Littérature
française du XXe siècle = Французька література ХХ століття: У 2 ч. / Укл. Г.Ф. Драненко, О.О. Матвєєва. – Чернівці: Рута, 2007. –
Частина 1. – 88 с.
DOSSIER 4. PAUL VALERY (1871-1945)
Sa vie et son œuvre
Né d'un père d'origine
corse et d'une mère génoise, Paul Valéry fait ses études primaires à Sète
(alors orthographiée Cette) chez les Dominicains, puis ses études secondaires
au lycée de Montpellier. Il commence en 1889 des études de droit. Cette même
année, il publie ses premiers vers dans la Revue maritime de Marseille. Sa
poésie de cette époque s'inscrit dans la mouvance symboliste.
Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1892, il connaît à Gênes ce qu'il décrit
comme une grave crise existentielle. Il sort résolu à répudier les idoles de la
littérature, de l'amour, de l'imprécision, pour consacrer l'essentiel de son
existence à ce qu'il nomme la vie de l'esprit. En témoignent les Cahiers dans lesquels il s'astreint à
noter toutes ses réflexions au petit matin. « Après quoi, ajoute-t-il en
manière de boutade, ayant consacré ces heures à la vie de l'esprit, je me sens
le droit d'être bête le reste de la journée ». Quoi qu'il en soit, Paul
Valéry indique à plusieurs reprises considérer cette nuit comme sa véritable
origine, le début de sa vie mentale.
En 1894, il s'installe à
Paris, où il commence à travailler comme rédacteur au ministère de la Guerre.
Il reste distant de l'écriture poétique pour se consacrer à la connaissance de
soi et du monde. Il s'affaire chaque matin aux petites heures à la rédaction de
ses Cahiers, journal intellectuel et
psychologique dont l'essentiel n'est publié qu'après sa mort.
En 1917, sous
l'influence de Gide notamment, il revient à la poésie avec La Jeune Parque, publié chez Gallimard. Un autre grand poème suit
quelques années plus tard: Le Cimetière
marin (1920), puis un recueil, Charmes (1922). Influencé par Stéphane
Mallarmé, Paul Valéry privilégia toujours dans sa poésie la maîtrise formelle
sur le sens et l'inspiration.
Après la Première Guerre
Mondiale, Paul Valéry devient une sorte de « poète officiel »,
immensément célèbre — peu dupe, il s'en amuse — et comblé d'honneurs. En 1924
il devient président du Pen Club français, puis il est élu membre de l’Académie
Française l'année suivante. En 1932, il entre au conseil des musées nationaux;
en 1933, il est nommé administrateur du Centre universitaire méditerranéen de
Nice; en 1936, il est nommé président de la Commission de synthèse de la
coopération culturelle pour l'exposition universelle; en 1937, on crée pour lui
la chaire de poétique au Collège de France; en 1939, enfin, il devient
président d'honneur de la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs
de musique).
Son œuvre véritable,
pendant ce temps, continue toujours dans l'ombre. La profondeur des réflexions
qu'il a émises dans des ouvrages exigeants (Introduction
à la méthode de Léonard de Vinci, La soirée avec monsieur Teste), ses
réflexions sur le devenir de la civilisation (Regards sur le monde actuel) et sa vive curiosité intellectuelle en
ont fait un interlocuteur de Raymond Poincaré, Henry Bergson, Albert Einstein.
Sous l'Occupation, Paul
Valéry, refusant de collaborer, perd son poste d'administrateur du Centre
universitaire de Nice. Il meurt le 20 juin 1945, quelques semaines après la fin
de la Seconde Guerre Mondiale. Après des funérailles nationales à la demande de
Charles de Gaulle, il est inhumé à Sète, au cimetière marin qu'il avait célébré
dans son poème:
Ce toit tranquille, où
marchent des colombes,
Étude du poème Les pas
Ce poème fait partie du
recueil « Charmes » (1922).
« Les pas » peuvent
s’interpréter de deux manières différentes, mais complémentaires:
1) attente amoureuse
(l’émotion d’un homme durant les instants qui précèdent le retour de la femme
aimée);
2) cette femme est la
Muse du poète (son approche est la naissance de l’Inspiration).
La liberté de choix est
offerte entre les deux interprétations au lecteur.
Les pas
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n'était que vos pas.
Extrait de Charmes de Paul Valéry
Pour faire le commentaire du poème, répondez aux
questions:
1. Étude du lexique
·
A l’aide de quels mots est suggérée l’arrivée
de la femme aimée (la Muse) ?
·
Comment s’exprime l’émotion du poète ?
2. Structure du texte
·
Repérez les deux grands mouvements du poème.
·
Comment se subdivisent-ils à leur tour ?
3. Les thèmes
·
Cherchez l’illustration du thème de l’attente
amoureuse.
·
Comment est exprimé le thème du bonheur
d’attendre ?
4. Le symbolisme de
l’inspiration
·
Décodez les symboles du poème.
5. Les images
·
Repérez les trois métaphores dominantes du
texte, expliquez-les.
·
Déchiffrez la périphrase « l’habitant de
ma pensée ».
Texte complémentaire
Dans cet extrait d'une
conférence donnée à Paris le 15 février 1934 Paul Valéry évoque son enfance à
Sète en mettant l'accent su la mer, le port... et la lumière.
Inspirations
méditerranéennes
Je suis né dans un port
de moyenne importance, établi au fond d'un golfe, au pied d'une colline; dont
la masse de roc se détache de la ligne générale du rivage. Ce roc serait une
île si deux bancs de sable – d'un sable incessamment charrié et accru par les
courants marins qui, depuis l'embouchure du Rhône, refoulent vers l'ouest la
roche pulvérisée des Alpes – ne le reliaient ou ne l'enchaînaient à la côte du
Languedoc. La colline s'élève donc entre la mer et un étang très vaste, dans
lequel commence – ou s'achève le canal du Midi. Le port qu'elle domine est
formé de bassins et des canaux qui font communiquer cet étang avec la mer.
Tel est mon site
originel, sur lequel je ferai cette réflexion naïve que je suis né dans un de
ces lieux où j'aurais aimé de naître. Je me félicite d'être né en un point tel
que mes premières impressions aient été celles que l'on reçoit face à la mer et
au milieu de l'activité des hommes. Il n'est pas de spectacle pour moi qui
vaille ce que l'on voit d'une terrasse ou d'un balcon bien placé au-dessus d'un
port. Je passerais mes jours à regarder ce que Joseph Vernet, peintre de belles
marines, appelait les différents travaux d'un port de mer. L'œil, dans ce poste
privilégié, possède le large dont il s'enivre et la simplicité générale de la
mer, tandis que la vie et l'industrie humaines, qui trafiquent, construisent,
manoeuvrent tout auprès, lui apparaissent d'autre part. L’œil peut se reporter,
à chaque instant, à la présence d'une nature éternellement primitive, intacte,
inaltérable, par l'homme, constamment et visiblement soumise aux forces
universelles, et il en reçoit une vision identique à celle que les premiers
êtres ont reçue. Mais ce regard, se rapprochant de la terre, y découvre
aussitôt, d'abord l’œuvre irrégulière du
temps, qui façonne indéfiniment le rivage, et puis l’œuvre réciproque des
hommes dont les constructions accumulées, les formes géométriques qu'ils
emploient, la ligne droite, les plans ou les arcs s'opposent au désordre et aux
accidents des formes naturelles, comme les flèches, les tours et les phares
qu'ils élèvent opposent aux figures de chute et d'écroulement de la nature
géologique la volonté contraire d'édification, le travail volontaire, et comme
rebelle, de notre race.
L’œil ainsi embrasse à
la fois l'humain et l'inhumain. C'est là ce qu'a ressenti et magnifiquement
exprimé le grand Claude Lorrain, qui, dans le style le plus noble, exalte
l'ordre et la splendeur idéale des grands ports de la Méditerranée: Gênes,
Marseille ou Naples transfigurées, l'architecture du décor, les profils de la
terre, la perspective des eaux, se composant comme la scène d'un théâtre où ne
viendrait agir, chanter, mourir parfois qu'un seul personnage: LA LUMIÈRE [...]
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