Manuel pour les étudiants de la IVe année Dossier 1.

Littérature française du XXe siècle = Французька література ХХ століття: У 2 ч.  / Укл. Г.Ф. Драненко,  О.О. Матвєєва. – Чернівці: Рута, 2007. – Частина 1. –  88 с.

DOSSIER 1.   MARCEL PAGNOL  (1895-1974)



Sa vie et son œuvre
Marcel Pagnol est né le 28 février 1895 à Aubagne (Provence) où son père Joseph était instituteur et sa mère, Augustine, couturière. Après lui viendront Paul, la petite sœur  Germaine et René (immortalisés dans "La gloire de mon père"). Marcel Pagnol a une enfance très heureuse jusqu'à la mort de sa mère, en 1910, à 37 ans. Il fait de brillantes études littéraires avant d'être nommé professeur d'Anglais au lycée Condorcet à Paris. Mais loin de son pays natal, il s'ennuie et décide de quitter l'enseignement pour se consacrer à l'écriture.
Le succès vient vite avec la pièce de théâtre "Topaze" (1928). Suivra la célèbre trilogie: "Marius", "Fanny", "César", qui sera un véritable triomphe.
Ce n'est pas а une intrigue que Pagnol s'intéresse ni prétend intéresser son public. Elle n'est qu'un support, un moyen de placer en situation des personnages profondément attachants et qui, bien qu'ils soient aussi typés que des santons de Provence, semblent être passés directement de la rue aux tréteaux tant la vie les habite.
Les scènes ont rarement une fonction purement dramatique, mais offrent plutôt l'occasion d'un dialogue naturel, drôle, où perce une grande sympathie pour des êtres aussi simples que désintéressés. Pagnol ne renonce jamais au plaisir du dialogue, du trait ou même de la «bonne histoire», quitte à ralentir une action qui s'en accommode fort bien. La psychologie n'y perd rien non plus, car elle passe par les mots plus que par les actes. Dans ce langage coloré s'exprime une vérité humaine où l'auteur donne le meilleur de lui-même et qui le fait échapper à la facilité.
Le théâtre de Pagnol est un théâtre populaire. Il met en scène des gens du peuple et s'adresse à des gens du peuple. Mais, à moins de bouder son plaisir, tous les publics s'y retrouvent, car le rire et l'émotion, quand ils se transmettent avec autant de spontanéité, deviennent vite des valeurs communes, sur lesquelles le temps reste sans prise.
En 1933, Marcel Pagnol revient à Marseille où il monte des studios de cinéma pour y tourner ses films en plein air. En 1946, il est élu à l'Académie Française. En 1957, il entame sa deuxième trilogie: "La gloire de mon père" (1957), "Le château de ma mère" (portés à l'écran par Yves Robert en 1989) et "Le temps des secrets" (1961). Outre de nombreuses pièces de théâtre, Marcel Pagnol écrit en prose: "L'eau des collines" dont Claude Berri adaptera deux films (Jean de Florette et Manon des Sources). On doit encore à Marcel Pagnol la traduction de deux œuvres de Shakespeare. Il consacre les dix dernières années de sa vie à une enquête historique sur le "secret du masque de fer". Il meurt à Paris le 18 avril 1974 à l'âge de 79 ans.  Sur sa tombe, on peut lire une épitaphe empruntée à Virgile: "Il a aimé les sources, ses amis, sa femme."
(pour en savoir plus → http://www.marcel-pagnol.com/ )

Particularités littéraires du texte théâtral
Le théâtre c'est la représentation, la mise en scène d'un message plus ou moins vague pour le communiquer de façon plus tangible, visuelle. Le théâtre, c'est l'illustration d'un texte au même titre que les images ou les dessins. Il implique que l'on "en rajoute", qu' on joue la comédie, pour faire croire que le faux (tout ou ce qui a été rajouté) est vrai. C'est l'art du mensonge. Le théâtre c'est la métamorphose d'un "texte" en "rôle".
C'est la présence d'un public qui va entendre le texte et voir son illustration à l'aide d'un langage particulier (la scénographie), langage du corps (voix, gestes, costumes, maquillages), des éclairages, des sons, du décor avec la conscience que bien jouer c'est bien lui mentir. C'est l'art du protocole, de la parade, du maquillage. L'acte de communication implique tout le temps une théâtralisation: tout est théâtre.
La pièce du théâtre traditionnel c'est:
1) un texte découpé en scènes et actes. La scène est délimitée par l'entrée ou la sortie d'un personnage. L'acte correspond au chapitre.
2) un dialogue, donc des répliques (stichomythie, tirade) fait avancer l'action.
3) des didascalies indiquant le jeu, le décor etc. et dont la présence appelle une représentation du texte (le dramaturge écrit pour être joué).
4) des personnages ou personnes ayant une psychologie, un caractère.
5) la possibilité pour le spectateur de s'identifier à un personnage et d'éprouver des émotions.
6) une vraisemblance de situation.
7) une intrigue, c'est-à-dire une tension, qui évolue à travers des affrontements créés par les rencontres des personnages.
8) un schéma narratif supposant une situation initiale et une situation finale: on parle d'acte d'exposition et de dénouement.
9) une situation de crise.
10) un message déductible de l'histoire.
11) des conventions particulières comme l'aparté, le monologue.
12) un texte de qualité: les personnages parlent une langue écrite, parfois parlent en vers.
Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans Topaze qui est donc une pièce de théâtre traditionnelle.
Étude de la pièce « Topaze » (1928)

1. Approche de l’œuvre
La pièce « Topaze », jouée à Paris en 1928 puis adaptée au cinéma en 1950 par Pagnol avec Fernandel pour acteur, est précédée d'un parafe "la société, voyez-vous, Monsieur, si elle continue, elle tuera les justes". Il s'agit d'un texte narratif: l'histoire de la métamorphose en homme d'affaires d'un professeur d'institution privée. Le thème de la pièce c'est essentiellement le rapport entre l'argent et la morale.
Pagnol ne précise pas si c'est une comédie, une tragédie, un drame. C'est une pièce traditionnelle et populaire. Pourtant « Topaze » est une comédie car Pagnol a l'intention de faire rire, mais elle a aussi une fonction éducative: Pagnol aborde un problème grave et philosophique – les rapports entre argent et morale. On y retrouve donc le grand principe des œuvres classiques: plaire et instruire. C'est aussi un drame (mélange entre comique et sérieux) voire une tragédie: avec la mort de l'innocence.
Ce qui fait donc son intérêt c'est d'abord le mélange de tonalités et son actualité: les médias regorgent d'histoires d'exaction, de corruption: argent de la drogue, affaires autour du football, affaire du sang contaminé, fausses factures, vente de terrains inondables, entreprises fantômes, système des pots-de-vin.

2. Le personnage de Topaze
La pièce porte le nom du personnage central, le héros. Un nom énigmatique; celui d'une pierre précieuse?
La pièce raconte et montre l'évolution de ce personnage, évolution qui est plutôt une révolution à cause de la radicalité de la métamorphose. Il y a donc deux Topaze: l'un meurt pour que l'autre naisse.

A)            Le Topaze de l'acte 1
Identité sociale
Identité physique
Identité
psychologique
Il a trente ans. Il est professeur à la pension Muche: on le voit enseigner l'orthographe et la morale, la biologie (avec le putois). Son rôle est celui d'un instituteur.
Il a une petite barbe noire. Il est vêtu d'habits d'homme riches mais élimés, usés car il est humble. Donc un portait sommaire réduit à un type, comme il est courant dans le théâtre.
Il est serviable, consciencieux, scrupuleux et généreux dans son travail, respectueux envers les élèves, respectueux de la hiérarchie. Il n'est pas servile: il est honnête. Il est modeste. Il est inexpérimenté et mal à l'aise avec les femmes. Il a des principes moraux. Bref, on peut résumer ce caractère par les adjectifs: bon, loyal, innocent: c'est un "pur": une pierre précieuse.
B) L'évolution de Topaze
C'est à partir de ces traits de caractère qu'il va devenir celui qu'on gruge, dupe, leurre: bon va devenir synonyme de bête. C'est le type même de l'abruti: un pantin.
C) Le Topaze de l'acte IV
L'évolution commence à l'acte III pour atteindre son apogée à l'acte IV. L'évolution est consécutive à une brutale révélation: "Je vivais dans un rêve, une atmosphère de poésie et d'extravagance. Mais le 13 avril, à sept heures du soir, je suis retombé sur le sol et ce sol c'était la fange" (III, 2).
nouvelle identité physique
nouvelle identité psychologique
·        il a rasé sa barbe;
·        il porte des lunettes d'écaille;
·        il a de nouveaux costumes.
·        il est cynique, manipulateur, jouisseur et jubilateur: il joue.
·        il met le monde à ses pieds, il a le pouvoir de l'argent.
·        il est devenu une crapule sans foi ni loi.
·        il a compris: il a perdu toute innocence.
·        il est d'une lucidité étonnante, cette lucidité lui donne un côté pervers, démoniaque et effrayant car il n'a plus de limite.
Conclusion
La pièce propose donc une étude d'un changement de caractère tout à fait logique et vraisemblable. Il n'y a pas d'exagération, de caricature. La perte de l'innocence est un sentiment que beaucoup connaissent après avoir eu l'impression d'en avoir été la victime. Il y a donc de fortes possibilités d'identification avec ce personnage. Il est la représentation symbolique du passage de l'enfance à l'âge adulte.
Dans l'extrait ci-dessous il s'agit d'une affaire de concussion. Conseiller munici­pal, Castel-Bénac, fait acheter par la ville des balayeuses qu’il fournit lui-même, sous des noms d'emprunt, à des prix exorbitants. Topaze, professeur à la pension Muche, est le prête-nom dans cette affaire.

3. Analyse de l’extrait de « Topaze »:

ACTE III. SCÈNE VI
Le vénérable vieillard, Topaze
Entre un vénérable vieillard. Il porte des favoris blancs comme un notaire de pro­vince. Toute sa personne est d'une éminente dignité. Il s'avance, l'air triste et noble, et salue Topaze cérémonieusement.
Le vénérable vieillard.— J'ai le plaisir de parler à monsieur Topaze?
Topaze.— Oui, monsieur. En quoi puis-je vous servir?
Le vénérable vieillard.— En rien, monsieur. Ce n'est point pour vous demander votre aide mais pour vous offrir la mienne que je suis venu ici aujourd'hui.
Il s'assoit près du bureau.
Topaze.— Je vous remercie par avance, monsieur, mais j'aimerais assez savoir qui vous êtes.
Le vénérable vieillard.— Qui je suis? Un vieux philosophe qui a la faiblesse de s'intéresser aux autres. Quant à mon nom, il importe peu. Venons-en au fait. Vous avez dû lire, avant-hier, dans une feuille publique, un écho qui contient une allusion assez nette à certaines affaires que vous avez traitées.
Topaze.— Oui, monsieur. Il m’a semblé, en effet, que le pion douteux pouvait bien s'appliquer à moi-même, quoique je n'aie pas été révoqué pour une affaire de mœurs.
Le vénérable vieillard.— Je l’admets mais il faut bien accorder un peu de fantaisie aux journalistes... Il n’en est pas moins vrai que vous avez fourni à la ville des balayeuses dites «système Topaze». Or, ces véhicules sortent d'une maison italienne et vous n'êtes, en l'affaire, que le prête-nom de M. Castel-Bénac. Le directeur de ce journal a fait lui-même une enquête des plus sérieuses, et le numéro de demain doit révéler toute la combinaison à ses lecteurs. C'est ce numéro que je vous apporte. Voici.
Il tend un journal à Topaze. En première page, un titre énorme: « Le scandale Topaze». Tandis que Topaze, effaré, le parcourt, le vénérable vieillard l'observe.
Le vénérable vieillard.— Quatre colonnes de preuves irréfutables! Cinq cent mille exemplaires dans les rues demain matin.
Topaze.— Avec ma photographie... Mais enfin, monsieur, pourquoi ces gens-là veulent-ils me perdre?
Le vénérable vieillard, dignement.— Monsieur, le premier devoir de la presse, c'est de veiller à la propreté morale et de dénoncer les abus. Je dirais même que c'est sa seule raison d'être. Enfin, vous voilà prévenu.
Il se lève.
Topaze.— Je vous remercie de votre démarche spontanée, quoique je n'en tire pas un grand avantage...
Un temps.
Le vénérable vieillard.— Vous n'avez rien à me dire?
Topaze.— Non, monsieur. Que dire?
Le vénérable vieillard (insinuant).— Je connais bien Vernickel, le directeur. Ne me chargerez-vous point d'une commission pour lui?
Topaze.— Dites-lui qu'il a raison et qu'il fait son devoir.
Le vénérable vieillard.—Oh! voyons, monsieur, vous n'allez pas attendre que le scandale éclate? (Topaze répond par un geste de lassi­tude et d'impuissance.) Réfléchissez, monsieur, l'honneur est ce que nous avons de plus précieux et il vaut tous les sacrifices. Vernickel n'est pas une brute... Certain geste pourrait le toucher... Allons, monsieur, vous devinez ce qui vous reste à faire?
Topaze.— Monsieur, je n'ose vous comprendre.
Le vénérable vieillard (souriant),— Osez, monsieur... osez...
Topaze.— Et vous croyez que si je fais ce geste, le numéro ne paraî­tra pas?
Le vénérable vieillard.— Je vous donne ma parole d'honneur que
c'est un enterrement de première classe.                                  
Topaze (perplexe).— De première classe?                                       
Le vénérable vieillard.— Allons, un peu de bonne volonté. Exécutez-
vous.                                                                                            
Topaze, hagard —  Tout de suite?
Le vénérable vieillard. — Ma foi, le plus tôt sera le mieux.
Topaze, même jeu.— Quoi? Devant vous?
Le vénérable vieillard (joyeux),— Tiens, mais oui, parbleu!
Topaze.— Monsieur, vous tenez donc à voir râler un de vos sem­blables?..
Le vénérable vieillard (débonnaire).— Mais qui vous oblige à râler? C'est ce que je leur dis toujours. Pourquoi râler, puisque vous finirez par y passer comme les autres? — Mais non, ils râlent toujours, on dirait que ça les soulage!
Topaze (indigné).— Mais savez-vous bien, monsieur, que ce sang-froid ne vous fait pas honneur? Oui, j'ai commis une faute grave, je le reconnais, je l'avoue. Oui, j'ai mérité un châtiment... Mais, cependant...
Castel-Bénac vient d'entrer. Il regarde Topaze, puis le vieux monsieur, puis Topaze.
SCÈNE VII
Castel-Bénac, le vénérable vieillard, Topaze
Castel-Bénac.— Qu’est-ce que c’est?
Topaze.— Cet homme a surpris nos secrets, et il exige que je me tue devant ses yeux.
Castel-Bénac.   Sans blague?
Le vénérable vieillard.— Mais non, je voulais...
Castel-Bénac.— Combien?
Le vénérable vieillard.— Vingt-cinq mille.
Il donne à Castel-Bénac le numéro du journal.
Topaze.— Comment, monsieur...
Castel-Bénac.— Taisez-vous, asseyez-vous, cher ami... (Il parcourt le journal.) Bien. Est-ce que Vernickel sait que je suis dans le coup?
Le vénérable vieillard.— Oui, mais il m’avait dit de m’adresser à M. Topaze.
Castel-Bénac.— II n’est pas bête. «Allô, mademoiselle... Demandez-moi Vernickel à la Conscience Publique.» Dites donc, vénérable vieillard, ce n’est pas la première fois que vous faites du chantage?
Le vénérable vieillard (froissé).— Oh! monsieur... Ai-je l’air d’un débutant? J’ai commencé avec Panama.
Castel-Bénac.— Ça, c’était du beau travail.
Le vénérable vieillard.— Ah, oui... Des députés, des ministres, pen­sez donc... Des gens très bien... J’en ai fait une quarantaine, et sans entendre seulement un mot grossier... Et pourtant, à cette époque-là, je n’avais pas encore le physique...
Castel-Bénac.— « Allô?» Le physique, ce n’est rien, mais c’est le culot!      
 Le vénérable vieillard.— Eh bien, monsieur, ne croyez pas ça. Le physique, voyez-vous...
Castel-Bénac (au téléphone).— Bonjour, mon cher Vernickel... Pas mal, mon vieux, et vous-même? Dites donc, il y a chez moi un vénérable vieillard qui vient de votre part. Je le trouve un peu cher. Oui, une petite réduction: Non, encore trop cher... Ce que je donne? Eh bien, je donne cinq francs, oui cent sous. Bon. Eh bien, mon cher, vous avez tort de menacer un vieil ami. Attendez une seconde... (A Topaze,) Le dossier... (Topaze lui passe le dossier.) Une petite histoire... (Il lit sur une fiche.) Vous avez peut-être connu un apprenti imprimeur qui s’enfuit de Melun en novembre 1894 en emportant la caisse de son patron? Il fut condamné le 2 janvier 1898 par le tribunal correctionnel de Melun à treize mois de prison... Très curieux, hein? Ah! bon!... bon!... Un sim­ple malentendu, évidemment... Très vieille amitié, mais oui. Et votre pe­tit Victor va bien? Oui, c’est à cet âge-là qu’ils sont le plus intéressants... Au revoir, cher ami...-A bientôt!...(Au vénérable vieillard.) C’est réglé.
Le vénérable vieillard (souriant).— Et fort bien réglé, monsieur, mes compliments... Je n’ai plus qu’à me retirer.
Castel-Bénac.— Aucun doute là-dessus.
Le vénérable vieillard.— Mais je voudrais vous demander une fa­veur...     .
Castel-Bénac — Laquelle?
Le vénérable vieillard.— Voulez-vous me permettre de copier la suite de la fiche de Vernickel?
Castel-Bénac — Vénérable vieillard, je vous trouve un peu culotté!
Le vénérable vieillard.— Dans ce cas, n’en parlons plus...
Castel-Bénac— Ah! écoutez. Un mot. (Il l’entraîne dans un coin et lui dit à demi-voix.) Vous me feriez plaisir de sortir à reculons.
Le vénérable vieillard.— Pourquoi?
Castel-Bénac— Parce que si vous me tournez le dos, je ne pourrai pas m’empêcher de vous botter le derrière.
Le vénérable vieillard.— Ah! Fort bien, fort bien...
Il sort à reculons et, sur la porte, il s’enfuit.
Tiré de Topaze de M. Pagnol

Vocabulaire

1. Remplissez la grille de vocabulaire avec les mots:
1. malentendu (m)
2. éminent
3. dignité (f)
4. cérémonieux
5. traiter 
6. révoquer
7. irréfutable
8. perdre
9. dénoncer
10. abus (m)
11. débonnaire
12. s’exécuter
13. faveur (f)
14. culot (m)
15. surprendre
16. insinuant
17. râler
18. conscience (f)
Utilisez le dictionnaire Le Petit Robert. Par exemple:

Mot ou expre-ssion
Traduction
Explication

Emploi
Synonymes
Anto-nymes
1. vénérable
поважнийшановнийпочесний
Littér. ou plaisant Digne de vénération
D'un âge vénérable: très vieux.
respectable

À vous...






2. Étude des mots et des expressions:

1. Le mot chantage signifie « action d'extorquer à qqn de l'argent ou un avantage sous la menace d'une imputation diffamatoire, ou d'une révélation compromettante ». Faire du chantage à qqn (= « faire chanter qqn »). Céder au chantage.  La personne qui fait du chantage s’appelle le maître chanteur.  

2. Le mot aide est du féminin au sens de « secours, assistance »: Votre aide me sera précieuse. Au sens de « personne qui aide » il est du masculin, s'il s'agît d'un homme, du féminin, s'il s'agit d'une femme: Paul est un aide consciencieux. J’ai dû prendre une aide pour la lessive.

3. Remercier de est encore très vivant, à côté du tour nouveau, justifié lui aussi par l'usage: remercier pour. Peut-être ce dernier tour marque-t-il une expressivité plus forte, puisqu'il ne saurait, comme remercier de, s'accompagner d'un refus. Il faut dire en refusant: Je l'ai remercié de son offre généreuse, mais inutile. Sinon: Je vous remercie, de votre aimable envoi ou pour votre aimable envoi. Devant un infinitif, on doit dire de: Je vous remercie d'avoir pensé à moi.

4. Les expressions par avance, d'avance sont synonymiques: payer d'avance une année de son loyer. Payer qn par avance. Payer sa place d'avance, Je m'en réjouis par avance avec vous.

5. Retenez les verbes qui s'emploient avec le mot enquête f: une enquête se poursuit activement, se fait, donne des résultats, n'aboutit à rien, révèle, démontre, prouve; ordonner une enquête, procéder à une enquête; charger qn d'une enquête; faire une enquête; mener à bien une enquête; mener vivement, habilement une enquête; commen­cer, achever l'enquête.

6. Retenez les verbes qu'on peut employer avec le mot preuve f: apporter, avoir, donner, exiger, fournir des preuves; faire ses preuves; détruire, renverser une preuve; affirmer, croire qch sans preuves; condamner qn sans preuves; faire preuve de.

7. Faites attention à la préposition qui suit le verbe éclater: éclater de rire, mais éclater en applaudissements, en injures, en menaces, en reproches, en sanglots.

8. Retenez la différence qui existe entre le verbe obliger suivi de la préposition à et le même verbe employé avec la  préposition de. On emploie aujourd'hui généralement à à l'actif et de au passif: Je vous oblige à faire cela. Je suis obligé de faire cela.

9. Apprenez les expressions suivantes:
Ce n'est pas la mer à boire: ce n'est pas difficile, ce n'est pas très important. Tu vois que ce n'était pas la mer à boire, dit Salvayre.
Si bon vous semble — si vous le trouvez bon: Et j'irais bien plus loin, si bon me semble.
Sur ces entrefaites signifie « au moment où un fait se produit, à ce moment, alors »: Sur ces entrefaites, le juge de paix, père d’une nombreuse famille, rendit plusieurs sentences qui semblèrent injustes.

3. Étudiez le vocabulaire thématique CORRUPTION.

corruption n. f. 
1. Vieilli Altération de la substance par décomposition (=décomposition, pourriture, putréfaction).  
2. Littér. Altération du jugement, du goût, du langage.
3. Le fait de corrompre moralement; état de ce qui est corrompu (=avilissement, dépravation, gangrène, perversion, souillure, vice). Corruption des mœurs ( =dérèglement, dissolution). «Les hommes sont tous pareils, enragés de vice et de corruption» (A. Daudet).  
4. Emploi de moyens condamnables (bakchich, dessous-de-table, pot-de-vin) pour faire agir qqn contre son devoir, sa conscience; fait de se laisser corrompre. Tentative de corruption. La corruption électorale est un délit. Condamné pour corruption de fonctionnaires. (= prévarication). Être convaincu de corruption. Corruption active, passive.  
CONTR. Assainissement, purification. Amélioration, correction, édification, moralisation, perfectionnement,  pureté.

Complétez la grille avec les mots de l’article du dictionnaire ci-dessous.
Nom
Adjectif, p.passé
Verbe
Expression
la vénalité - хабарництво
corrompu – підкуплений, розбещений
corrompre - підкуповувати
une affaire véreuse
- підозріла справа
la prévarication - службовий злочин


le prête-nom - підставна особа



la déchéance - моральне падіння



la concussion - хабар



   




Exercices de lexique
1.    Dites en d'autres termes:
I. Des preuves irréfutables. 2. Pourquoi ces gens-là veulent-ils me perdre? 3.... quoique je n'aie pas été révoqué pour une affaire de mœurs. 4.... le numéro de demain doit révéler toute la combinaison. 5. Un vieillard débonnaire.  6. Cet homme a surpris nos secrets. 7. Est-ce que Vernickel sait que je suis dans le coup? 8. Un simple malentendu.

2.                                                                                                                                                                  Expliquez la différence qui existe entre les verbes évoquer, convoquer, révoquer et invoquer. Quel est le sens de ces verbes dans les phrases qui suivent:
1. Cottard avait fait plusieurs visites à Rieux en invoquant divers prétextes. 2. Ce sorcier évoquait des forces maléfiques. 3. Je révoquerai le testament fait en votre faveur en donnant ma fortune à mon neveu Philippe. 4. Il a été révoqué suite à des malversations. 5. Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses. 6. Les témoins ont été convoqués dans le bureau du juge d’instruction. 7. Dans son livre l'écrivain évoque la région bordelaise.

3. Qu'est-ce qu'on peut fournir? Citez quelques expressions avec ce mot. Traduisez: fournir un aliment à la curiosité publique.

4. Exprimez par une paraphrase  définitoire  le substantif prête-nom  m.  Donnez son synonyme.

5. Dites en français:
Тонкий натяк, тонкий наст снігу, тонкі пальці, тонкі ноги, тонкий голос, тонкий запах, тонкий слух, тонкий знавець, тонкий розум, тонка талія, де тонко там і рветься.

6. Précisez la différence entre l'adjectif prévenu et  le même mot employé substantivement.

7. Trouvez  dans le texte les  équivalents des expressions qui suivent et expliquez leur sens en français:
Повернемося до справи, крім жартів, чим можу служити? я не матиму з цього великого зиску, це не робить вам честі, я в цьому замішаний, він прийшов від вашого імені, мені залишається лише піти; ну, пока; дати комусь доручення.

8. Expliquez le sens des expressions suivantes:
ce n'est pas la mer à boire; sur ces entrefaites; si bon vous semble; en dire long sur; faire allusion à; le plus tôt sera le mieux; fournir ses preuves; éclater en reproches.

9.    Mettez les prépositions qui conviennent, s'il y a lieu:
1. Elle a renoncé... ses droits en faveur de sa sœur. 2. La loi oblige les parents... envoyer leurs enfants à l'école. 3. Il a remercié son père... le portable qu'il lui avait donné. 4. Il a refusé... s'en aller. 5. Grâce à son travail il est parvenu … avoir ce qu'il voulait. 6. Il se plaignait très souvent... ne pas avoir de nouvelles... son fils. 7. Votre travail est difficile; efforcez-vous pourtant... le terminer. 8. Nous habitons... environs de Tchernivtsi, mes parents préfèrent... vivre à la campagne. 9. Je préfère le bleu... vert. 10. Je suis obligé... vous fournir ces preuves irréfutables.

10. Thèmes
- Phrases (20 points) -
1. Зустрівшись після довгої розлуки, друзі згадали минуле та розреготалися.
2. Слідчий, якому було доручено провести розслідування справи, викликав до себе свідків.
3. Префект був зміщений з посади, оскільки виявилось, що він скоїв службовий злочин.
4. Украдливі  й улесливі манери  незнайомця насторожили Топаза.
5. Внаслідок необґрунтованості доказів, початкове рішення суду було відмінено.
6. Керівник попросив у мене про одну послугу: він дав мені доручення до директора філіалу підприємства.
7. Обвинувачуваний був звільнений після того, як адвокат навів беззаперечні докази його  невинності.
8. Незважаючи на його добродушний вигляд, у нього суворий та непохитний характер.
9. Байдуже, що в своїй промові адвокат робив кількаразово посилання на показання очевидців.
10.Речі були вже давно складені, й квиток куплений заздалегідь. Коли ви зможете до мене прийти? — Що раніше, то краще.

- Texte:  Хабарництво в державній владі  (50 points) -
Мер міста, пан поважного віку з сивими бакенбардами та вусами, благородно відмовився від хабара, що йому його запропонувала підставна особа одного відомого державного службовця. Він відхилив цю спробу підкупу не через те, що боявся бути зміщеним з посади, а через незначну суму хабара. В свою чергу мер передав йому доручення для депутата, якого той представляв. Він зробив вірному помічнику депутата тонкий натяк про скандал, який може вибухнути через моральне падіння цього народного обранця. Голова міської ради вже давно мріяв ладнати справи на державному рівні. Він збирав беззаперечні докази службових злочинів серед депутатів. Він сподівався мати з цього неабиякий зиск: викриваючи зловживання владою підкупними службовцями, він готував собі місце в парламенті.  Він умів занапастити іншого з добродушним виглядом. Яке нахабство !

Étude du texte

Pour faire le commentaire du texte, répondez aux questions:

Introduction
Que savez-vous de la vie de M. Pagnol et de son œuvre ?

Développement

A. Intérêt psychologique

1. Décrivez le comportement de Topaze: c’est un monstre ou un moraliste?
2. Le vénérable vieillard: quelle est la fonction de ce personnage dans l’action?
3. Le mépris de quelles valeurs morales observez-vous chez les personnages?

B. Intérêt littéraire
1. Cherchez dans cet extrait les indices  d’une comédie sociale (satirique, de mœurs). Quelle époque met-elle en scène? Quelle image vise-t-elle à donner? Quel est son enjeu?
2. Prouvez que le ton de la pièce est comique? Quels procédés stylistiques, grammaticaux et syntaxiques utilise l’auteur pour cela?
3. Comment l’auteur utilise les dialogues pour montrer les caractères des personnages?
4. Observez les registres de langue, expliquez le choix de M. Pagnol.

C. Intérêt des idées

1. Peut-on parler du texte objectif ou subjectif? Observez-vous le point de vue de l’auteur?
2. Quels sont les thèmes que l’auteur soumet à la satire? A l’aide de quels moyens?
3. Quelles réactions l’auteur vise-t-il à susciter auprès du public?
4. Quelle  morale peut-on tirer de cet extrait?

Bilan:
Quelle image du monde des affaires et du monde de la politique Pagnol essaie-t-il de donner avec des personnages comme Castel-Bénac et Vernickel? Cette image est-elle encore actuelle au début de ce siècle?

Texte complémentaire

L’ARGENT PEUT TOUT
TAMISE. – Et tu t’imagines que pour de l’argent…
TOPAZE. – Mais oui, pauvre enfant que tu es… ce journal, champion de la morale, ne voulait que vingt-cinq mille francs. Ah! l’argent … Tu n’en connais pas la valeur … Mais ouvre les yeux, regarde la vie, regarde tes contemporains … L’argent peut tout, il permet tout … Si je veux une maison moderne, une fausse dent invisible, la permission de faire gras le vendredi, mon éloge dans les journaux ou une femme dans mon lit, l’obtiendrais-je par des prières, le dévouement ou la vertu? Il ne faut qu’entrouvrir ce coffre et dire un petit mot: “Combien?” (il a pris dans le coffre une liasse de billets) Regarde ces billets de banque, ils peuvent tenir dans ma poche, mais ils prendront la forme et la couleur de mon désir. Confort,  beauté, santé, amour, honneurs, puissance, je tiens tout cela dans ma main … Tu t’effares mon pauvre Tamise, mais je vais te dire un secret: malgré les rêveurs, malgré les poètes et peut-être malgré mon cœur, j’ai appris la grande leçon: Tamise, les hommes ne sont pas bons. C’est la force qui gouverne le monde, et ces petits rectangles de papier bruissant, voilà la forme moderne de la force.
TAMISE. – Il est heureux que tu aies quitté l’enseignement, car si tu redevenais professeur de morale…
TOPAZE. – Sais-tu ce que je dirais à mes élèves? (il s’adresse soudain à sa classe du premier acte.) « Mes enfants, les proverbes que vous voyez au mur de cette classe correspondaient peut-être jadis à une réalité disparue. Aujourd’hui on dirait qu’ils ne servent qu’à lancer la foule sur une fausse piste, pendant que les malins se partagent la proie; si bien qu’à notre époque, le mépris des proverbes c’est le commencement de la fortune... » Si tes professeurs avaient eu la moindre idée des réalités, voilà ce qu’il t’auraient enseigné, et tu ne serais pas maintenant un pauvre bougre.
TAMISE. – Mon cher, je suis peut-être bougre, mais je ne suis pas pauvre.
TOPAZE. – Toi? Tu es pauvre au point de ne pas le savoir.
TAMISE. – Allons, allons… Je n’ai pas les moyens de me payer beaucoup de plaisirs matériels, mais ce sont les plus bas.
TOPAZE. – Encore une blague bien consolante! Les riches sont bien généreux avec les intellectuels: ils nous laissent les joies de l’étude, l’honneur du travail, la sainte volupté du devoir accompli; ils ne gardent pour eux que le plaisir de second ordre, tels que caviar, salmis de perdrix, Rolls-Royce, champagne et chauffage central au sein de la dangereuse oisiveté!
Tiré de Topaze de M. Pagnol.

Travail individuel:
·                          Quels arguments utilise Topaze pour démontrer son point de vue. En quoi ce personnage est-il différent de celui du premier extrait?

·                          Êtes-vous d’accord avec l’opinion que l’argent peut tout. Argumentez votre réponse à l’aide des idées de la pièce.

Немає коментарів:

Дописати коментар

Примітка: лише член цього блогу може опублікувати коментар.