Manuel pour les étudiants de la ІІІe année Dossier 8.

GALYNA DRANENKO
Littérature française du XIX° siècle. Lecture analytique


DOSSIER 8.   Guy de Maupassant (1850-1893) 

Introduction

Étude de la nouvelle La Rempailleuse

Séquence narrative 1.

La Rempailleuse
à Léon Hennique

C'était la fin du dîner d'ouverture de chasse chez le marquis de Bertrans. Onze chasseurs, huit jeunes femmes et le médecin du pays étaient assis autour de la grande table illuminée, couverte de fruits et de fleurs.
On vint à parler d'amour, et une grande discussion s'éleva, l'éternelle discussion, pour savoir si on pouvait aimer vraiment une fois ou plusieurs fois. On cita des exemples de gens n'ayant jamais eu qu'un amour sérieux ; on cita aussi d'autres exemples de gens ayant aimé souvent, avec violence. Les hommes, en général, prétendaient que la passion, comme les maladies, peut frapper plusieurs fois le même être, et le frapper à le tuer si quelque obstacle se dresse devant lui. Bien que cette manière de voir ne fût pas contestable, les femmes, dont l'opinion s'appuyait sur la poésie bien plus que sur l'observation, affirmaient que l'amour, l'amour vrai, le grand amour, ne pouvait tomber qu'une seule fois sur un mortel, qu'il était semblable à la foudre, cet amour, et qu'un cœur touché par lui demeurait ensuite tellement vidé, ravagé, incendié, qu'aucun autre sentiment puissant, même aucun rêve, n'y pouvait germer de nouveau.
Le marquis, ayant aimé beaucoup, combattait vivement cette croyance :
— Je vous dis, moi, qu'on peut aimer plusieurs fois avec toutes ses forces et toute son âme. Vous me citez des gens qui se sont tués par amour, comme preuve de l'impossibilité d'une seconde passion. Je vous répondrai que, s'ils n'avaient pas commis cette bêtise de se suicider, ce qui leur enlevait toute chance de rechute, ils se seraient guéris ; et ils auraient recommencé, et toujours, jusqu'à leur mort naturelle. Il en est des amoureux comme des ivrognes. Qui a bu boira — qui a aimé aimera. C'est une affaire de tempérament, cela.
On prit pour arbitre le docteur, vieux médecin parisien retiré aux champs, et on le pria de donner son avis.
Justement il n'en avait pas :
— Comme l'a dit le marquis, c'est une affaire de tempérament; quant à moi, j'ai eu connaissance d'une passion qui dura cinquante-cinq ans sans un jour de répit, et qui ne se termina que par la mort.
La marquise battit des mains.
— Est-ce beau cela ! Et quel rêve d'être aimé ainsi ! Quel bonheur de vivre cinquante-cinq ans tout enveloppé de cette affection acharnée et pénétrante ! Comme il a dû être heureux et bénir la vie celui qu'on adora de la sorte !
Le médecin sourit :
— En effet, Madame, vous ne vous trompez pas sur ce point, que l'être aimé fut un homme. Vous le connaissez, c'est M. Chouquet, le pharmacien du bourg. Quant à elle, la femme, vous l'avez connue aussi, c'est la vieille rempailleuse de chaises qui venait tous les ans au château. Mais je vais me faire mieux comprendre.
L'enthousiasme des femmes était tombé ; et leur visage dégoûté disait : "Pouah !", comme si l'amour n'eût dû frapper que des êtres fins et distingués, seuls dignes de l'intérêt des gens comme il faut.

Fiche de vocabulaire 1.

Mot
Explications, exemples d’emploi

Synonymes
En ukrainien
frapper
Atteindre quelqu'un en le soumettant à l'épreuve de quelque malheur (mort, maladie, etc.) ou en lui infligeant quelque châtiment.
affecter
attaquer
châtier
punir
настигнути
croyance (f)
Assentiment que donne l'esprit, sans réflexion personnelle et sans examen approfondi.
opinion
dogme

affection (f)
Attachement intime et durable qu'une personne éprouve pour une autre personne (sans considération d'âge ni de sexe).
Sentiment désintéressé, moins vif que l'amour, et plus tendre que l'amitié.
attachement
dévotion
passion

acharné
Acharner comporte toujours l'idée d'obstination, appliquée à une entreprise quelconque.
tenace
persévérant
frénétique

pénétrant
Ce qui est pénétrant, qui affecte profondément. 
perçant
violent

rempailleur (m)
paille (f)
Personne qui rempaille les chaises par profession.
Rempailler : refaire en paille le fond de quelque chose (généralement d'un siège).
Paille (f) : Ensemble de tiges de céréales coupées et dépouillées de leur grain. Paille filée et tressée que l'on utilise pour la garniture de sièges.
La paille fig. : Chose insignifiante. 
De paille : Qui est dépourvu d'importance, de consistance; qui est dénué de valeur.
Se mettre sur la paille : causer sa propre ruine.
перебивник (стільців)
перебивати
солома

Compréhension de la séquence 1.

1. Lisez et traduisez la séquence.
2. Relevez le champ lexical des sentiments :

Noms
Adjectifs+ p.p.
Verbes
amour
aimé
frapper


 
3. En quoi consiste la discussion ? Quelle est la différence entre les opinions des femmes et celles des hommes ?

Séquence narrative 2.

Le médecin reprit :
— J'ai été appelé, il y a trois mois, auprès de cette vieille femme, à son lit de mort. Elle était arrivée, la veille, dans la voiture qui lui servait de maison, traînée par la rosse que vous avez vue, et accompagnée de ses deux grands chiens noirs, ses amis et ses gardiens. Le curé était déjà là. Elle nous fit ses exécuteurs testamentaires, et, pour nous dévoiler le sens de ses volontés dernières, elle nous raconta toute sa vie. Je ne sais rien de plus singulier et de plus poignant.
Son père était rempailleur et sa mère rempailleuse. Elle n'a jamais eu de logis planté en terre.
Toute petite, elle errait, haillonneuse, vermineuse, sordide. On s'arrêtait à l'entrée des villages, le long des fossés ; on dételait la voiture ; le cheval broutait ; le chien dormait, le museau sur ses pattes ; et la petite se roulait dans l'herbe pendant que le père et la mère rafistolaient, à l'ombre des ormes du chemin, tous les vieux sièges de la commune. On ne parlait guère dans cette demeure ambulante. Après les quelques mots nécessaires pour décider qui ferait le tour des maisons en poussant le cri bien connu : "Remmmpailleur de chaises !", on se mettait à tortiller la paille, face à face ou côte à côte. Quand l'enfant allait trop loin ou tentait d'entrer en relations avec quelque galopin du village, la voix colère du père la rappelait : "Veux-tu bien revenir ici, crapule !". C'étaient les seuls mots de tendresse qu'elle entendait.
Quand elle devint plus grande, on l'envoya faire la récolte des fonds de sièges avariés. Alors elle ébaucha quelques connaissances de place en place avec les gamins ; mais c'étaient, cette fois, les parents de ses nouveaux amis qui rappelaient brutalement leurs enfants : "Veux-tu bien venir ici, polisson ! Que je te voie causer avec les va-nu-pieds !...".
Souvent les petits gars lui jetaient des pierres.
Des dames lui ayant donné quelques sous, elle les garda soigneusement.

Fiche de vocabulaire 2.

Mot
Explications, exemples d’emploi

Synonymes
En ukrainien
poignant
Qui suscite une émotion vive, violente.
bouleversant
tragique

haillonneux
Vêtu de haillons, en haillons.

guenilleux
loqueteux

vermineux
Couvert, plein de vermine, envahi par la vermine. 
très sale repoussant

sordide
D'une saleté repoussante, d'une misère extrême.

crasseux
dégoûtant
pouilleux

faire le tour
Visiter les lieux, s'y rendre successivement, en revenant sur le point du départ.

ébaucher
Commencer à établir, constituer, une chose.
engager
entamer


Compréhension de la séquence 2.

1. Lisez et traduisez la séquence.
2. Relevez les verbes qui caractérisent l’activité de la famille de la rempailleuse : par ex., « errer », « s’arrêter », etc.
3. Faites la liste des mots ayant rapport avec le métier du rempailleur.
4. Par quels qualificatifs et noms est caractérisée la petite fille ?


Séquence narrative 3.

Un jour — elle avait alors onze ans - comme elle passait par ce pays, elle rencontra derrière le cimetière le petit Chouquet qui pleurait parce qu'un camarade lui avait volé deux liards. Ces larmes d'un petit bourgeois, d'un de ces petits qu'elle s'imaginait dans sa frêle caboche de déshéritée, être toujours contents et joyeux, la bouleversèrent. Elle s'approcha, et, quand elle connut la raison de sa peine, elle versa entre ses mains toutes ses économies, sept sous, qu'il prit naturellement, en essuyant ses larmes. Alors, folle de joie, elle eut l'audace de l'embrasser. Comme il considérait attentivement sa monnaie, il se laissa faire. Ne se voyant ni repoussée, ni battue, elle recommença ; elle l'embrassa à pleins bras, à plein cœur. Puis elle se sauva.
Que se passa-t-il dans cette misérable tête ? S'est-elle attachée à ce mioche parce qu'elle lui avait sacrifié sa fortune de vagabonde, ou parce qu'elle lui avait donné son premier baiser tendre ? Le mystère est le même pour les petits que pour les grands.
Pendant des mois, elle rêva de ce coin de cimetière et de ce gamin. Dans l'espérance de le revoir, elle vola ses parents, grappillant un sou par-ci, un sou par-là, sur un rempaillage, ou sur les provisions qu'elle allait acheter.
Quand elle revint, elle avait deux francs dans sa poche, mais elle ne put qu'apercevoir le petit pharmacien, bien propre, derrière les carreaux de la boutique paternelle, entre un bocal rouge et un ténia.
Elle ne l'en aima que davantage, séduite, émue, extasiée par cette gloire de l'eau colorée, cette apothéose des cristaux luisants.
Elle garda en elle son souvenir ineffaçable, et, quand elle le rencontra, l'an suivant, derrière l'école, jouant aux billes avec ses camarades, elle se jeta sur lui, le saisit dans ses bras, et le baisa avec tant de violence qu'il se mit à hurler de peur. Alors, pour l'apaiser, elle lui donna son argent : trois francs vingt, un vrai trésor, qu'il regardait avec des yeux agrandis.
Il le prit et se laissa caresser tant qu'elle voulut.
Pendant quatre ans encore, elle versa entre ses mains toutes ses réserves, qu'il empochait avec conscience en échange de baisers consentis. Ce fut une fois trente sous, une fois deux francs, une fois douze sous (elle en pleura de peine et d'humiliation, mais l'année avait été mauvaise) et la dernière fois, cinq francs, une grosse pièce ronde, qui le fit rire d'un rire content.
Elle ne pensait plus qu'à lui ; et il attendait son retour avec une certaine impatience, courait au-devant d'elle en la voyant, ce qui faisait bondir le cœur de la fillette.
Puis il disparut. On l'avait mis au collège. Elle le sut en interrogeant habilement. Alors elle usa d'une diplomatie infinie pour changer l'itinéraire de ses parents et les faire passer par ici au moment des vacances. Elle y réussit, mais après un an de ruses. Elle était donc restée deux ans sans le revoir ; et elle le reconnut à peine, tant il était changé, grandi, embelli, imposant dans sa tunique à boutons d'or. Il feignit de ne pas la voir et passa fièrement près d'elle.
Elle en pleura pendant deux jours ; et depuis lors elle souffrit sans fin.
 Tous les ans elle revenait ; passait devant lui sans oser le saluer et sans qu'il daignât même tourner les yeux vers elle. Elle l'aimait éperdument. Elle me dit : "C'est le seul homme que j'aie vu sur la terre, monsieur le médecin ; je ne sais pas si les autres existaient seulement". Ses parents moururent. Elle continua leur métier, mais elle prit deux chiens au lieu d'un, deux terribles chiens qu'on n'aurait pas osé braver.
Un jour, en revenant dans ce village où son cœur était resté, elle aperçut une jeune femme qui sortait de la boutique Chouquet au bras de son bien-aimé. C'était sa femme. Il était marié.
Le soir même, elle se jeta dans la mare qui est sur la place de la Mairie. Un ivrogne attardé la repêcha, et la porta à la pharmacie. Le fils Chouquet descendit en robe de chambre, pour la soigner, et, sans paraître la reconnaître, la déshabilla, la frictionna, puis il lui dit d'une voix dure : "Mais vous êtes folle ! Il ne faut pas être bête comme ça !".
Cela suffit pour la guérir. Il lui avait parlé ! Elle était heureuse pour longtemps.
Il ne voulut rien recevoir en rémunération de ses soins, bien qu'elle insistât vivement pour le payer.
Et toute sa vie s'écoula ainsi. Elle rempaillait en songeant à Chouquet. Tous les ans, elle l'apercevait derrière ses vitraux. Elle prit l'habitude d'acheter chez lui des provisions de menus médicaments. De la sorte elle le voyait de près, et lui parlait, et lui donnait encore de l'argent.

Fiche de vocabulaire 3.

Mot
Explications, exemples d’emploi

Synonymes
En ukrainien
caboche (f)
Fam. Tête. 
Grosse caboche.
tête
ciboulot

déshérité
Qui a été frustré de sa part d'héritage.
Fig. Privé d'avantages matériels ou intellectuels qui sont le lot des autres hommes.
privé
misérable

à pleins bras
Entre ses bras ouverts.
Saisir, prendre qn à pleins bras.
Travailler à pleins bras. Travailler beaucoup.


grappiller
Amasser (de l'argent) peu à peu, de façon plus ou moins honnête. 
gratter

bocal (m)
Récipient cylindrique de verre, de grès, etc., à col très court et à large ouverture, d'usage domestique, scientifique ou technique. 
Bocal de mirabelles à l'eau-de-vie; bocal (rempli) d'esprit-de-vin; bocal de fœtus.
récipient

verser
Remettre de l’argent à qn.
donner
mettre

réserve (f)
Quantité mise de côté en vue d'un usage ultérieur au moment nécessaire.
provision
économies

empocher
Mettre en poche.
S'approprier avec avidité et empressement.
Empocher de l'argent; empocher une somme, un bénéfice, un gain, des intérêts. 
recevoir
s'approprier de


en échange de
Pour prix de; à la place de. 



humiliation (f)
Fait d'être humilié.
Humilier : faire apparaître quelqu'un  comme inférieur, méprisable, par des paroles ou des actes qui sont interprétés comme abaissant sa dignité.
abaissement
outrage

user de
Utiliser quelque chose de façon à obtenir un effet déterminé, la satisfaction d'un besoin. 
employer
avoir recours à
se servir de

itinéraire (m)
Chemin, route à suivre ou suivie pour aller d'un lieu à un autre.
trajet
chemin
parcours

depuis lors
Depuis ce temps-là, depuis ce moment-là/ce jour-là (dans le passé).


mare (f)
Petite étendue d'eau stagnante, dans une dépression naturelle ou artificielle, de faible profondeur.
Loc. En mare. Abondamment. Couler en mare.
étang
lac
flaque

repêcher
Retirer de l'eau (ce qui y est tombé, ce qu'on y a mis). 
Repêcher un cadavre, un noyé.
secourir

frictionner
Frotter rapidement et énergiquement (une partie du corps) à des fins thérapeutiques.
frotter
masser

rémunération (f)
Prix d'un travail fourni ou de services rendus;  la somme d'argent correspondante. 
rétribution


Compréhension de la séquence 3.

1. Lisez et traduisez la séquence.
2. Résumez l’histoire de la séquence.
3. Repérez le champ lexical des sentiments et celui de l’argent. Lequel d’entre eux prédomine ?
4. Quelles gestes a fait la rempailleuse pour attirer l’attention de Chouquet ?
5. Quelle a été sa réaction ?


Séquence narrative 4.

Comme je vous l'ai dit en commençant, elle est morte ce printemps. Après m'avoir raconté toute cette triste histoire, elle me pria de remettre à celui qu'elle avait si patiemment aimé toutes les économies de son existence, car elle n'avait travaillé que pour lui, disait-elle, jeûnant même pour mettre de côté, et être sûre qu'il penserait à elle, au moins une fois, quand elle serait morte.
Elle me donna donc deux mille trois cent vingt-sept francs. Je laissai à M. le curé les vingt-sept francs pour l'enterrement, et j'emportai le reste quand elle eut rendu le dernier soupir.
Le lendemain, je me rendis chez les Chouquet. Ils achevaient de déjeuner, en face l'un de l'autre, gros et rouges, fleurant les produits pharmaceutiques, importants et satisfaits.
On me fit asseoir ; on m'offrit un kirsch, que j'acceptai ; et je commençai mon discours d'une voix émue, persuadé qu'ils allaient pleurer.
    Dès qu'il eut compris qu'il avait été aimé de cette vagabonde, de cette rempailleuse, de cette rouleuse, Chouquet bondit d'indignation, comme si elle avait volé sa réputation, l'estime des honnêtes gens, son honneur intime, quelque chose de délicat qui lui était plus cher que la vie.
Sa femme, aussi exaspérée que lui, répétait : "Cette gueuse ! cette gueuse ! cette gueuse!...". Sans pouvoir trouver autre chose.
Il s'était levé ; il marchait à grands pas derrière la table, le bonnet grec chaviré sur une oreille. Il balbutiait : "Comprend-on ça, docteur ? Voilà de ces choses horribles pour un homme ! Que faire, Oh ! si je l'avais su de son vivant, je l'aurais fait arrêter par la gendarmerie et flanquer en prison. Et elle n'en serait pas sortie, je vous en réponds !".
Je demeurais stupéfait du résultat de ma démarche pieuse. Je ne savais que dire ni que faire. Mais j'avais à compléter ma mission. Je repris : "Elle m'a chargé de vous remettre ses économies, qui montent à deux mille trois cent francs. Comme ce que je viens de vous apprendre semble vous être fort désagréable, le mieux serait peut-être de donner cet argent aux pauvres".
Ils me regardaient, l'homme et la femme, perclus de saisissement.
Je tirai l'argent de ma poche, du misérable argent de tous pays et de toutes les marques, de l'or et de sous mêlés. Puis je demandai : "Que décidez-vous ?".
Madame Chouquet parla la première : "Mais puisque c'était sa dernière volonté, à cette femme... il me semble qu'il nous est bien difficile de refuser".
Le mari, vaguement confus, reprit : "Nous pourrions toujours acheter avec ça quelque chose pour nos enfants".
Je dis d'un air sec : "Comme vous voudrez".
Il reprit : "Donnez toujours, puisqu'elle vous en a chargé ; nous trouverons bien moyens de l'employer à quelque bonne œuvre".
Je remis l'argent, je saluai, et je partis.
Le lendemain Chouquet vient me trouver et, brusquement : 
— "Mais elle a laissé ici sa voiture, cette... cette femme. Qu'est-ce que vous en faites, de cette voiture ? — Rien, prenez-là si vous voulez.
— Parfait ; cela me va ; j'en ferai une cabane pour mon potager.
Il s'en allait. Je le rappelai. "Elle a laissé aussi son vieux cheval et ses deux chiens. Les voulez-vous ?". Il s'arrêta, surpris : "Ah ! non, par exemple ; que voulez-vous que j'en fasse ? Disposez-en comme vous voudrez". Et il riait. Puis il me tendit sa main que je serrai. Que voulez-vous ? Il ne faut pas, dans un pays, que le médecin et le pharmacien soient ennemis. J'ai gardé les chiens chez moi. Le curé, qui a une grande cour, a pris le cheval. La voiture sert de cabane à Chouquet ; et il a acheté cinq obligations de chemin de fer avec l'argent.
Voilà le seul amour profond que j'aie rencontré, dans ma vie".
Le médecin se tut.
Alors la marquise, qui avait des larmes dans les yeux, soupira :
— "Décidément, il n'y a que les femmes pour savoir aimer !".
17 septembre 1882

Fiche de vocabulaire 4.

Mot
Explications, exemples d’emploi

Synonymes
En ukrainien
mettre (de l'argent)
 de côté
Épargner, faire des économies.

économiser
amasser

rendre le dernier soupir
Mourir.
rendre l’âme

chaviré
[En parlant d'un bateau] Couché sur le flanc, retourné. 
renversé

de son vivant
Pendant la vie de quelqu'un.


saisissement (m)
Fait d'être sous une impression saisissante, subite, violente; résultat de cette impression.
émotion
stupéfaction


Compréhension de la séquence 4.

1. Lisez et traduisez la séquence.
2. Quel rôle joue dans l’histoire de la rempailleuse le narrateur ?
3. De quelle mission est-il chargé auprès des Chouquet ?
4. Comment réagissent-ils ?
5. Quelle est la leçon de l’histoire racontée par le médecin ?


Exercices de lexique

1. Remplacez les mots en italique par des synonymes contextuels :

·      Quel bonheur de vivre cinquante-cinq ans tout enveloppé de cette affection acharnée et pénétrante !
·      Toute petite, elle errait, haillonneuse, vermineuse, sordide.
·      Ces larmes d'un petit bourgeois, d'un de ces petits qu'elle s'imaginait dans sa frêle caboche de déshéritée, être toujours contents et joyeux, la bouleversèrent.
·      Pendant quatre ans encore, elle versa entre ses mains toutes ses réserves, qu'il empochait avec conscience en échange de baisers consentis.
·      Alors elle usa d'une diplomatie infinie pour changer l'itinéraire de ses parents et les faire passer par ici au moment des vacances.
·      Un ivrogne attardé la repêcha, et la porta à la pharmacie.
·      Il ne voulut rien recevoir en rémunération de ses soins, bien qu'elle insistât vivement pour le payer.
·      Ils me regardaient, l'homme et la femme, perclus de saisissement.

2. Traduisez en ukrainien les expressions avec le verbe verser:

Verser du vin dans un tonneau, du thé dans une thermos, du jus de fruit dans une carafe; verser d'une bouteille dans une autre; verser un métal en fusion dans des moules; verser un baume sur une plaie, de l'eau sur les mains de qqn; verser un encrier sur un bureau; verser des larmes, verser le sang (de qqn); verser du charbon dans un poêle; verser l'or/l'argent (à pleines mains); les lustres versent leur lumière; verser ses faveurs à qqn; verser des confidences à qqn; verser qch dans le cœur, l'esprit, etc. de qqn; verser un acompte de mille francs, des arrhes, une caution; verser des intérêts, une prime; verser une pièce au dossier, un témoignage, une déclaration aux débats; être versé dans un emploi administratif; voiture qui verse dans le fossé; le vent a fait verser la moisson; verser dans l'orgueil.

3. Traduisez en français les expressions avec le mot itinéraire :

Непевний маршрут; помилитися напрямом шляху; прокласти шлях; йти вірним шляхом; вивчати дорогу; змінити курс; маршрут подорожі.

4. Le mot « réserve » est employé dans les différents domaines de la vie humaine : économie, biologie, minéralogie, droit, histoire, religion, marine, défense, muséographie, sport, arts, écologie, sciences de la terre, etc. Indiquez de quel emploi s’agit dans les expressions et les phrases suivantes. Traduisez-les :

Le niveau de nos réserves en devises est alarmant. Réserves mondiales de pétrole. Donner son accord sous réserve. La Sainte Réserve. Corps, division de réserve. Réserves coutumières. Réserve alcaline. Les réserves du Louvre.
Garder une réserve de puissance. Réserve naturelle. La réserve indienne. À imprimer en réserve blanche. 

5. Traduisez en français les expressions avec le mot « повний » :
acharné, poignant,
випити повну чашу; повний гаманець; кричати на повний голос; на повний зріст; повна голова клопоту; повна хата людей; повний порядок, в повному обсязі; при повному параді; сповнений радості.

6. Formez les substantifs à la même racine et traduisez-les :

acharné, poignant, frictionner, verser, user, grappiller, ébaucher


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