Manuel pour les étudiants de la ІІІe année Dossier 4.

GALYNA DRANENKO
Littérature française du XIX° siècle. Lecture analytique

DOSSIER 4. Honoré de Balzac (1799-1850)



Introduction
Avec quatre-vingt onze romans et plus de deux mille personnages, dont certains devenus des légendes littéraires, comme le Père Goriot, Rastignac ou César Birotteau, Balzac a construit une œuvre, La Comédie Humaine, qui reconstitue un demi-siècle de notre histoire, de la Restauration à la Monarchie de Juillet, "embrassant toute une société dans son fourmillement humain, la multiplicité de ses lieux et de ses milieux, et l'enchevêtrement de ses détails matériels".
Ce qui impressionne chez Balzac, c'est son énergie et sa puissance de travail. Comme l'écrit Jean d'Ormesson, "il n'y a pas dans les lettres françaises, d'image plus familière que celle de Balzac, installé en robe de chambre, une cafetière fumante devant lui, au cœur de la nuit, à sa table de travail. " Il arrivait à Balzac d'y passer jusqu'à dix huit heures d'affilée.
Puis il y a chez lui ce talent d'observation : ses descriptions d'une rue de Paris ou d'une ville de province, de vêtements, de mobiliers, ou d'habitats émanent d'un chroniqueur incroyablement attentif à tous les aspects du réel. Ce don d'observation, parfois il en joue : "j'ai été pourvu d'une grande puissance d'observation, écrit-il à Mme Hanska, parce que j'ai été jeté à travers toutes sortes de professions, involontairement …". En effet ses échecs dans l'imprimerie et ses déboires financiers ont lancé à ses trousses une horde d'huissiers intraitables. De ces expériences douloureuses, il fait bon usage pour camper des situations et des personnages plus vrais que nature.
A l'inverse, parfois il se défend d'user de ce talent d'observateur. On connaît sa fameuse réplique : "Comment voulez vous que j'ai le temps d'observer, j'ai à peine celui d'écrire? " Car Balzac ne se contente pas de décrire la réalité, il y a chez lui l'intuition de l'alchimiste qui cherche au delà des limites de sa propre expérience : "j'enveloppe alors le monde par ma pensée, je le pétris, je le façonne, je le pénètre, je le comprends".
Balzac laissera une œuvre inachevée : La Comédie humaine comprend quarante-six romans à l'état de projet. Épuisé, à bout de forces, l'auteur de Splendeurs et Misères des Courtisanes meurt à cinquante et un ans, après avoir réalisé son rêve : épouser la comtesse Hanska. Selon la légende, lorsqu'il s'éteint, en 1850, son dernier mot fut pour appeler à son secours Bianchon, le médecin qu’il avait créé dans la Comédie humaine : l'œuvre, gigantesque, se confondait avec la réalité.

Résumé du roman « Eugénie Grandet »
A Saumur, Félix Grandet (le père Grandet) s'est constitué, grâce à de nombreuses spéculations foncières, une fortune qui n'a d'égal que son avarice. Il règne en tyran sur son entourage : sa femme, sa fille unique, Eugénie, et sa servante Nanon. Il enferme tout à clé, et rationne toute la maisonnée.
Lors de ce jour de novembre 1819, une fête est organisée pour les vingt-trois ans d'Eugénie. Y sont invités les Cruchot et les des Grassins, deux familles rivales qui espèrent marier l'un de leurs fils avec la fille du père Grandet.
Survient alors Charles Grandet, le cousin de Paris dont le charme et l'élégance ne laissent pas Eugénie indifférente. Charles est surpris de l'aspect misérable de la demeure de son oncle. Eugénie tombe amoureuse de son cousin, et peu à peu le jeune homme partage ses tendres sentiments.
Charles est porteur d'une lettre rédigée par son père et destinée à son oncle, le Père Grandet. On y apprend que ruiné, et poursuivi par ses créanciers, il s'est suicidé. Charles n'a plus un sou, mais ne le sait pas. Il est effondré de douleur d'apprendre la mort de son père. Loin de s'attendrir, le père Grandet méprise ce neveu insolvable. L'insensibilité de son père choque Eugénie.
Le jeune homme pleure jour et nuit son père et toute son infortune. Eugénie, émue, fait don à son cousin de tout son argent : des pièces de collection offertes par son père. Ce don a pour but d'aider Charles à réaliser son projet : partir aux Indes pour y faire fortune.
Charles pleure de bonheur face à la bonté d'Eugénie et lui donne en échange un nécessaire de toilette en or qui contenait le portrait de sa mère et de son père défunts.
Après de grands serments Charles et Eugénie échangent un baiser et se promettent de se marier. Puis Charles s'embarque pour les Indes afin de faire fortune et d'effacer la faillite de son père...
La vie reprend, mais le départ de Charles laisse un grand vide dans la vie d'Eugénie.
Le jour de l'an 1820, le Père Grandet demande comme chaque année, à voir tout l'or qu'il a donné à sa fille.
Quand il apprend sa disparition, il explose de colère. Malgré les menaces de son père, Eugénie refuse de livrer son secret. Le vieil avare décide alors d'enfermer Eugénie dans sa chambre. Madame Grandet, qui adore sa fille, est minée par cette décision. Elle tombe malade et s'affaiblit peu à peu. Apprenant qu'à la mort de sa mère, Eugénie, seule héritière, pourrait exiger le partage de la succession, le Père Grandet décide de se réconcilier avec sa fille.
En 1822, après deux ans d'un long martyre, Mme Grandet meurt épuisée. Grandet obtient de sa fille qu'elle renonce à l'héritage maternel. Eugénie accepte et vit à ses côtés en s'occupant de lui. Elle attend en vain des nouvelles de Charles qui ne lui écrit pas. Le père Grandet initie sa file à ses affaires, puis, en 1827, meurt à son tour, en admirant fébrilement ses écus.
La riche Eugénie reçoit enfin une lettre de Charles, dans laquelle il lui annonce qu'il a réussi un mariage d'argent. Il a en effet épousé mademoiselle d'Aubrion, qu'il n'aime guère, mais qui a des titres de noblesse. Eugénie se résigne alors à épouser le vieux président Cruchot de Bonfons. Elle ne pose que deux conditions : que ce mariage reste blanc et qu'il paie les dettes de son oncle.
A la mort de son mari, Eugénie revient dans la maison de ses parents. Malgré, sa fortune, elle y vit petitement, reprenant les habitudes de son père et consacrant sa fortune à des œuvres de charité. Solitaire, malgré son cœur généreux, elle mènera une existence monotone...

Étude de l’extrait du roman « Eugénie Grandet »

LA GRANDE NANON 

La Grande Nanon était peut-être la seule créature humaine capable d'accepter le despotisme de son maître. Toute la ville l'enviait à monsieur et à madame Grandet. La Grande Nanon, ainsi nommée à cause de sa taille haute de cinq pieds huit pouces, appartenait à Grandet depuis trente-cinq ans. Quoiqu'elle n'eût que soixante livres de gages, elle passait pour une des plus riches servantes de Saumur. Ces soixante livres, accumulées depuis trente-cinq ans, lui avaient permis de placer récemment quatre mille livres en viager chez maître Cruchot. Ce résultat des longues et persistantes économies de la Grande Nanon parut gigantesque. Chaque servante, voyant à la pauvre sexagénaire du pain pour ses vieux jours, était jalouse d'elle sans penser au dur servage par lequel il avait été acquis. A l'âge de vingt-deux ans, la pauvre fille n'avait pu se placer chez personne, tant sa figure semblait repoussante; et certes ce sentiment était bien injuste : sa figure eût été fort admirée sur les épaules d'un grenadier de la garde; mais en tout il faut, dit-on, l'à propos. Forcée de quitter une ferme incendiée où elle gardait les vaches, elle vint à Saumur, où elle chercha du service, animée de ce robuste courage qui ne se refuse à rien. Le père Grandet pensait alors à se marier et, voulait déjà monter son ménage. Il avisa cette fille rebutée de porte en porte. Juge de la force corporelle en sa qualité de tonnelier, il devina le parti qu'on pouvait tirer d'une créature femelle taillée en Hercule, plantée sur ses pieds comme un chêne de soixante ans sur ses racines; forte des hanches, carrée du dos, ayant des mains de charretier et une probité vigoureuse comme l'était son intacte vertu. Ni les verrues qui ornaient ce visage martial, ni le teint de brique, ni les bras nerveux, ni les haillons de la Nanon n'épouvantèrent le tonnelier, qui se trouvait encore dans l'âge où le cœur tressaille. Il vêtit alors, chaussa, nourrit la pauvre fille, lui donna des gages, et l'employa sans trop la rudoyer. En se voyant ainsi accueillie, la Grande Nanon pleura secrètement de joie, et s'attacha sincèrement au tonnelier, qui d'ailleurs l'exploita féodalement. Nanon faisait tout : elle faisait la cuisine, elle faisait les buées, elle allait laver le linge à la Loire, le rapportait sur ses épaules; elle se levait au jour, se couchait tard; faisait à manger à tous les vendangeurs pendant les récoltes, surveillait les halleboteurs; défendait, comme un chien fidèle, le bien de son maître; enfin, pleine d'une confiance aveugle en lui, elle obéissait sans murmure à ses fantaisies les plus saugrenues. Lors de la fameuse année de 1811, dont la récolte coûta des peines inouïes, après vingt ans de service, Grandet résolut de donner sa vieille montre à Nanon, seul présent qu'elle reçut jamais de lui. Quoiqu'il lui abandonnât ses vieux souliers (elle pouvait les mettre), il est impossible de considérer le profit trimestriel des souliers de Grandet comme un cadeau, tant ils étaient usés. La nécessité rendit cette pauvre fille si avare que Grandet avait fini par l'aimer comme on aime un chien, et Nanon s'était laissé mettre au cou un collier garni de pointes dont les piqûres ne la piquaient plus. Si Grandet coupait le pain avec un peu trop de parcimonie, elle ne s'en plaignait pas; elle participait gaiement aux profits hygiéniques que procurait le régime sévère de la maison où jamais personne n'était malade. Puis la Nanon faisait partie de la famille : elle riait quand riait Grandet, s'attristait, gelait, se chauffait, travaillait avec lui. Combien de douces compensations dans cette égalité ! jamais le maître n'avait reproché à la servante, ni l'halleberge ou la pêche de vigne, ni les prunes ou les brugnons mangés sous l'arbre. "Allons, régale-toi, Nanon", lui disait-il dans les années où les branches pliaient sous les fruits que les fermiers étaient obligés de donner aux cochons. Pour une fille des champs qui dans sa jeunesse n'avait récolté que de mauvais traitements, pour une pauvresse recueillie par charité, le rire équivoque du père Grandet était un vrai rayon de soleil. D'ailleurs le cœur simple, la tête étroite de Nanon ne pouvaient contenir qu'un sentiment et une idée. Depuis trente-cinq ans, elle se voyait toujours arrivant devant le chantier du père Grandet, pieds nus, en haillons, et entendait toujours le tonnelier lui disant : "Que voulez-vous, ma mignonne?" Et sa reconnaissance était toujours jeune. Quelquefois Grandet, songeant que cette pauvre créature n'avait jamais entendu le moindre mot flatteur, qu'elle ignorait tous les sentiments doux que la femme inspire, et pouvait comparaître un jour devant Dieu, plus chaste que ne l'était la Vierge Marie elle-même, Grandet, saisi de pitié, disait en la regardant : "Cette pauvre Nanon !" Son exclamation a était toujours suivie d'un regard indéfinissable que lui jetait la vieille servante. Ce mot, dit de temps à autre, formait depuis longtemps une chaîne d'amitié non interrompue, et à laquelle chaque exclamation ajoutait un chaînon. Cette pitié, placée au cœur de Grandet et prise tout en gré par la vieille fille, avait je ne sais quoi d'horrible. Cette atroce pitié d'avare, qui réveillait mille plaisirs au cœur du vieux tonnelier était pour Nanon sa somme de bonheur. Qui ne dira pas aussi : "Pauvre Nanon !" Dieu reconnaîtra ses anges aux inflexions de leur voix et à leurs mystérieux regrets. Il y avait dans Saumur une grande quantité de ménages où les domestiques étaient mieux traités, mais où les maîtres n'en recevaient néanmoins aucun contentement. De là cette autre phrase : "Qu'est-ce que les Grandet font donc à leur Grande Nanon pour qu'elle leur soit si attachée? Elle passerait dans le feu pour eux !" Sa cuisine, dont les fenêtres grillées donnaient sur la cour, était toujours propre, nette, froide, véritable cuisine d'avare où rien ne devait se perdre. Quand Nanon avait lavé sa vaisselle, serré les restes du dîner, éteint son feu, elle quittait sa cuisine, séparée de la salle par un couloir, et venait filer du chanvre auprès de ses maîtres. Une seule chandelle suffisait à la famille pour la soirée. La servante couchait au fond de ce couloir, dans un bouge éclairé par un jour de souffrance. Sa robuste santé lui permettait d'habiter impunément cette espèce de trou, d'où elle pouvait entendre le moindre bruit par le silence profond qui régnait nuit et jour dans la maison. Elle devait, comme un dogue chargé de la police, ne dormir que d'une oreille et se reposer en veillant.

Fiche de vocabulaire

Mot
Explications, exemples d’emploi
Synonymes
Antonyme
En ukrainien
envier qch à qn
Eprouver un sentiment d'envie envers qch. que possède, dont jouit qn.
convoiter, désirer

заздрити
gages
(m, pl.)
Salaire (d'un domestique).
Les gages d'une cuisinière. Loc. adj. A gages : payé pour accomplir un travail. Tueur à gages.
appointements


служити
найманий
accumuler
Amasser des richesses (concrètes ou abstraites).
« On entasse, on accumule »
capitaliser, thésauriser

накопичувати,
збирати
placer
Employer (un capital) afin d'en tirer un profit, une plus-value ou d'en conserver la valeur.
Placer son argent à la caisse d'épargne, chez un agent de change.
investir

вкласти
viager (m)
la rente viagère (qui doit durer pendant la vie d'une personne et pas au-delà).
Mettre son bien en viager.
рента
persistant
Fièvre, fatigue persistante. Une toux persistante.= incessant, permanent, rebelle. Une odeur persistante. = tenace, résiduel.
constant, continu, durable

стійкий, тривалий
servage (m)
Esclavage, servitude.
« l'infini servage de la femme » (Rimbaud).


кріпацтво, рабство

à-propos (m)
Ce qui vient à propos, est dit ou fait opportunément, en temps et lieu convenables.
convenance, opportunité, pertinence

влучно, вдало, вчасно

robuste
 (Abstrait) Avoir une foi robuste.
ferme, inébranlable

непохитний
aviser
 Mod. Apercevoir inopinément qqch. (pour le prendre, s'en servir).
Il avise un portefeuille oublié sur un banc, il le ramasse.


придивитися (для себе)
rebuté
 Vieilli ou littér. Repousser (qqn) avec dureté ou avec mépris.


відштовхувати
tirer le parti
Tirer avantage, parti, profit de...
profiter

мати зиск
probité (f)
Vertu qui consiste à observer scrupuleusement les règles de la morale sociale, les devoirs imposés par l'honnêteté et la justice.
droiture, honnêteté, intégrité, rectitude
déloyauté, fourberie, malhonnêteté
порядність, чесність
verrue (f)


Fig. Littér. Ce qui défigure, enlaidit.


бородавка
martial
 (Parfois iron.) Qui dénote ou rappelle les habitudes militaires.
Allure, voix martiale.


войовничий
nerveux
 Mod. Qui a des tendons vigoureux, apparents. Mains nerveuses. Viande nerveuse, qui présente des tendons, qui est trop ferme, dure.



жилистий
haillon (m)
Vieux lambeau d'étoffe servant de vêtement.
 Vêtu, couvert de haillons.
Un mendiant en haillons.
guenille, hardes, loque

лахміття
tressaillir
Éprouver des secousses musculaires, un tressaillement.
(Sous l'effet d'une vive émotion).
Tressaillir d'aise, de joie.
(Sous l'effet d'une sensation qui surprend).
frémir, frissonner, bondir, sursauter, tressauter

здригнутися
rudoyer
Traiter rudement, sans ménagement, en manifestant de la mauvaise humeur.
brutaliser, malmener, maltraiter
сajoler, câliner, dorloter
знущатися
faire les buées
• XIVe, repris au XIXe; « lessive » 1219; du p. p. substantivé gallo-roman °bucata « lessive »
прати, виварювати білизну
halle (f)
Vaste emplacement couvert où se tient un marché; grand bâtiment public qui abrite un marché, un commerce en gros de marchandises.
Halle aux vins, au blé.
marché, hangar, magasin

торговище
saugrenu
Inattendu, bizarre et quelque peu ridicule.
Idée, question saugrenue.
absurde, bizarre

дивакуватий
inouї
Qui est extraordinaire.
Fam. Qui dépasse la mesure. Il a un culot inouï. = formidable, fou, invraisemblable.
Tu es inouï ! = trop. C'est vraiment inouï,  inconcevable.
énorme, étonnant, étrange, extraordinaire,
fort, incroyable, prodigieux
commun, ordinaire
неймовірний
parcimonie (f)
Épargne minutieuse, s'attachant aux petites choses. Distribuer des vivres, de l'argent avec parcimonie.
Par ext. Accorder ses éloges avec parcimonie
(cf. Être avare, chiche de...).
économie
gaspillage, générosité, prodigalité, profusion
скупість, скнарість
mauvais traitement
Coups, sévices.
maltraitance

погане ставлення
pauvresse (f)
Vieilli ou didact. Personne qui vit de la charité publique. « Une pauvresse vieille et ridée, en haillons » (Balzac).
indigent, mendiant

жебрачка
équivoque
Dont la signification n'est pas certaine, qui peut s'expliquer de diverses façons.
Traces, faits équivoques.
Qui semble impliquer un désir sexuel, mais en prêtant toujours à confusion. Regards, allures, gestes équivoques.
mystérieux
 franc, net, précis
двозначний
coeur simple
Qui agit selon ses sentiments, avec une honnêteté naturelle et une droiture spontanée.
« Un cœur simple », conte de Flaubert.
innocent, pur
fin, rusé
простодушний
comparaître
Se présenter par ordre. Comparaître en jugement, en justice.
Comparaître devant Dieu.


предстати перед
chaste
Vx Qui s'abstient des plaisirs jugés illicites et des pensées impures.
Chaste épouse = honnête.
Un cœur chaste = innocent. Tenue chaste = décent, modeste, pudique.
ascétique,
pur, sage, vertueux
débauché, impudique, impur, indécent
незайманий, чистий, невинний,
безгрішний,
цнотливий,
чесний
atroce
Qui est horrible, d'une grande cruauté.
Crime, vengeance atroce.
abominable, affreux, effroyable, épouvantable, horrible, monstrueux

жахливий
inflexion (f)
Changement subit d'accent ou de ton dans la voix.
Sa voix « prenait des inflexions plus molles » (Flaubert).
модуляції голосу
néanmoins
Malgré ce qui vient d'être dit; en dépit de cela.
cependant, pourtant, toutefois


однак
filer du chanvre
Textile de la tige du chanvre. Chanvre écru; chanvre peigné.
Vieilli Loc. Cravate de chanvre : corde de potence.


конопля
impunément
Sans dommage pour soi, sans s'exposer à aucun risque, à aucun inconvénient.
On ne fume pas cinquante cigarettes par jour impunément.


без серйозних наслідків
veiller
Être de garde.
Être en éveil, vigilant.
La police veille.

dormir
не спати
bouge (m)
Logement étroit, obscur, malpropre, misérable.
Habiter un bouge sordide.
galetas, réduit, taudis

конура, кубло, комірчина

Compréhension

1. Lisez et traduisez l’extrait « La Grande Nanon ».
2. Portrait physique de la Grande Nanon. Répartissez les idées de texte dans la grille suivante :

Aspect
Caractéristique
Texte
Taille
grande
l.3-4. « sa taille haute de cinq pieds huit pouces »
Figure
...
...
Corps
...
...
...
...
...
3.   Pourquoi Grandet a-t-il engagé Nanon comme servante ?
4. Repérez dans l’extrait les périphrases caractérisant le personnage de la servante (par exemple, « une des plus riches servantes de Saumur », « la pauvre sexagénaire », etc.). Expliquez leur effet stylistique, faites la liste des caractéristiques qu’elles expriment.
5. Justifiez par les phrases et expressions du texte la présence de la fidélité de la servante à son maître.
6. Illustrez par les phrases et expressions du texte que Nanon « faisait partie de la famille ».
7. Quelles gestes illustrent la parcimonie de Nanon ?
8. Quels gestes illustrent l’avarice de Grandet ?
9. Pourquoi la Grande Nanon était-elle reconnaissante à Grandet ?
10. En quoi consistait le despotisme de Grandet envers sa servante ?

ANALYSE STYLISTIQUE DU TEXTE

LA FORME de l’extrait

Étude du vocabulaire
1. Complétez le champ lexical de l’avarice, en replissant la grille :
2. L’extrait contient le lexique du réseau lexical « servir ». Trouvez dans le texte ces mots et expressions. Classez-les par thèmes.
3. Étudiez les champs sémantiques des mots « pauvre », « garde ».

Étude des figures de style
·      Synecdoque
La synecdoque est une figure dans laquelle on remplace un mot A par un autre mot B selon un rapport d’inclusion.
Dans la synecdoque particularisante un élément B se substitue à l’ensemble A auquel il appartient. Effets créés : l’impression du gros plan, la valorisation d’un élément suite à un rapprochement.
Dans la synecdoque généralisante un ensemble B se substitue à l’élément A qui lui appartient. Effets créés : le recul, l’éloignement, la généralisation.
Exemple d’analyse d’une synecdoque:
l.2-3. « Toute la ville l'enviait à monsieur et à madame Grandet. » Dans la synecdoque généralisante l’ensemble B (« toute la ville ») remplace l’élément A (« les familles engageant une servante »). Effet de style : le généralisation souligne l’efficacité et le dévouement de la servante.
Exercice. Repérez d’autres synecdoques dans les extraits étudiés et expliquez leurs effets de style.

·      Métonymie
La métonymie est fondée sur la substitution selon un rapport de contiguïou de cause à l’effet entre A et B.
Parmi les rapports de contiguïté, l'on cite souvent : le contenant pour le contenu (boire un verre pour boire ce qu'il y a dans ce verre), l'objet pour la personne (le trombone pour joueur de trombone), le lieu pour l'objet fait dans ce lieu (un bordeaux pour un vin de Bordeaux), la matière pour l'objet (un jean pour un pantalon fait de ce tissu), le nom propre pour un objet créé par la personne (lire un Camus pour un livre de Camus).
Exemple d’analyse d’une métonymie :
l.86 La métonymie « ne dormir que d'une oreille » est fondée sur le rapport de cause pour l'effet : « dormir en veillant ; en entendant tous les mouvements de la maison ». L’emploi du mot « oreille » évoque les expressions : « dresser l’oreille, tendre l’oreille » (comme un animal).
Exercice. Repérez d’autres métonymies dans les extraits étudiés et expliquez leurs effets de style.

·      Énumération
L’énumération est très proche de l’accumulation dont elle se différencie parce qu’elle a une fin nette, elle classe et inventorie. Un système particulier de ponctuation ( :, –) la souligne.
Effets créés : l’impression de l’abondance d’objets ou d’êtres, de l’amplification, de la variété et même de l’excès.
Exemple d’analyse d’une énumération :
l.29-35 « Nanon faisait tout : 1/ elle faisait la cuisine, 2/ elle faisait les buées, 3/ elle allait laver le linge à la Loire [...] ; 4/ elle se levait au jour, se couchait tard; 5/ faisait à manger à tous les vendangeurs pendant les récoltes, 6/ surveillait les halleboteurs; 7/ défendait [...] le bien de son maître; 8/ enfin, [...] elle obéissait sans murmure à ses fantaisies les plus saugrenues. » Effet de style : L’énumération des tâches exécutées par Nanon souligne la dureté de son servage chez Grandet.
Exercice. Repérez d’autres énumérations dans les extraits étudiés et expliquez leurs effets de style.

LE SENS de l’extrait

1. Présentez le personnage de la Grande Nanon.
2. Présentez le personnage de Grandet.
3. Quelles ressemblances trouvez-vous entre le maître et la servante (nom, portrait, caractère, comportement, etc.)
4. Parlez des relations entre le maître et la servante.
5. Montrez comment l’extrait incarne le thème de l’avarice.

Exercices de lexique
1. Remplacez les mots en italique par des synonymes :
·      II avisa cette fille, rebutée de porte en porte.
·      une probité vigoureuse ; ses fantaisies les plus saugrenues
·      lors de la fameuse année
·      couper le pain avec parcimonie
·      les maîtres n'en recevaient néanmoins aucun contentement
·      une espèce de bouge
·      un visage martial
·      rudoyer une servante
·      une figure repoussante
·      cette pitié avait je ne sais quoi d'horrible

2. Trouvez les antonymes des mots suivants :
équivoque f ; accumuler ; confiance f ; courage m ; femelle f ; rebuter ; reconnaissance f ; avare

3. Donnez les significations du mot « collier » dans les expressions suivantes. Traduisez-les en ukrainien.
Collier de perles. Collier de chien. Mettre une chèvre au collier. Donner un coup de collier. Reprendre le collier. Chat noir avec un collier blanc. Collier de mouton. Collier de serrage.

4. Quel est le sens du mot « renoncer » dans les expressions suivantes :
Renoncer au pouvoir. Renoncer à un travail. Renoncer à une habitude. Renoncer au tabac.

5. Dans quel sens est employé le verbe « serrer » dans les expressions suivantes? Trouvez ses synonymes et traduisez ces phrases en ukrainien.
Serrer la main à qqn. Serrer le cou. Serrer une femme dans ses bras. Cela me serre le cœur. Serrer les rangs. Les lèvres serrées. Ce pantalon te serre trop. Serrer un nœud. Se serrer la ceinture. Serrer les prix.. Serrer une vis. Le bus a serré le cycliste contre le trottoir. Se serrer l'un contre l'autre.

6. Que signifie le mot « pouce » dans le texte? Quelles sont d'autres significations de ce mot ? Comment dire en ukrainien:
Saisir entre le pouce et l'index. Manger un morceau sur le pouce. Se tourner, se rouler les pouces. Donner le coup de pouce. Partir en pouce. Ne pas reculer, bouger, avancer d'un pouce. Et le pouce.

7. Précisez la différence dans le sens du verbe « refuser » en utilisant ses synonymes:
·      refuser qch
·      refuser qch à qqn
·      refuser de faire qch
·      se refuser qch
·      se refu­ser à faire qch
Décliner qch, défendre qch, rejeter qch, se rebeller, se révolter, se défendre, ne pas admettre, ne pas consentir à f. qch.

8. Donnez les adjectifs des mots suivants :
voir ; coûter ; aviser ; parcimonie ; plaindre ; rire ; ignorer ; jour; piquer; famille

9. Traduisez les expressions avec le mot « garde » :
Бути під чиїмсь доглядом ; бути комусь захистом ; доглядати дитину ; почесна варта ; особиста охорона ; кінна гвардія; вартувати ; бути насторожі ; остерігатися ; лісник.

10. Mettez les prépositions qui conviennent, s'il le faut :
1. En vieillissant, Jean Valjean pensait souvent... l'avenir de Cosette.
2. Cosette s'attacha sincèrement... Jean Valjean qui tâchait toujours... lui faire plaisir.
3. Dès son enfance Eugénie était accoutumée... les privations.
4. M. Gran­det enferma Eugénie et ne lui permit pas... sortir de sa chambre.
5. Eugénie obéissait toujours.... ses parents.
6. Mme Grandet se plaignit.... M. Cruchot... la conduite de son mari.
7. Eugénie n'avait jamais reproché... son père son avarice.
8. Nanon était capable... se faire tuer pour ses maîtres.
9. Nanon participait toujours... toutes les fêtes de la famille Grandet.
10. Grandet décida que l'affaire était avantageuse et qu'il ne valait pas la peine... marchander.

11. Faites entrer dans des phrases ces expressions en parlant de la Grande Nanon:
tirer parti de ; mettre en garde contre ; les inflexions de la voix ; aviser ; saugrenu ; lors de ; parcimonie ; un teint de brique ; être capable de ; avoir une confiance en qn.

12. Traduisez par écrit :
1. Нанон вважалася найкращою служницею Сомюра, й усе місто заздрило подружжю Ґранде.
2. Вона завзято відкладала гроші протягом всього свого життя, завдяки чому вона мала шматок хліба на старість.
3. У Нанон була широка спина, дужі стегна, мускулисті руки – відчувалося, що вона володіла великою фізичною силою.
4. Ні бородавки на цьому обличчі воїна, ні цегляний колір шкіри, ні жиляві руки, ні лахміття Нанон не злякали бондаря, який в цей час мав намір обзавестися господарством і шукав дешеву служницю.
5. Проникливий пан Ґранде помітив Нанон і оцінив її фізичну силу.
6. Нанон ніколи не жалілась на скупість Ґранде, вона завжди схвалювала всі його вчинки й без нарікань підкорялася його найнедоладнішим примхам.
7. Пан Ґранде був щиро прив’язаний до своєї служниці та завжди наводив її усім у приклад.
8. Нанон була членом родини Ґранде: вона вела усе господарство, наглядала за збором винограду, а ввечері пряла прядиво.
9. Чесність Нанон та її відданість сімейству Ґранде були знані у всьому місті.
10. Зовні спокійний пан Ґранде радів при думці, що його квартальний прибуток допоможе йому в торгових справах.
11. Ґранде вирішив отримати зиск із тяжкого становища свого племінника, купивши у нього всі його коштовності за півціни.

13.Thème:
У двадцять два роки бідна дівчина ніде не могла влаштуватися працювати, така відразлива була у неї зовнішність; а насправді це враження було дуже несправедливе: аби її голова була на плечах гвардійського гренадера, нею б захоплювалися; та, як кажуть, всьому своє місце. Після пожежі Нанон змушена була покинути ферму, де вона доглядала корів, і податися у Сомюр з незламною рішучістю не гребувати ніякою роботою. В той час пан Ґранде подумував про одруження й хотів уже налагоджувати своє господарство. Він нагледів цю дівчину, котру спроваджували від дверей до дверей. Вміючи, як справжній бондар, оцінити фізичну силу, він зрозумів, яку вигоду можна мати від істоти жіночої статі геркулесової будови, міцної на ногах, як шістдесятирічний дуб на своєму корінні, з дужими стегнами, широкою спиною, з руками биндюжника і з непохитною чесністю, як її незаймана цнотливість. Ні бородавки на цьому обличчі воїна, ні цегляний колір шкіри, ні жилаві руки, ні лахміття Нанон не злякали бондаря, який був ще у тому віці, коли серце може трепетати. Отож він одяг, узув і нагодував бідолашну дівчину, дав їй платню та не попихав нею надміру. 

TEXTE COMPLÉMENTAIRE

Monsieur Grandet
D'ailleurs, quatre phrases exactes autant que des formules algébriques lui servaient habituellement à embrasser, à résoudre toutes les difficultés de la vie et du commerce : "Je ne sais pas, je ne puis pas, je ne veux pas, nous verrons cela". Il ne disait jamais ni oui ni non, et n'écrivait point. Lui parlait-on? il écoutait froidement, se tenait le menton dans la main droite en appuyant son coude droit sur le revers de la main gauche; et se formait en toute affaire des opinions desquelles il ne revenait point. Il méditait longuement les moindres marchés. Quand, après une savante conversation, son adversaire lui avait livré le secret de ses prétentions en croyant le tenir, il lui répondait : "Je ne puis rien conclure sans avoir consulté ma femme". Sa femme, qu'il avait réduite à un ilotisme complet, était en affaires son paravent le plus commode. Il n'allait jamais chez personne, ne voulait ni recevoir ni donner à dîner; il ne faisait jamais de bruit, et semblait économiser tout, même le mouvement. Il ne dérangeait rien chez les autres par un respect constant de la propriété. Néanmoins, malgré la douceur de sa voix, malgré sa tenue circonspecte, le langage et les habitudes du tonnelier perçaient, surtout quand il était au logis, où il se contraignait moins que partout ailleurs.
Au physique, Grandet était un homme de cinq pieds, trapu, carré, ayant des mollets de douze pouces de circonférence, des rotules noueuses et de larges épaules; son visage était rond, tanné, marqué de petite vérole; son menton était droit, ses lèvres n'offraient aucune sinuosité, et ses dents étaient blanches; ses yeux avaient l'expression calme et dévoratrice que le peuple accorde au basilic, son front, plein de rides transversales, ne manquait pas de protubérances significatives; ses cheveux jaunâtres et grisonnants étaient blanc et or, disaient quelques jeunes gens qui ne connaissaient pas la gravité d'une plaisanterie faite sur monsieur Grandet. Son nez, gros par le bout, supportait une loupe veinée que le vulgaire disait, non sans raison, pleine de malice. Cette figure annonçait une finesse dangereuse, une probité sans chaleur, l'égoïsme d'un homme habitué à concentrer ses sentiments dans la jouissance de l'avarice et sur le seul être qui lui fût réellement de quelque chose, sa fille Eugénie, sa seule héritière. Attitude, manières, démarche, tout en lui, d'ailleurs, attestait cette croyance en soi que donne l'habitude d'avoir toujours réussi dans ses entreprises. Aussi, quoique de mœurs faciles et molles en apparence, monsieur Grandet avait-il un caractère de bronze.
Toujours vêtu de la même manière, qui le voyait aujourd'hui le voyait tel qu'il était depuis 1791. Ses forts souliers se nouaient avec des cordons de cuir; il portait en tout temps des bas de laine drapés, une culotte courte de gros drap marron à boucles d'argent, un gilet de velours à raies alternativement jaunes et puces, boutonné carrément, un large habit marron, à grands pans, une cravate noire et un chapeau de quaker. Ses gants, aussi solides que ceux des gendarmes, lui duraient vingt mois et, pour les conserver propres, il les posait sur le bord de son chapeau à la même place, par un geste méthodique. Saumur ne savait rien de plus sur ce personnage.
·      Le comportement de M. Grandet en affaires et dans la société comme le choix de ses vêtements sont dictés par un souci, lequel ?
·      Faites la synthèse « Le Portrait de M. Grandet» d’après les deux extraits.

Traduisez en français :
Бальзак і Україна

Оноре де Бальзак двічі відвідав Україну (у 1847-1848 і 1848-1850 рр.). Загалом він провів тут більше двох років. Окрім Верхівні письменник побував у Бердичеві, Києві та інших містах. Перебування в Україні дало йому можливість ознайомитися зі слов'янським світом, до якого він виявляв інтерес. У листах на батьківщину Бйльзак відзначав багатства цього краю.
Українська тема була дуже популярною серед західноєвропейських письменників першої половини XIX ст. До неї зверталися Дж. Байрон, В. Гюго, П. Меріме, мадам де Сталь, А. Міцкевич та ін. Але якщо увагу романтиків привертав у першу чергу національний колорит, то Бальзака цікавило соціальне життя. Листуючись з Е. Ганською та перебуваючи у її маєтку, він цікавився життям українських селян. У незавершеному нарисі "Лист про Київ" письменник змальовує враження від першої подорожі в Україну у вересні 1847 р. Йому запам'яталися мальовничі села, родючі ниви і веселі селяни. "Всюди, – зазначає він, – я бачив групи селян і селянок, які йшли на роботу або поверталися додому, дуже весело, безтурботною ходою і майже завжди з піснями". Життя українського селянина Бальзак сприйняв як ідилію. Він вважав, що селянину, який перебуває під опікою поміщика, не стане краще, якщо він звільниться від неї й отримуватиме платню, як на той час французький селянин. Порівнюючи життя українських та французьких селян, він дійшов висновку, що на українських не позначається руйнівна дія "фінансового начала". У листах з України міститься також багато критичних зауважень щодо відсталості української економіки, невмілого ведення господарства поміщиками тощо. Українські враження знайшли відображення у романі "Селяни" (1848) – одному із підсумкових у творчості письменника.

Зв'язок з Україною не вичерпується фактами перебування письменника на її території. Його творчість стала відомою тут ще раніше завдяки російським перекладам, які почали з'являтися майже одночасно з французькими виданнями. З творами Бальзака був добре обізнаний Т. Шевченко, про що свідчать посилання на них у його повістях. І. Франко охарактеризував творця "Людської комедії" як одного з найвидатніших представників реалістичної традиції у французькій та європейській літературі.

Немає коментарів:

Дописати коментар

Примітка: лише член цього блогу може опублікувати коментар.