports affectifs, relations d'habitude qui lient à qqn ou à qqch. Conserver des attaches avec son pays
natal.
|
lien,
relation
|
прив’язь,
прив’язок, нитки
|
|
sombre
|
D'une tristesse tragique ou menaçante.
L'avenir
est sombre.
|
sinistre, tragique
|
gai,
joyeux
|
похмурий,
понурий, сумний
|
jaser
|
1.Vieilli Babiller sans arrêt pour le
plaisir de parler.
Parler avec indiscrétion de ce qu'on devrait taire.
2.Faire des commentaires plus ou moins désobligeants
et médisants. Jaser de, sur qqn, qqch.
On commence à jaser dans le village.
|
bavarder, caqueter, causer,
médire
|
базікати,
пащекувати, стрекотати, роздзвонити,
розбовкувати,
розбріхувати,
марнословити
|
|
emplir
|
Vieilli ou littér. Remplir.
|
combler
|
наповнити,
залити
|
|
commère (f)
|
Mod. Femme qui sait et colporte
toutes les nouvelles. Les commères du
quartier.
|
bavard
|
балакуха,
побрехуха,
стрекотуха
|
|
commérage
(m)
|
Fam. Propos
de commère : bavardage, cancan, clabaudage, médisance, potin, ragot.
|
плітки,
роговори, пересуди, поголос
|
||
en avoir le coeur net
|
Etre éclairé sur ce point.
|
все
розізнати
|
||
gorgone (m)
|
Myth. Monstre mythologique à la chevelure
de serpents et au regard pétrifiant.
La
Gorgone.
|
méchante
|
Ґорґона,
мегера, гарпія, злюка, лиха жінка
|
|
vertu (f)
|
Vieilli Force avec laquelle l'homme tend
au bien; force morale appliquée à suivre la règle, la loi morale définie par
la religion et la société.
Vieilli ou plaisant Chasteté ou fidélité
sentimentale, conjugale (d'une femme).
|
la morale
honnêteté
|
défaut, vice, immoralité,
imperfection
|
доброчесність,
чеснота, цнотливість
|
masque (m)
|
Fig. Dehors trompeur. Sa douceur n'est qu'un masque.
Aspect, modelé du visage. Avoir un masque impénétrable, un masque de tristesse.
|
apparence, extérieur,
physionomie,
air, expression
|
маска,
личина, вигляд обличчя
|
|
laideur (f)
|
1.Caractère, état de ce qui est laid (au physique). Être d'une laideur affreuse, monstrueuse.
La laideur de Socrate, de Mirabeau, de Quasimodo.
2. Au moral La
laideur d'une action.
|
difformité, disgrâce, hideur,
bassesse,turpitude, vilenie
|
потворність
|
|
chevrotant
|
Qui chevrote. Voix
chevrotante, tremblante et cassée (rauque).
|
assuré
|
тремтячий
|
|
capricant
|
Inégal, saccadé, sautillant.
|
кривий,
нерівний, поривчастий
|
||
esprit (m)
|
Ensemble
des dispositions, des faзons d'agir habituelles. Avoir l'esprit
aventurier, belliqueux, changeant, retors. AVOIR BON, MAUVAIS ESPRIT :
être bienveillant, coopératif, confiant; être malveillant, rebelle,
méfiant.
|
caractére
|
вдача
|
|
sec
|
Qui a peu de graisse, qui est peu charnu. « Elle était devenue plus maigre,
jaune et sèche qu'un poisson fumé » (Maupassant).
|
maigre
|
худющий
|
|
rêche
|
Fig. Rude de caractère; difficile à
vivre.
|
rétif, revêche
|
незлагідний,
упертий
|
|
revêche
|
Qui est d'un abord difficile, qui manifeste un mauvais
caractère. « Mme Loiseau,
qui avait une âme de gendarme, resta revêche, parlant peu » (Maupassant).
|
acariâtre,
rébarbatif
|
avenant,
doux
|
незговірливий,
непривітний
|
pointu
|
Fig. Très pointilleux, susceptible. Esprit, caractère pointu.
|
désagréable, sec
|
гострий,
уїдливий, дошкульний
|
|
épineux
|
Qui est hérissé d'épines, de piquants, ou dont les
productions (feuilles, branches, etc.) piquent. Arbuste épineux.
|
колючий,
в'їдливий, доткливий, ядушливий,
|
||
venimeux
|
Qui a de la haine, de la méchanceté.
Langue venimeuse : mauvaise langue
(Langue de vipère).
Une haine
vivace et venimeuse.
|
haineux, perfide,
empoisonné, méchant
|
отруйний,
вадкий, злісний
|
|
dompter
|
1.Réduire à l'obéissance (un animal sauvage,
dangereux).
2.Soumettre à son autorité.
Dompter
des rebelles, des insoumis.
|
apprivoiser, dresser, asservir,
dominer, maîtriser, soumettre,
vaincre
|
усмиряти,
втихомирювати,
упокорювати,
приборкувати
|
|
plier
|
Suivre, s'adapter par force. Se plier aux volontés de
qqn.
Céder, faiblir. Rien
ne le fera plier.
|
céder, se soumettre, obéir,
mollir
|
résister
|
коритися,
примирятися
|
ortie (f)
|
Plante
dont les feuilles sont couvertes de poils fins qui renferment un liquide
irritant. Piqûre d'ortie. Soupe aux orties. Fam. Faut pas pousser
grand-mиre dans les orties : il ne faut pas exagérer
Jeter
le froc (habit monacal) aux orties : quitter les ordres.
|
кропива,
жалива
Покинути
монашу службу
|
||
bigot
|
Qui
manifeste une dévotion outrée et étroite.
|
bondieusard, calotin,
cul-bénit, dévot
|
святоша,
фарисей
|
|
engager
|
Attacher à son service, prendre à gages. L'hôtel a engagé un nouveau portier.
Engager qqn comme chauffeur.
|
embaucher
|
брати
на роботу
|
|
atterrer
|
Vx Jeter dans l'abattement, la
consternation.. Ça m'atterre.
Elle
était atterrée par cette nouvelle
|
abattre, accabler, désoler,
stupéfier
|
прибити,
приголомшити
|
|
acquitter la dette
|
Payer (ce qu'on doit).
|
régler
|
розрахуватися
з боргами
|
|
balbutier
|
S'exprimer confusément ou maladroitement.
|
мурмотіти,
лепетати, белькотати
|
||
suppliant
|
Qui exprime la supplication. Air, regard suppliant. Attitude, voix suppliante.
|
implorant
|
благаючий,
заклинальний
|
|
sur-le-champs
|
Sans délai, sur
l'heure. Partir sur-le-champ. La
question fut réglée sur-le-champ.
|
aussitôt, immédiatement
|
терміново,
швидко,
на місці
|
|
médiocre
|
Qui a peu de capacité, ne dépasse pas ou même
n'atteint pas la moyenne. Esprit
médiocre. Élève médiocre en français.
|
inférieur
faible
|
bon, excellent, parfait,
supérieur
|
середній,
третьорядний
|
arrêt (m)
|
1. Décision
d'une cour souveraine ou d'une haute juridiction. Arrêt de la cour d'appel, de la cour d'assises, du Conseil d'État.
2.Fig. (Vx ou littér.) Les arrêts du destin, de la Providence. |
jugement, arrêté,
décret
|
вирок,
присуд, рішення, ведикт
|
Compréhension de l’extrait
« Fantine »
1. Lisez et traduisez l’extrait.
2. Schéma
narratif du texte. Divisez le texte en séquences narratives en remplissant
la grille :
séquence
|
résumé
|
lignes
|
1.
Situation initiale
|
Fantine
trouve un travail.
|
1-7
|
2.
Élément modificateur
|
Le
secret de Fantine.
|
|
3.
Péripéties
|
Le
secret de Fantine fait objet du commérage.
|
|
4.
Dénouement
|
Le
secret de Fantine est dévoilé.
|
|
5.
Situation finale
|
Fantine
est renvoyée.
|
3. Contenu de l’extrait
« Fantine »
Séquence
1.
· Pourquoi
Fantine ressent-elle de la joie ?
· Expliquez
pourquoi l’auteur insiste sur la description de ses cheveux et de ses dents ?
· Développez
les idées du texte « oublia beaucoup
de choses » (l.4) et « reste
de ses habitudes de désordre » (l.6).
Séquence
2.
· En
quoi consiste le secret de Fantine ?
· Pourquoi
cachait-elle cette partie de sa vie ?
Séquence
3.
· Comment
le secret de Fantine est-il remarqué ?
· Repérez
la part du discours de la séquence. Formulez en quoi consiste la méchanceté de
la curiosité ?
· Quelle
est la vraie cause du commérage autour de Fantine ?
Séquence
4.
· Comment
le secret est-il dévoilé dans l’atelier ?
· Quel
rôle y a joué Madame Victurnien ?
· En
quoi consiste la brutalité de l’acte de Madame Victurnien ?
Séquence
5.
· Quelle
était la réaction de Fantine à l’annonce de la surveillante ?
· Quels
sentiments éprouvait-elle ?
· Pourquoi
le renvoi du travail était douloureux pour Fantine ?
4. Antithèse
comme macrostructure. Remplissez la grille en repérant les caractéristiques de
deux personnages principaux de l’extrait (citations du texte) :
Caractéristiques
|
Fantine
|
Madame
Victurnien
|
La classe d’âge
|
Jeune :
l.3 se réjouit d'y regarder sa
jeunesse ;
…
|
Vieille :
l.58 avait cinquante-six ans ;
…
|
L’aspect physique
|
Belle :
|
Laide :
|
La situation de famille
|
Célibataire :
|
Veuve :
|
La situation dans le groupe
|
Isolée :
|
Intégrée :
|
La situation sociale
|
Pauvre :
|
Aisée :
|
L’attitude
|
Passive :
|
Active :
|
L’aspect moral
|
Anodine :
|
Méchante :
|
Le comportement
|
Victime :
|
Bourreau :
|
Les traits du caractère
|
à
énumérer
|
à
énumérer
|
ANALYSE STYLISTIQUE DU TEXTE
LA
FORME de l’extrait « Fantine »
Étude du vocabulaire
1.
Complétez le champ lexical de la curiosité. Expliquez cette notion en
employant les mots repérés.
2. Contexte
historique. L’extrait contient le lexique qui renvoie à des événements
historiques. Trouvez dans le texte ces réalités expliquez-les en vous servant des manuels d’histoire. Par exemple
:
¨ l.61
« en plein 93 » : 1793 –
année de la Révolution française (époque de la Terreur et des poursuites).
Étude des figures de style
La métaphore est une
figure qui consiste à désigner un objet ou une idée par un mot qui convient
pour un autre objet ou une autre idée liés aux précédents par une analogie
entre le comparé et le comparant. La métaphore fusionne donc en un seul les
deux termes de la comparaison.
La métaphore accumule plusieurs significations : une part du sens
dénoté du comparé + sens dénoté du comparant + connotation(s) du comparant +
connotation(s) venue(s) du contexte.
Lorsqu'une métaphore se
prolonge sur plusieurs termes, on parle d'une métaphore filée.
Effet créé : lors de la substitution d’un secteur du réel par un
autre de multiples connotation naissent.
Exemple
d’analyse d’une métaphore filée :
l. 37-39 « Leur
conversation, causerie dans le salon, bavardage dans l'antichambre, est comme
ces cheminées qui usent vite le bois; il leur faut beaucoup de combustible; et
le combustible, c'est le prochain.»
1/ Mise en relief de relations
analogiques : conversation,
causerie, bavardage = cheminées ; le prochain = bois, combustible.
2/
Analyse de composantes de la métaphore filée, par exemple :
« le
combustible, c’est le prochain » – la désignation du prochain par le mot combustible se fait sur l’analogie avec la matière qui produit de
l’énergie, de la chaleur (qui réchauffe la curiosité). Effet de style : les
objets de la curiosité brûlent (sont détruits) comme le combustible. Ainsi le
commérage peut détruire des vies humaines.
Exercice.
Repérez d’autres métaphores dans l’extrait « Fantine » et
expliquez leurs effets de style.
· Accumulation
C’est une suite de mots ou de groupes de
mots de la même nature grammaticale.
Effet
créé : l'accumulation donne l’impression d’un
excès d’objets, d’actions, de propriétés.
Exemple
d’analyse d’une accumulation :
l.32 « ces secrets
connus, ces mystères publiés, ces énigmes éclairées du grand
jour» – l’abondance de synonymes rend la description animée et
frappante. Effet créé : l’accumulation
amplifie les dégâts de la curiosité.
Exercice.
Repérez d’autres accumulations dans l’extrait et expliquez leurs effets de
style.
· Gradation
La gradation est une succession ordonnée
de termes de sens voisins. C’est une accumulation selon une progression
vectorisée. La gradation peut être ascendante (termes de plus en plus
forts) ou descendante (c'est l'inverse).
Effets
créés : la gradation donne l’impression d’un
allongement, d’une amplification. Elle apporte l’attente d’un mot le plus fort
ou le plus faible, l’idée d’un ordre crescendo ou decrescendo.
Exemple
d’analyse d’une gradation :
l. 63-64 « Elle
était sèche, rêche, revêche,
pointue, épineuse, presque venimeuse »
– c’est une gradation ascendante : on fait se suivre dans une même phrase des
termes de plus en plus forts. Effet créé : amplification de l’aspect
désagréable du caractère du personnage.
Exercice.
Repérez d’autres gradations dans l’extrait et expliquez leurs effets de
style.
· Allitération
L'allitération est une répétition dans la
même phrase des consonnes qui semblent être multipliées.
Effet
créé : individuel par rapport à la consonne répétée.
Exemple
d’analyse d’une allitération :
l. 63 « sèche,
rêche, revêche » - la répétition de la consonne [ ] crée l’impression
du sifflement d’un serpent (allusion aux serpents sur la tête d’une gorgone).
Effet créé : le renforcement de l’aspect méchant du caractère du personnage.
Exercice.
Repérez d’autres allitérations dans l’extrait et expliquez leurs effets de
style.
LE SENS de l’extrait
« Fantine »
1. Résumez l’histoire de l’extrait.
2. Présentez le personnage de Fantine. Personnifie-t-elle « les
misérables »?
3. Présentez le personnage de Madame Victurnien. Quelles sont les
motivations de son action ?
4. Montrez comment le récit représente le thème de la curiosité.
5. Quelle est la morale de l’extrait ?
Exercices de lexique
1. Formez des substantifs
à partir des adjectifs et verbes suivants:
venimeux ; remettre ; acheter ;
prodiguer ; épineux ; signer ; rompre ; méchant; user ; médiocre.
2. Remplacez les points par les prépositions qui conviennent ou supprimez les points :
1. Mme Victurnien
était jalouse... la beauté et... la jeunesse... Fantine.
2. Elle se
réjouissait... pouvoir acheter une jolie robe... sa fillette.
3. Je ne parviens
pas... faire ce travail.
4. Grâce... son
sang-froid il réussit... échapper... la prison.
5. C'est en vain
qu'il l'engageait... travailler.
6. Après avoir
rempli son estomac devin rouge, l'écrivain public consentit... dévoiler le
secret de Fantine.
7. Après de longues
hésitations Fantine se décida... prier la surveillante... lui permettre...
rester... l'atelier.
3. Trouvez le sens des expressions avec le mot « cheveu ».
o Couper les cheveux en quatre.
o Arriver, tomber, venir comme un cheveu sur la soupe.
o Faire dresser les cheveux sur la tête à qqn.
o Se prendre aux cheveux.
o S'arracher les cheveux.
4. Trouvez les
expressions avec le mot « ciel »
qui signifient :
o Il faut faire des efforts avant de compter sur la
chance.
o Être dans le ravissement, au comble du bonheur.
o Dans un autre pays, ailleurs.
o Arriver heureusement à l'improviste.
5. Donnez les synonymes
des mots et des expressions suivants :
allégresse f ; envier qn ; bavarder ; être heureux de qch ; rétif ; établir ;
payer une lettre ; travail m ; faire
connaître ; payer une dette ; rébarbatif.
6. Donnez les antonymes
des mots suivants et faites-les entrer dans des phrases:
net ; médiocre ; revêche ; plaisir ; honnête ; vertu
Par
exemple : Je veux une
réponse nette. Sa réponse est incertaine.
7. Trouvez les acceptions de l'adjectif « méchant ». Traduisez-le
dans les expressions suivantes, faites attention à la place de cet
adjectif :
Un méchant livre. Méchante
humeur. Une méchante faim. Un homme méchant. Méchante langue. Méchant garçon!
Chien méchant. Un sourire méchant. Une méchante grippe.
8. Quelle est la signification du verbe « affranchir » dans le
groupe de mots «affranchir une lettre»?
Quelles autres significations de ce verbe connaissez-vous ?
9. Citez le sens propre et le sens figuré des mots « rupture » et « attache » dans quels sens
sont-ils employés dans le texte ?
10. Blanc. Comment
dire en ukrainien ?
Examen blanc.
Mariage blanc. Nuit blanche. Faire chou blanc. Page blanche. Donner carte
blanche à qqn.
11. Formez des phrases
avec les expressions et les mots suivants :
une voix chevrotante ; acquitter
une dette; engager qn à faire qch ; être atterré ; avoir le goût du travail ; à
crédit ; se garder de faire qch ; être jaloux de ; faire partie de ; en avoir
le cœur net.
12. Traduizes en français :
1. Є люди, які завжди цікавляться вчинками і життям своїх сусідів. Їм потрібно все знати: чому той прогулюється тільки на смерканні, чому та завжди посилає за поштовою бумагою і пише багато листів. 2. Боячись бути звільненою через своє минуле, Фантіна уникала розповідати кому-небуть про свою донечку. 3. Одна з балакух повідомила наглядачці, що Фантіна дуже часто пише листи якомусь Тенардьє, до того ж вона завжди їх оплачує. 4. Пані Віктюрньєн сварлива і ущиплива особа, яка ненавиділа Фантіну, вирішила поїхати в Монтфермейль щоб розвідати про все. 5. Пригнічена відчаєм і соромом, вся в сльозах, Фантіна покинула місто і пішла в світ за очі. 6. В молодості вона була одружена із монахом, який втік з монастиря. Це був сильний юнак, який зумів її підкорити (приборкати) і зломити. 7. Важко повірити, що лиха, незлагідна і вперта пані Віктюрньєн була колись молодою жінкою. 8. Коли наглядачка повідомила Фантіні від імені пана мера, що вона звільнена з майстерні, бідолашна була приголомшена цим ударом. 9. Звільнення з роботи глибоко засмутило Фантіну, їй було шкода розлучатися із своєю кімнаткою, яку вона обмеблювала в кредит. 10. Ідучи з майстерні, Фантіна отримала 50 франків, однак цих грошей не вистачало на сплату боргів, вона винна була за квартиру і за меблі.
13. Thème :
Існують особи, які, задля того, щоб знайти розгадку цих загадок, власне кажучи, зовсім їм байдужих, витрачають більше грошей, марнують більше часу, роблять більше зусиль, ніж це могло б знадобитися на десяток хороших справ; і все це безкорисливо, через любов до мистецтва, отримуючи в нагороду за свою допитливість тільки задоволення від самої допитливості і нічого більше. Вони готові стежити за якоюсь жінкою і за якимось чоловіком цілими днями, годинами простоювати на роздоріжжях, в підїздах, вночі, в холод і дощ, підкупляти посланців, підпоювати візників і лакеїв, задарювати покоївку, давати на чай воротарю. Для чого? Та просто так. Через жагуче бажання побачити, дізнатись, розкопати. Через нездоланну потребу розбазікати. Досить часто ці розкриті секрети, оприлюднені таємниці, ці розгадані загадки спричинюють катастрофи, дуелі, банкрутства, руйнують цілі сім’ї, розбивають життя, для великого задоволення того, хто “розкрив все” без будь-якої користі для себе, корячись лише інстинкту. І все це дуже сумно.
Succès de madame Victurnien
La veuve
du moine fut donc bonne à quelque chose.
Du reste,
M. Madeleine n'avait rien su de tout cela. Ce sont là de ces combinaisons
d'événements dont la vie est pleine. M. Madeleine avait pour habitude de
n'entrer presque jamais dans l'atelier des femmes. Il avait mis à la tête de
cet atelier une vieille fille, que le curé lui avait donnée, et il avait toute
confiance dans cette surveillante, personne vraiment respectable, ferme,
équitable, intègre, remplie de la charité qui consiste à donner, mais n'ayant
pas au même degré la charité qui consiste à comprendre et à pardonner. M.
Madeleine se remettait de tout sur elle. Les meilleurs hommes sont souvent
forcés de déléguer leur autorité. C'est dans cette pleine puissance et avec la
conviction qu'elle faisait bien, que la surveillante avait instruit le procès,
jugé, condamné et exécuté Fantine.
Quant aux
cinquante francs, elle les avait donnés sur une somme que M. Madeleine lui
confiait pour aumônes et secours aux ouvrières et dont elle ne rendait pas
compte.
Fantine
s'offrit comme servante dans le pays; elle alla d'une maison à l'autre.
Personne ne voulut d'elle. Elle n'avait pu quitter la ville. Le marchand
fripier auquel elle devait ses meubles, quels meubles ! lui avait dit :
"Si vous vous en allez, je vous fais arrêter comme voleuse." Le
propriétaire auquel elle devait son loyer, lui avait dit : "Vous êtes
jeune et jolie, vous pouvez payer." Elle partagea les cinquante francs
entre le propriétaire et le fripier, rendit au marchand les trois quarts de son
mobilier, ne garda que le nécessaire, et se trouva sans travail, sans état,
n'ayant plus que son lit, et devant encore environ cent francs.
Elle se
mit à coudre de grosses chemises pour les soldats de la garnison, et gagnait
douze sous par jour. Sa fille lui en coûtait dix. C'est en ce moment qu'elle
commença à mal payer les Thénardier.
Cependant
une vieille femme qui lui allumait sa chandelle quand elle rentrait le soir,
lui enseigna l'art de vivre dans la misère. Derrière vivre de peu, il y a vivre
de rien. Ce sont deux chambres; la première est obscure, la seconde est noire.
Fantine
apprit comment on se passe tout à fait de feu en hiver, comment on renonce à un
oiseau qui vous mange un liard de millet tous les deux jours, comment on fait
de son jupon sa couverture et de sa couverture son jupon, comment on ménage sa
chandelle en prenant son repas à la lumière de la fenêtre d'en face. On ne sait
pas tout ce que certains êtres faibles, qui ont vieilli dans le dénûment et
l'honnêteté, savent tirer d'un sou. Cela finit par être un talent. Fantine
acquit ce sublime talent et reprit un peu de courage.
A cette
époque, elle disait à une voisine : – Bah ! je me dis : en ne dormant que cinq
heures et en travaillant tout le reste à mes coutures, je parviendrai bien
toujours à gagner à peu près du pain. Et puis, quand on est triste, on mange
moins. Eh bien ! des souffrances, des inquiétudes, un peu de pain d'un côté,
des chagrins de l'autre, tout cela me nourrira.
Dans cette
détresse, avoir sa petite fille eût été un étrange bonheur. Elle songea à la
faire venir. Mais quoi ! lui faire partager son dénûment ! Et puis, elle devait
aux Thénardier ! comment s'acquitter ? Et le voyage ! comment le payer ?
La vieille
qui lui avait donné ce qu'on pourrait appeler des leçons de vie indigente était
une sainte fille nommée Marguerite, dévote de la bonne dévotion, pauvre, et
charitable pour les pauvres et même pour les riches, sachant tout juste assez
écrire pour signer Margeritte, et croyant en Dieu, ce qui est la science.
Il y a
beaucoup de ces vertus-là en bas; un jour elles seront en haut. Cette vie a un
lendemain.
Dans les
premiers temps, Fantine avait été si honteuse qu'elle n'avait pas osé sortir.
Quand elle
était dans la rue, elle devinait qu'on se retournait derrière elle et qu'on la
montrait du doigt; tout le monde la regardait et personne ne la saluait; le
mépris âcre et froid des passants lui pénétrait dans la chair et dans l'âme
comme une bise.
Dans les
petites villes, il semble qu'une malheureuse soit nue sous les sarcasmes et la
curiosité de tous. A Paris, du moins, personne ne vous connaît, et cette
obscurité est un vêtement. Oh ! comme elle eût souhaité venir à Paris !
Impossible.
Il fallut
bien s'accoutumer à la déconsidération, comme elle s'était accoutumée à
l'indigence. Peu à peu elle en prit son parti. Après deux ou trois mois elle
secoua la honte et se remit à sortir comme si de rien n'était.
– Cela
m'est bien égal, dit-elle.
Elle alla
et vint, la tête haute, avec un sourire amer, et sentit qu'elle devenait
effrontée.
Madame
Victurnien quelquefois la voyait passer de sa fenêtre, remarquait la détresse
de "cette créature", grâce à elle "remise à sa place", et
se félicitait. Les méchants ont un bonheur noir.
L'excès du
travail fatiguait Fantine, et la petite toux sèche qu'elle avait augmenta. Elle
disait quelquefois à sa voisine Marguerite : "Tâtez donc comme mes mains
sont chaudes."
Cependant
le matin, quand elle peignait avec un vieux peigne cassé ses beaux cheveux qui
ruisselaient comme de la soie floche, elle avait une minute de coquetterie
heureuse.
¨ Lisez la suite de l’histoire et complétez la grille sur les personnages
de Fantine et Madame Victurnien (à la page 54).
Bilan
L’œuvre romanesque de Victor Hugo
L’évolution de Hugo du catholicisme et du
monarchisme vers une pensée libérale et sociale, vers la compassion pour le
petit peuple, est perceptible dans toute son œuvre, mais c’est dans ses romans
qu’elle apparaît de la façon la plus flagrante. C’est en 1831 qu’est publie le
premier des grands romans historiques de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, qui met en scène un couple devenu mythique,
Quasimodo et Esméralda.
D’emblée, le récit hugolien, quoique pittoresque
et romanesque, prend une orientation très critique : raillant les genres en
vogue, il pose en outre, sur le mode ironique le plus souvent, les problèmes de
l’actualité politique et sociale ou de la misère ouvrière (Claude Gueux, 1834), tout en s’interrogeant sur les moyens par
lesquels le peuple pourrait conquérir le droit a la parole (Notre-Dame de Paris).
Victor Hugo a commencé Les Misérables en 1845 sous le titre Les
Misères. Puis il "les" a abandonné pendant quinze ans. Il
les reprend en 1860, et la première partie du livre paraît le 3 avril 1862. Le
15 mai, publication des deuxièmes et troisièmes parties du roman (immense
succès populaire, la foule s'amasse dès 6 heures du matin devant les grilles
des librairies). Le 30 juin paraissent les deux dernières parties. Dans une lettre
à Lacroix du 23 mars 1862, Victor Hugo écrit : « Ma conviction est que
ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal de mon œuvre ».
Cette œuvre est bâtie en cinq parties et le récit s'organise au tour de Jean
Valjean, ancien forçat, depuis sa sortie de prison en 1815 jusqu'à sa mort, en
1833, dans les bras de Cosette et de Marius. Mais autour de Jean Valjean,
apparaissent aussi les destinées d'autres misérables ; Fantine, ouvrière
obligée de confier Cosette, sa fille, à des inconnus, les Thénardier qui la
traiteront comme un esclave. Marius, qui tombe amoureux de Cosette, et qui
s'engagera sur les barricades lors de l'insurrection de 1832. Gavroche, gamin
de Paris, qui sera tué, en chantant, sur une barricade. Depuis leur parution, Les
Misérables sont l'œuvre la plus célèbre et la plus lue de Victor Hugo. Jean
Valjean, Cosette, Gavroche, font maintenant parti des personnages connus de
tout le monde.
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