Manuel pour les étudiants de la ІІІe année Dossier 2.

GALYNA DRANENKO

Littérature française du XIX° siècle. Lecture analytique


2. Victor Hugo (1802-1885)

Introduction
 Victor Marie Hugo est, historiquement, un enfant de la Révolution française. Ses parents font connaissance en 1796 et se marient l’année suivante. Son père, Léopold Hugo, appartient a une famille d’artisans de Nancy; sa mère, Sophie Trébuchet, est originaire de la bonne bourgeoisie nantaise : Hugo est donc issu de deux milieux très différents. Victor Hugo voit le jour le 26 février 1802 à Besançon. L’enfance de Victor est quelque peu mouvementée, partagée entre Paris et les lieux de mutation de son père, entre l’amant de sa mère (le général Victor Lahorie) et les maîtresses de son père.
Poète, romancier, auteur de théâtre, critique, journaliste, historien, Victor Hugo est sans conteste l'un des géants de la littérature française. Pourtant les critiques à son égard ne manquent pas. André Gide lorsqu'on lui demandait quel était le plus grand poète français, répondait, mi-admiratif, mi-ironique : " Victor Hugo, hélas". Quant à Cocteau il n'hésitait pas, lui non plus, à se moquer : "Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo". Il faut dire que l'auteur des Misérables et des Châtiments a allié à la fois ambition, longévité, puissance de travail et génie, ce qui ne pouvait que concourir à ce mélange de fascination et d'irritation qu'il suscite encore aujourd'hui.
L'ambition tout d'abord. Dès quatorze ans, Victor Hugo n'avait pas peur d'écrire dans son cahier d'écolier : "je veux être Chateaubriand ou rien". Puis plus tard, il adopta cette devise "Ego Hugo" …
La longévité ensuite. Sa vie est un roman peuplé d'événements plus forts les uns que les autres : une enfance de rêve, le mariage controversé avec Adèle Foucher, la bataille d'Hernani, la trahison de son ami Sainte-Beuve, une longue liaison avec la comédienne Juliette Drouet, la noyade de sa fille Léopoldine à Villequier, son combat contre Napoléon III, dix neuf années d'exil : "Je resterai proscrit, voulant rester debout", un retour à Paris qui lui permet d'être député puis sénateur, la folie de sa fille Adèle, la vieillesse paisible et glorieuse avenue d'Eylau et enfin des obsèques nationales suivies par une foule immense qui lui rend hommage en criant "Vive Victor Hugo".
La puissance de travail et le génie enfin. A vingt-cinq ans, il publie, dans la préface de Cromwell un véritable manifeste en faveur du romantisme. A vingt-huit ans, il révolutionne le théâtre et remporte la bataille d'Hernani. A cinquante ans il a le courage d’abandonner une existence confortable pour l’exil, au nom de la résistance à la dictature de Napoléon III. Lors de ce long exil, il abordera tous les thèmes, visitera tous les registres et tous les genres, allant de la fresque homérique au poème intimiste. Victor Hugo parviendra au terme d'une existence de quatre-vingt trois ans à représenter une synthèse vivante de son époque. Il est l'incarnation de la littérature française "dans ce qu'elle a de plus universel aux yeux d'un monde époustouflé par un mélange sans précèdent d'émotion, de virtuosité et de puissance".
Et s'il est un compliment à noter, c'est celui de Baudelaire, qui bien qu'aux antipodes du "monument  Hugo" rendit hommage à l'auteur de La Légende des Siècles : "Quand on se figure ce qu'était la poésie française avant que Victor Hugo apparût et quel rajeunissement elle a subi depuis qu'il est venu; quand on imagine ce peu qu'elle eût été s'il n'était pas venu, combien de sentiments mystérieux et profonds qui ont été exprimés, seraient restés muets; combien d'intelligences il a accouchées, combien d'hommes qui ont rayonné par lui seraient restés obscurs; il est impossible de ne pas le considérer comme un de ces esprits rares et providentiels, qui opèrent, dans l'ordre littéraire, le salut de tous..."

Étude du roman de V. Hugo « Les Misérables »

Approche de l’œuvre : la déchéance de Fantine
Paris, Août 1817. Quatre étudiants, dont un certain Tholomyès, font un bon repas dans un cabaret avec quatre jeunes filles insouciantes, dont l'une, Fantine étonne par sa beauté et sa candeur. Elle vit avec Tholomyès sa première histoire d'amour. Les quatre jeunes hommes ont promis "une surprise". Au dessert, ils s'esquivent pour … ne jamais revenir, annonçant dans la lettre d'explication qu'ils ont laissé, leur retour définitif dans leurs familles en province. Les jeunes filles s'amusent de cette farce, sauf Fantine, la plus jolie, qui est vraiment inquiète. Elle s'était offerte à Tholomyès et attend un enfant de lui.
Printemps 1818. Fantine quitte Paris et porte dans ses bras la petite fille qu'elle a eu de Tholomyès, et pour laquelle elle a tout sacrifié, Cosette. Elle souhaite retourner à Montreuil sur Mer, sa ville natale, où elle espère trouver du travail. En chemin, à Montfermeil, elle fait la connaissance d'un couple d'aubergistes, d'allure plutôt accommodante, les Thénardier. Très vite Cosette joue avec les petites filles des aubergistes. Fantine y voit là un signe du ciel et propose de leur confier quelque temps la garde de Cosette. Les aubergistes acceptent moyennant une pension. Cosette qui n'a que cinq ans se retrouve ainsi prise au piège d'un sinistre couple qui ne tarde pas à en faire sa servante. Tout le pays va désormais surnommer Cosette, "l'alouette", petite esclave en haillons, fragile et tremblante, soumise à la tyrannie de ces abominables aubergistes.
Montreuil de 1818 à 1823. A son arrivée à Montreuil, Fantine découvre que sa ville natale est devenue prospère grâce à un inconnu, arrivé deux ans plus tôt et qui a su relancer et développer l'industrie de la région. Cet homme, M. Madeleine, (nom d'emprunt de Jean Valjean) semble un véritable bienfaiteur : il offre du travail à toutes les personnes honnêtes qui se présentent à sa fabrique, donne des conseils éclairés et multiplie les actes de générosité.
Fantine a trouvé du travail dans les ateliers de M. Madeleine. Mais sa beauté suscite la jalousie de ses collègues qui commencent à l'épier. Elles découvrent que la jeune femme a un enfant naturel, ce qui lui vaut d'être renvoyée par la surveillante. Elle éprouve alors du mépris pour M. Madeleine, qu'elle imagine responsable de ce renvoi. Pour parvenir à payer la pension de Cosette, Fantine est obligée de vendre ses cheveux blonds et aussi ses dents.
Ultime étape de sa déchéance, la prostitution. Un jour d'hiver, Fantine, malade, fait les cent pas sur le trottoir. Un jeune bourgeois, pour se distraire, lui glisse une boule de neige dans le dos. Vexée, Fantine se jette sur l'individu et le frappe. L'inspecteur Javert intervient, arrête la prostituée et lui inflige six mois de prison. M. Madeleine, ému par les malheurs de la jeune fille intervient pour la faire libérer. Lorsqu'il apprend qu'il est indirectement la cause de la déchéance de cette jeune fille, Fantine ayant été chassé de ses ateliers à son insu, il fera tout son possible pour soigner la jeune femme et lui permettre de retrouver son enfant. Il rend de fréquentes visites à Fantine, la fait signer et envoie de l'argent aux Thénardier. Fantine meurt avant d'avoir revu Cosette.

Étude de l’extrait du roman de Victor Hugo « Les Misérables »

FANTINE

Quand Fantine vit qu'elle vivait, elle eut un moment de joie. Vivre honnêtement de son travail, quelle grâce du ciel ! Le goût du travail lui revint vraiment. Elle acheta un miroir, se réjouit d'y regarder sa jeunesse, ses beaux cheveux et ses belles dents, oublia beaucoup de choses, ne songea plus qu'à sa Cosette et à l'avenir possible, et fut presque heureuse. Elle loua une petite chambre et la meubla à crédit sur son travail futur; reste de ses habitudes de désordre.
Ne pouvant pas dire qu'elle était mariée, elle s'était bien gardée, comme nous l'avons déjà fait entrevoir, de parler de sa petite fille.
En ces commencements, on l'a vu, elle payait exactement les Thénardier. Comme elle ne savait que signer, elle était obligée de leur écrire par un écrivain public.
Elle écrivait souvent. Cela fut remarqué. On commença à dire tout bas dans l'atelier des femmes que Fantine "écrivait des lettres" et qu'"elle avait des allures".
Il n'y a rien de tel pour épier les actions des gens que ceux qu'elles ne regardent pas. - Pourquoi ce monsieur ne vient-il jamais qu'à la brune? pourquoi monsieur un tel n'accroche-t-il jamais sa clef au clou le jeudi? pourquoi prend-il toujours les petites rues? pourquoi madame descend-elle toujours de son fiacre avant d'arriver à la maison? pourquoi envoie-t-elle acheter un cahier de papier à lettres, quand elle en a "plein sa papeterie"? etc., etc. - Il existe des êtres qui, pour connaître le mot de ces énigmes, lesquelles leur sont du reste parfaitement indifférentes, dépensent plus d'argent, prodiguent plus de temps, se donnent plus de peine qu'il n'en faudrait pour dix bonnes actions; et cela, gratuitement, pour le plaisir, sans être payés de la curiosité autrement que par la curiosité. Ils suivront celui-ci ou celle-là des jours entiers, feront faction des heures à des coins de rue, sous des portes d'allées, la nuit, par le froid et par la pluie, corrompront des commissionnaires, griseront des cochers de fiacre et des laquais, achèteront une femme de chambre, feront acquisition d'un portier. Pourquoi? pour rien. Pur acharnement de voir, de savoir et de pénétrer. Pure démangeaison de dire. Et souvent ces secrets connus, ces mystères publiés, ces énigmes éclairées du grand jour, entraînent des catastrophes, des duels, des faillites, des familles ruinées, des existences brisées, à la grande joie de ceux qui ont "tout découvert" sans intérêt et par pur instinct. Chose triste.
Certaines personnes sont méchantes uniquement par besoin de parler. Leur conversation, causerie dans le salon, bavardage dans l'antichambre, est comme ces cheminées qui usent vite le bois; il leur faut beaucoup de combustible; et le combustible, c'est le prochain.
On observa donc Fantine.
Avec cela, plus d'une était jalouse de ses cheveux blonds et de ses dents blanches.
On constata que dans l'atelier, au milieu des autres, elle se détournait souvent pour essuyer une larme. C'étaient les moments où elle songeait à son enfant; peut-être aussi à l'homme qu'elle avait aimé.
C'est un douloureux labeur que la rupture des sombres attaches du passé.
On constata qu'elle écrivait, au moins deux fois par mois, toujours à la même adresse, et qu'elle affranchissait la lettre. On parvint à se procurer l'adresse : Monsieur, Monsieur Thénardier, aubergiste, à Montfermeil. On fit jaser au cabaret l'écrivain public, vieux bonhomme qui ne pouvait pas emplir son estomac de vin rouge sans vider sa poche aux secrets. Bref, on sut que Fantine avait un enfant. "Ce devait être une espèce de fille." Il se trouva une commère qui fit le voyage de Montfermeil, parla aux Thénardier, et dit à son retour : "Pour mes trente-cinq francs, j'en ai eu le cœur net. J'ai vu l'enfant !"
La commère qui fit cela était une gorgone appelée madame Victurnien, gardienne et portière de la vertu de tout le monde. Madame Victurnien avait cinquante-six ans, et doublait le masque de la laideur du masque de la vieillesse. Voix chevrotante, esprit capricant. Cette vieille femme avait été jeune, chose étonnante. Dans sa jeunesse, en plein 93, elle avait épousé un moine échappé du cloître en bonnet rouge et passé des bernardins aux jacobins. Elle était sèche, rêche, revêche, pointue, épineuse, presque venimeuse; tout en se souvenant de son moine dont elle était veuve, et qui l'avait fort domptée et pliée. C'était l'ortie, où était vu le froissement du froc. A la restauration, elle s'était faite bigote, et si énergiquement que les prêtres lui avaient pardonné son moine. Elle avait un petit bien qu'elle léguait bruyamment à une communauté religieuse. Elle était fort bien vue à l'évêché d'Arras. Cette madame Victurnien donc alla à Montfermeil, et revint en disant : J'ai vu l'enfant.
Tout cela prit du temps. Fantine était depuis plus d'un an à la fabrique, lorsqu'un matin la surveillante de l'atelier lui remit, de la part de M. le maire, cinquante francs, en lui disant qu'elle ne faisait plus partie de l'atelier et en l'engageant, de la part de M. le maire, à quitter le pays.
C'était précisément dans ce même mois que les Thénardier, après avoir demandé douze francs au lieu de six, venaient d'exiger quinze francs au lieu de douze.
Fantine fut atterrée. Elle ne pouvait s'en aller du pays, elle devait son loyer et ses meubles. Cinquante francs ne suffisaient pas pour acquitter cette dette. Elle balbutia quelques mots suppliants. La surveillante lui signifia qu'elle eût à sortir sur-le-champ de l'atelier. Fantine n'était du reste qu'une ouvrière médiocre. Accablée de honte plus encore que de désespoir, elle quitta l'atelier et rentra dans sa chambre. Sa faute était donc maintenant connue de tous !
Elle ne se sentit plus la force de dire un mot. On lui conseilla de voir M. le maire; elle n'osa pas. M. le maire lui donnait cinquante francs, parce qu'il était bon, et la chassait, parce qu'il était juste. Elle plia sous cet arrêt.

Fiche de vocabulaire

Mots
Explications, exemples d’emploi
Synonymes
Antonymes
En ukrainien
vivre
Disposer des moyens matériels qui permettent de subsister.
gagner sa vie

заробляти собі на життя
goût de, pour qch
 Il a peu de goût pour ce genre de travail. Avoir un goût très vif, un goût passionné pour qqch.
amour, disposition, vocation

любов, інтерес
se réjouir
Éprouver de la joie, de la satisfaction.
Je me réjouis de votre succès.
se féliciter,
être heureux de
regretter
радіти, втішатися
à credit
Sans exiger de paiement immédiat (opposé à au comptant).
s'endetter

в позику
se garder de f. qch
Prendre garde à.
« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage »
se défier, se méfier, se préserver

уникати,
оминати
entrevoir
Voir à demi (indistinctement ou trop rapidement).
apercevoir, comprendre, découvrir
ignorer
неясно передбачати, бачити побіжно
payer
exactement
Il paye très exactement aux échéances.
ponctuellement, régulièrement

сплачувати раз у раз
avoir des allures
Manière de se comporter.
 Il a une grande liberté d'allures.
attitude, comportement, façon

мати замашки
„мати амурні походеньки”
épier
 Observer attentivement pour découvrir qqch.
espionner

вистежувати, підстерігати
regarder qch
Avoir rapport à.
Ce qui regarde qqn, ce dont il peut s'occuper, se mêler à bon droit.
Cela ne vous regarde pas, mêlez-vous de vos affaires.
concerner, intéresser, toucher

стосуватися
prodiquer
Accorder, distribuer généreusement, employer sans parcimonie.
Prodiguer son énergie, son talent.
dépenser, déployer
économiser
витрачати, марнувати, гаяти (час)
curiosité (f)
Désir de connaître les secrets, les affaires d'autrui.
Loc. prov. La curiosité est un vilain défaut.
indiscrétion
indifférence,
discrétion, réserve
цікавість, допитливість, інтерес
méchant
Qui fait délibérément du mal ou cherche à en faire, le plus souvent de façon ouverte et agressive
 Une personne méchante : sale bête, démon, diable, garce, harpie, mégère, peau de vache, peste, poison, sorcière, suppôt de Satan, teigne, vache, vipère.
cruel, dur, malfaisant, malintentionné, malveillant, sans-cœur.
Méchante langue : acerbe, acrimonieux; mauvais, médisant.
gentil, humain, inoffensif
злосливий,
злісний, жовчний, лихий

Злий язик

combustible (m)
Qui a la propriété de brûler.


пальне, дрова
prochain (m)
Personne, être humain considéré comme un semblable. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (ÉVANGILE).
L'amour du prochain.
Dire du mal, du bien de son prochain.
semblable, autrui

ближній
labeur (m)
Littér. ou région. Travail pénible et soutenu.
Dur, pénible, patient labeur.
besogne, travail

праця, труд, процес
rupture (f)
fig. Changement grave et soudain dans l'état des choses.


різка зміна, розрив
attache (f)
 Au plur. Rapports affectifs, relations d'habitude qui lient à qqn ou à qqch. Conserver des attaches avec son pays natal.
lien,
 relation

прив’язь, прив’язок, нитки
sombre
D'une tristesse tragique ou menaçante.
L'avenir est sombre.
 sinistre, tragique
gai,
joyeux
похмурий, понурий, сумний
jaser
 1.Vieilli Babiller sans arrêt pour le plaisir de parler.
Parler avec indiscrétion de ce qu'on devrait taire.
2.Faire des commentaires plus ou moins désobligeants et médisants. Jaser de, sur qqn, qqch. On commence à jaser dans le village.
bavarder, caqueter, causer,




médire

базікати, пащекувати, стрекотати, роздзвонити,
розбовкувати,
розбріхувати,
марнословити
emplir
 Vieilli ou littér. Remplir.
combler

наповнити, залити
commère (f)
Mod. Femme qui sait et colporte toutes les nouvelles. Les commères du quartier.
bavard

балакуха,
побрехуха, стрекотуха

commérage (m)
Fam. Propos de commère : bavardage, cancan, clabaudage, médisance, potin, ragot.

плітки, роговори, пересуди, поголос
en avoir le coeur net
Etre éclairé sur ce point.


все розізнати
gorgone (m)
 Myth. Monstre mythologique à la chevelure de serpents et au regard pétrifiant.
La Gorgone.
méchante

Ґорґона, мегера, гарпія, злюка, лиха жінка
vertu (f)
 Vieilli Force avec laquelle l'homme tend au bien; force morale appliquée à suivre la règle, la loi morale définie par la religion et la société.
 Vieilli ou plaisant Chasteté ou fidélité sentimentale, conjugale (d'une femme).
la morale




honnêteté
défaut, vice, immoralité, imperfection
доброчесність, чеснота, цнотливість
masque (m)
Fig. Dehors trompeur. Sa douceur n'est qu'un masque.
Aspect, modelé du visage. Avoir un masque impénétrable, un masque de tristesse.
apparence, extérieur, physionomie,
air, expression

маска, личина, вигляд обличчя
laideur (f)
1.Caractère, état de ce qui est laid (au physique). Être d'une laideur affreuse, monstrueuse. La laideur de Socrate, de Mirabeau, de Quasimodo.
2. Au moral La laideur d'une action.
difformité, disgrâce, hideur,

bassesse,turpitude, vilenie

потворність
chevrotant
Qui chevrote. Voix chevrotante, tremblante et cassée (rauque).

assuré
тремтячий
capricant
Inégal, saccadé, sautillant.


кривий, нерівний, поривчастий
esprit (m)
Ensemble des dispositions, des faзons d'agir habituelles. Avoir l'esprit aventurier, belliqueux, changeant, retors. AVOIR BON, MAUVAIS ESPRIT : être bienveillant, coopératif, confiant; être malveillant, rebelle, méfiant.
caractére

вдача
sec
Qui a peu de graisse, qui est peu charnu. « Elle était devenue plus maigre, jaune et sèche qu'un poisson fumé » (Maupassant).
maigre

худющий
rêche
 Fig. Rude de caractère; difficile à vivre.
rétif, revêche

незлагідний, упертий
revêche
Qui est d'un abord difficile, qui manifeste un mauvais caractère. « Mme Loiseau, qui avait une âme de gendarme, resta revêche, parlant peu » (Maupassant).
acariâtre,
rébarbatif
avenant, doux
незговірливий, непривітний
pointu
 Fig. Très pointilleux, susceptible. Esprit, caractère pointu.
désagréable, sec

гострий, уїдливий, дошкульний
épineux
Qui est hérissé d'épines, de piquants, ou dont les productions (feuilles, branches, etc.) piquent. Arbuste épineux.


колючий, в'їдливий, доткливий, ядушливий,
venimeux
Qui a de la haine, de la méchanceté.
 Langue venimeuse : mauvaise langue (Langue de vipère).
Une haine vivace et venimeuse.
haineux, perfide,
empoisonné, méchant

отруйний, вадкий, злісний
dompter
1.Réduire à l'obéissance (un animal sauvage, dangereux).
2.Soumettre à son autorité.
Dompter des rebelles, des insoumis.

apprivoiser, dresser, asservir,
dominer, maîtriser, soumettre, vaincre

усмиряти,
втихомирювати,
упокорювати, приборкувати

plier
Suivre, s'adapter par force. Se plier aux volontés de qqn.
Céder, faiblir. Rien ne le fera plier.
céder, se soumettre, obéir, mollir
résister
коритися, примирятися
ortie (f)
Plante dont les feuilles sont couvertes de poils fins qui renferment un liquide irritant. Piqûre d'ortie. Soupe aux orties. Fam. Faut pas pousser grand-mиre dans les orties : il ne faut pas exagérer
Jeter le froc (habit monacal) aux orties : quitter les ordres.
кропива, жалива
Покинути монашу службу
bigot
Qui manifeste une dévotion outrée et étroite.
bondieusard, calotin, cul-bénit, dévot

святоша, фарисей
engager
Attacher à son service, prendre à gages. L'hôtel a engagé un nouveau portier. Engager qqn comme chauffeur.
embaucher

брати на роботу
atterrer
Vx Jeter dans l'abattement, la consternation.. Ça m'atterre.
Elle était atterrée par cette nouvelle
abattre, accabler, désoler, stupéfier

прибити, приголомшити
acquitter la dette
Payer (ce qu'on doit).
régler

розрахуватися з боргами
balbutier
S'exprimer confusément ou maladroitement.


мурмотіти, лепетати, белькотати
suppliant
Qui exprime la supplication. Air, regard suppliant. Attitude, voix suppliante.
implorant

благаючий,
заклинальний
sur-le-champs
 Sans délai, sur l'heure. Partir sur-le-champ. La question fut réglée sur-le-champ.
aussitôt, immédiatement

терміново,
швидко, на місці
médiocre
Qui a peu de capacité, ne dépasse pas ou même n'atteint pas la moyenne. Esprit médiocre. Élève médiocre en français.
inférieur

faible
 bon, excellent, parfait, supérieur
середній,
третьорядний

arrêt (m)
1. Décision d'une cour souveraine ou d'une haute juridiction. Arrêt de la cour d'appel, de la cour d'assises, du Conseil d'État.
2.Fig. (Vx ou littér.) Les arrêts du destin, de la Providence.
jugement, arrêté, 

décret

вирок, присуд, рішення, ведикт

Compréhension de l’extrait « Fantine »
1. Lisez et traduisez l’extrait.

2. Schéma narratif du texte. Divisez le texte en séquences narratives en remplissant la grille :

séquence
résumé
lignes
1.    Situation initiale
Fantine trouve un travail.
1-7
2.    Élément modificateur
Le secret de Fantine.

3.    Péripéties
Le secret de Fantine fait objet du commérage.

4.    Dénouement
Le secret de Fantine est dévoilé.

5.    Situation finale
Fantine est renvoyée.


3. Contenu de l’extrait « Fantine »
Séquence 1.
·      Pourquoi Fantine ressent-elle de la joie ?
·      Expliquez pourquoi l’auteur insiste sur la description de ses cheveux et de ses dents ?
·      Développez les idées du texte « oublia beaucoup de choses » (l.4) et « reste de ses habitudes de désordre » (l.6).


Séquence 2.
·      En quoi consiste le secret de Fantine ?
·      Pourquoi cachait-elle cette partie de sa vie ?
Séquence 3.
·      Comment le secret de Fantine est-il remarqué ?
·      Repérez la part du discours de la séquence. Formulez en quoi consiste la méchanceté de la curiosité ?
·      Quelle est la vraie cause du commérage autour de Fantine ?
Séquence 4.
·      Comment le secret est-il dévoilé dans l’atelier ?
·      Quel rôle y a joué Madame Victurnien ?
·      En quoi consiste la brutalité de l’acte de Madame Victurnien ?
Séquence 5.
·      Quelle était la réaction de Fantine à l’annonce de la surveillante ?
·      Quels sentiments éprouvait-elle ?
·      Pourquoi le renvoi du travail était douloureux pour Fantine ?

4. Antithèse comme macrostructure. Remplissez la grille en repérant les caractéristiques de deux personnages principaux de l’extrait (citations du texte) :

Caractéristiques
Fantine
Madame Victurnien
La classe d’âge
Jeune :
l.3 se réjouit d'y regarder sa jeunesse ;
Vieille :
l.58 avait cinquante-six ans ;
L’aspect physique
Belle :
Laide :
La situation de famille
Célibataire :
Veuve :
La situation dans le groupe
Isolée :
Intégrée :
La situation sociale
Pauvre :
Aisée :
L’attitude
Passive :
Active :
L’aspect moral
Anodine :
Méchante :
Le comportement
Victime :
Bourreau :
Les traits du caractère
à énumérer
à énumérer

ANALYSE STYLISTIQUE DU TEXTE

LA FORME de l’extrait « Fantine »
Étude du vocabulaire
1. Complétez le champ lexical de la curiosité. Expliquez cette notion en employant les mots repérés.
2. Contexte historique. L’extrait contient le lexique qui renvoie à des événements historiques. Trouvez dans le texte ces réalités expliquez-les en vous servant des manuels d’histoire. Par exemple :
¨    l.61 « en plein 93 » : 1793 – année de la Révolution française (époque de la Terreur et des poursuites).

Étude des figures de style
La métaphore est une figure qui consiste à désigner un objet ou une idée par un mot qui convient pour un autre objet ou une autre idée liés aux précédents par une analogie entre le comparé et le comparant. La métaphore fusionne donc en un seul les deux termes de la comparaison.
La métaphore accumule plusieurs significations : une part du sens dénoté du comparé + sens dénoté du comparant + connotation(s) du comparant + connotation(s) venue(s) du contexte.
Lorsqu'une métaphore se prolonge sur plusieurs termes, on parle d'une métaphore filée.
Effet créé : lors de la substitution d’un secteur du réel par un autre de multiples connotation naissent.
Exemple d’analyse d’une métaphore filée :
l. 37-39 « Leur conversation, causerie dans le salon, bavardage dans l'antichambre, est comme ces cheminées qui usent vite le bois; il leur faut beaucoup de combustible; et le combustible, c'est le prochain.»
1/ Mise en relief de relations analogiques : conversation, causerie, bavardage = cheminées ; le prochain = bois, combustible.
2/ Analyse de composantes de la métaphore filée, par exemple :
 « le combustible, c’est le prochain » – la désignation du prochain par le mot combustible se fait sur l’analogie avec la matière qui produit de l’énergie, de la chaleur (qui réchauffe la curiosité). Effet de style : les objets de la curiosité brûlent (sont détruits) comme le combustible. Ainsi le commérage peut détruire des vies humaines.
Exercice. Repérez d’autres métaphores dans l’extrait « Fantine » et expliquez leurs effets de style.

·      Accumulation
C’est une suite de mots ou de groupes de mots de la même nature grammaticale.
Effet créé : l'accumulation donne l’impression d’un excès d’objets, d’actions, de propriétés.
Exemple d’analyse d’une accumulation :
l.32 « ces secrets connus, ces mystères publiés, ces énigmes éclairées du grand jour» – l’abondance de synonymes rend la description animée et frappante.  Effet créé : l’accumulation amplifie les dégâts de la curiosité.
Exercice. Repérez d’autres accumulations dans l’extrait et expliquez leurs effets de style.

·      Gradation
La gradation est une succession ordonnée de termes de sens voisins. C’est une accumulation selon une progression vectorisée. La gradation peut être ascendante (termes de plus en plus forts) ou descendante (c'est l'inverse).
Effets créés : la gradation donne l’impression d’un allongement, d’une amplification. Elle apporte l’attente d’un mot le plus fort ou le plus faible, l’idée d’un ordre crescendo ou decrescendo.
Exemple d’analyse d’une gradation :
l. 63-64 « Elle était sèche, rêche, revêche, pointue, épineuse, presque venimeuse » – c’est une gradation ascendante : on fait se suivre dans une même phrase des termes de plus en plus forts. Effet créé : amplification de l’aspect désagréable du caractère du personnage.
Exercice. Repérez d’autres gradations dans l’extrait et expliquez leurs effets de style.

·      Allitération
L'allitération est une répétition dans la même phrase des consonnes qui semblent être multipliées.
Effet créé : individuel par rapport à la consonne répétée.
Exemple d’analyse d’une allitération :
l. 63 « sèche, rêche, revêche » - la répétition de la consonne [ ] crée l’impression du sifflement d’un serpent (allusion aux serpents sur la tête d’une gorgone). Effet créé : le renforcement de l’aspect méchant du caractère du personnage.
Exercice. Repérez d’autres allitérations dans l’extrait et expliquez leurs effets de style.

LE SENS de l’extrait « Fantine »

1. Résumez l’histoire de l’extrait.
2. Présentez le personnage de Fantine. Personnifie-t-elle « les misérables »?
3. Présentez le personnage de Madame Victurnien. Quelles sont les motivations de son action ?
4. Montrez comment le récit représente le thème de la curiosité.
5. Quelle est la morale de l’extrait ?

Exercices de lexique

1. Formez des substantifs à partir des adjectifs et verbes suivants:
venimeux ; remettre ; acheter ; prodiguer ; épineux ; signer ; rompre ; méchant; user ; médiocre.

2. Remplacez les points par les prépositions qui conviennent ou supprimez les points :
1. Mme Victurnien était jalouse... la beauté et... la jeu­nesse... Fantine.
2. Elle se réjouissait... pouvoir acheter une jolie robe... sa fillette.
3. Je ne parviens pas... faire ce travail.
4. Grâce... son sang-froid il réussit... échapper... la prison.
5. C'est en vain qu'il l'engageait... travailler.
6. Après avoir rempli son estomac devin rouge, l'écrivain public consentit... dévoiler le secret de Fantine.
7. Après de longues hésitations Fantine se décida... prier la surveillante... lui permettre... rester... l'atelier.

3. Trouvez le sens des expressions avec le mot « cheveu ».
o   Couper les cheveux en quatre.
o   Arriver, tomber, venir comme un cheveu sur la soupe.
o   Faire dresser les cheveux sur la tête à qqn.
o   Se prendre aux cheveux.
o   S'arracher les cheveux.       

4. Trouvez les expressions avec le mot « ciel » qui signifient :
o   Il faut faire des efforts avant de compter sur la chance.
o   Être dans le ravissement, au comble du bonheur.
o   Dans un autre pays, ailleurs.
o   Arriver heureusement à l'improviste. 

5. Donnez les synonymes des mots et des expressions suivants :
allégresse f ; envier qn ; bavarder ; être heureux de qch ; rétif ; établir ; payer une lettre ; travail m ; faire connaître ; payer une dette ; rébarbatif.

6. Donnez les antonymes des mots suivants et faites-les entrer dans des phrases:
net ; médiocre ; revêche ; plaisir ; honnête ; vertu
Par exemple : Je veux une réponse nette. Sa réponse est incertaine.

7. Trouvez les acceptions de l'adjectif « méchant ». Traduisez-le dans les expressions suivantes, faites attention à la place de cet adjectif :
Un méchant livre. Méchante humeur. Une méchante faim. Un homme méchant. Méchante langue. Méchant garçon! Chien méchant. Un sourire méchant. Une méchante grippe.

8. Quelle est la signification du verbe « affranchir » dans le groupe de mots «affranchir une lettre»? Quelles autres significations de ce verbe connaissez-vous ?

9. Citez le sens propre et le sens figuré des mots « rupture » et « attache » dans quels sens sont-ils employés dans le texte ?

10. Blanc. Comment dire en ukrainien ?
Examen blanc. Mariage blanc. Nuit blanche. Faire chou blanc. Page blanche. Donner carte blanche à qqn.

11. Formez des phrases avec les expressions et les mots suivants :
une voix chevrotante ; acquitter une dette; engager qn à faire qch ; être atterré ; avoir le goût du travail ; à crédit ; se garder de faire qch ; être jaloux de ; faire partie de ; en avoir le cœur net.

12. Traduizes en français :
        1. Є люди, які завжди цікавляться вчинками і життям своїх сусідів. Їм потрібно все знати: чому той прогулюється тільки на смерканні, чому та завжди посилає за поштовою бумагою і пише багато листів. 2. Боячись бути звільненою через своє минуле, Фантіна уникала розповідати кому-небуть про свою донечку. 3. Одна з балакух повідомила наглядачці, що Фантіна дуже часто пише листи якомусь Тенардьє, до того ж вона завжди їх оплачує. 4. Пані Віктюрньєн сварлива і ущиплива особа, яка ненавиділа Фантіну, вирішила поїхати в Монтфермейль щоб розвідати про все. 5. Пригнічена відчаєм і соромом, вся в сльозах, Фантіна покинула місто і пішла в світ за очі. 6. В молодості вона була одружена із монахом, який втік з монастиря. Це був сильний юнак, який зумів її підкорити (приборкати) і зломити. 7. Важко повірити, що лиха, незлагідна і вперта пані Віктюрньєн була колись молодою жінкою. 8. Коли наглядачка повідомила Фантіні від імені пана мера, що вона звільнена з майстерні, бідолашна була приголомшена цим ударом. 9. Звільнення з роботи глибоко засмутило Фантіну, їй було шкода розлучатися із своєю кімнаткою, яку вона обмеблювала в кредит. 10. Ідучи з майстерні, Фантіна отримала 50 франків, однак цих грошей не вистачало на сплату боргів, вона винна була за квартиру і за меблі.

13. Thème :
 Існують особи, які, задля того, щоб знайти розгадку цих загадок, власне кажучи, зовсім їм байдужих, витрачають більше грошей, марнують більше часу, роблять більше зусиль, ніж це могло б знадобитися на десяток хороших справ; і все це безкорисливо, через любов до мистецтва, отримуючи в нагороду за свою допитливість тільки задоволення від самої допитливості і нічого більше. Вони готові стежити за якоюсь жінкою і за якимось чоловіком цілими днями, годинами простоювати на роздоріжжях, в підїздах, вночі, в холод і дощ, підкупляти посланців, підпоювати візників і лакеїв, задарювати покоївку, давати на чай воротарю. Для чого? Та просто так. Через жагуче бажання побачити, дізнатись, розкопати. Через нездоланну потребу розбазікати. Досить часто ці розкриті секрети, оприлюднені таємниці, ці розгадані загадки спричинюють катастрофи, дуелі, банкрутства, руйнують цілі сім’ї, розбивають життя, для великого задоволення того, хто “розкрив все” без будь-якої користі для себе, корячись лише інстинкту. І все це дуже сумно.  




TEXTE COMPLÉMENTAIRE
Succès de madame Victurnien

La veuve du moine fut donc bonne à quelque chose.
Du reste, M. Madeleine n'avait rien su de tout cela. Ce sont là de ces combinaisons d'événements dont la vie est pleine. M. Madeleine avait pour habitude de n'entrer presque jamais dans l'atelier des femmes. Il avait mis à la tête de cet atelier une vieille fille, que le curé lui avait donnée, et il avait toute confiance dans cette surveillante, personne vraiment respectable, ferme, équitable, intègre, remplie de la charité qui consiste à donner, mais n'ayant pas au même degré la charité qui consiste à comprendre et à pardonner. M. Madeleine se remettait de tout sur elle. Les meilleurs hommes sont souvent forcés de déléguer leur autorité. C'est dans cette pleine puissance et avec la conviction qu'elle faisait bien, que la surveillante avait instruit le procès, jugé, condamné et exécuté Fantine.
Quant aux cinquante francs, elle les avait donnés sur une somme que M. Madeleine lui confiait pour aumônes et secours aux ouvrières et dont elle ne rendait pas compte.
Fantine s'offrit comme servante dans le pays; elle alla d'une maison à l'autre. Personne ne voulut d'elle. Elle n'avait pu quitter la ville. Le marchand fripier auquel elle devait ses meubles, quels meubles ! lui avait dit : "Si vous vous en allez, je vous fais arrêter comme voleuse." Le propriétaire auquel elle devait son loyer, lui avait dit : "Vous êtes jeune et jolie, vous pouvez payer." Elle partagea les cinquante francs entre le propriétaire et le fripier, rendit au marchand les trois quarts de son mobilier, ne garda que le nécessaire, et se trouva sans travail, sans état, n'ayant plus que son lit, et devant encore environ cent francs.
Elle se mit à coudre de grosses chemises pour les soldats de la garnison, et gagnait douze sous par jour. Sa fille lui en coûtait dix. C'est en ce moment qu'elle commença à mal payer les Thénardier.
Cependant une vieille femme qui lui allumait sa chandelle quand elle rentrait le soir, lui enseigna l'art de vivre dans la misère. Derrière vivre de peu, il y a vivre de rien. Ce sont deux chambres; la première est obscure, la seconde est noire.
Fantine apprit comment on se passe tout à fait de feu en hiver, comment on renonce à un oiseau qui vous mange un liard de millet tous les deux jours, comment on fait de son jupon sa couverture et de sa couverture son jupon, comment on ménage sa chandelle en prenant son repas à la lumière de la fenêtre d'en face. On ne sait pas tout ce que certains êtres faibles, qui ont vieilli dans le dénûment et l'honnêteté, savent tirer d'un sou. Cela finit par être un talent. Fantine acquit ce sublime talent et reprit un peu de courage.
A cette époque, elle disait à une voisine : – Bah ! je me dis : en ne dormant que cinq heures et en travaillant tout le reste à mes coutures, je parviendrai bien toujours à gagner à peu près du pain. Et puis, quand on est triste, on mange moins. Eh bien ! des souffrances, des inquiétudes, un peu de pain d'un côté, des chagrins de l'autre, tout cela me nourrira.
Dans cette détresse, avoir sa petite fille eût été un étrange bonheur. Elle songea à la faire venir. Mais quoi ! lui faire partager son dénûment ! Et puis, elle devait aux Thénardier ! comment s'acquitter ? Et le voyage ! comment le payer ?
La vieille qui lui avait donné ce qu'on pourrait appeler des leçons de vie indigente était une sainte fille nommée Marguerite, dévote de la bonne dévotion, pauvre, et charitable pour les pauvres et même pour les riches, sachant tout juste assez écrire pour signer Margeritte, et croyant en Dieu, ce qui est la science.
Il y a beaucoup de ces vertus-là en bas; un jour elles seront en haut. Cette vie a un lendemain.
Dans les premiers temps, Fantine avait été si honteuse qu'elle n'avait pas osé sortir.
Quand elle était dans la rue, elle devinait qu'on se retournait derrière elle et qu'on la montrait du doigt; tout le monde la regardait et personne ne la saluait; le mépris âcre et froid des passants lui pénétrait dans la chair et dans l'âme comme une bise.
Dans les petites villes, il semble qu'une malheureuse soit nue sous les sarcasmes et la curiosité de tous. A Paris, du moins, personne ne vous connaît, et cette obscurité est un vêtement. Oh ! comme elle eût souhaité venir à Paris ! Impossible.
Il fallut bien s'accoutumer à la déconsidération, comme elle s'était accoutumée à l'indigence. Peu à peu elle en prit son parti. Après deux ou trois mois elle secoua la honte et se remit à sortir comme si de rien n'était.
– Cela m'est bien égal, dit-elle.
Elle alla et vint, la tête haute, avec un sourire amer, et sentit qu'elle devenait effrontée.
Madame Victurnien quelquefois la voyait passer de sa fenêtre, remarquait la détresse de "cette créature", grâce à elle "remise à sa place", et se félicitait. Les méchants ont un bonheur noir.
L'excès du travail fatiguait Fantine, et la petite toux sèche qu'elle avait augmenta. Elle disait quelquefois à sa voisine Marguerite : "Tâtez donc comme mes mains sont chaudes."
Cependant le matin, quand elle peignait avec un vieux peigne cassé ses beaux cheveux qui ruisselaient comme de la soie floche, elle avait une minute de coquetterie heureuse.
¨    Lisez la suite de l’histoire et complétez la grille sur les personnages de Fantine et Madame Victurnien (à la page 54).

Bilan
L’œuvre romanesque de Victor Hugo
L’évolution de Hugo du catholicisme et du monarchisme vers une pensée libérale et sociale, vers la compassion pour le petit peuple, est perceptible dans toute son œuvre, mais c’est dans ses romans qu’elle apparaît de la façon la plus flagrante. C’est en 1831 qu’est publie le premier des grands romans historiques de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, qui met en scène un couple devenu mythique, Quasimodo et Esméralda.
D’emblée, le récit hugolien, quoique pittoresque et romanesque, prend une orientation très critique : raillant les genres en vogue, il pose en outre, sur le mode ironique le plus souvent, les problèmes de l’actualité politique et sociale ou de la misère ouvrière (Claude Gueux, 1834), tout en s’interrogeant sur les moyens par lesquels le peuple pourrait conquérir le droit a la parole (Notre-Dame de Paris).


Victor Hugo a commencé Les Misérables en 1845 sous le titre Les Misères. Puis il "les" a abandonné pendant quinze ans. Il les reprend en 1860, et la première partie du livre paraît le 3 avril 1862. Le 15 mai, publication des deuxièmes et troisièmes parties du roman (immense succès populaire, la foule s'amasse dès 6 heures du matin devant les grilles des librairies). Le 30 juin paraissent les deux dernières parties. Dans une lettre à Lacroix du 23 mars 1862, Victor Hugo écrit : « Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal de mon œuvre ». Cette œuvre est bâtie en cinq parties et le récit s'organise au tour de Jean Valjean, ancien forçat, depuis sa sortie de prison en 1815 jusqu'à sa mort, en 1833, dans les bras de Cosette et de Marius. Mais autour de Jean Valjean, apparaissent aussi les destinées d'autres misérables ; Fantine, ouvrière obligée de confier Cosette, sa fille, à des inconnus, les Thénardier qui la traiteront comme un esclave. Marius, qui tombe amoureux de Cosette, et qui s'engagera sur les barricades lors de l'insurrection de 1832. Gavroche, gamin de Paris, qui sera tué, en chantant, sur une barricade. Depuis leur parution, Les Misérables sont l'œuvre la plus célèbre et la plus lue de Victor Hugo. Jean Valjean, Cosette, Gavroche, font maintenant parti des personnages connus de tout le monde.

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