Documents complémentaires, exercices



LA CIGALE ET LA FOURMI


La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'août, foi d'animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n'est pas prêteuse ;
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
Vous chantiez ? j'en suis fort aise :
Et bien ! dansez maintenant.

Lecture analytique de La Cigale et la Fourmi








Dans Exercices de style, publié en 1947 Raymond Queneau se contraint à écrire la même histoire de 99 façons différentes.


L'histoire de base est très simple:

Un voyageur monte dans un bus, sur la plate-forme, il remarque un jeune homme au long cou qui porte un chapeau bizarre entouré d'un galon tressé. Le jeune homme se dispute avec un passager qui lui reproche de lui marcher sur les pieds chaque fois que quelqu'un monte ou descend. Puis il va s'asseoir sur un siège inoccupé. Deux heures plus tard, le voyageur revoit le jeune homme devant la gare Saint-Lazare en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.


Soulignez les mots et les expressions appartenant aux champs lexicaux respectifs en suivant les exemples :

Olfactif - l'odorat

Dans cet S méridien il y avait en dehors de l'odeur habituelle, odeur d'abbés, de décédés, d'oeufs, de geais, de haches, de ci-gîts, de cas, d'ailes, d'aime haine au pet de culs, d'airs détestés, de nus vers, de doubles vés cés, de hies que scient aides grecs, il y avait une certaine senteur de long cou juvénile, une certaine perspiration de galon tressé, une certaine âcreté de rogne, une certaine puanteur lâche et constipée tellement marquées que lorsque deux heures plus tard je passai devant la gare Saint-Lazare je les reconnus et les identifiai dans le parfum cosmétique, fashionable et tailoresque qui émanait d'un bouton mal placé.

Gustatif - le goût

Cet autobus avait un certain goût. Curieux mais incontestable. Tous les autobus n'ont pas le même goût. Ça se dit, mais c'est vrai. Suffit d'en faire l'expérience. Celui-là -- un S -- pour ne rien cacher -- avait une petite saveur de cacahouète grillée je ne vous dis que ça. La plate-forme avait un fumet spécial, de la cacahouète non seulement grillée mais encore piétinée. À un mètre soixante au-dessus du tremplin, une gourmande, mais il ne s'en trouvait pas, aurait pu lécher quelque chose d'un peu suret qui était un cou d'homme dans sa trentaine. Et à vingt centimètres encore au-dessus, il se présentait au palais exercé la rare dégustation d'un galon tressé un peu cacaoté. Nous dégustâmes ensuite le chouigne-gueume de la dispute, les châtaignes de l'irritation, les raisins de la colère et les grappes de l'amertume. Deux heures plus tard, nous eûmes droit au dessert: un bouton de pardessus... une vraie noisette...


Tactile - le toucher

Les autobus sont doux au toucher surtout si on les prend entre les cuisses et qu'on les caresse avec les deux mains, de la tête vers la queue, du moteur vers la plate-forme. Mais quand on se trouve sur cette plate-forme alors on perçoit quelque chose de plus âpre et de plus rêche qui est la tôle ou la barre d'appui, tantôt quelque chose de plus rebondi et de plus élastique qui est une fesse. Quelquefois il y en a deux, alors on met la phrase au pluriel. On peut aussi saisir un objet tubulaire et palpitant qui dégurgite des sons idiots, ou bien un ustensile aux spirales tressées plus douces qu'un chapelet, plus soyeuses qu'un fil de fer barbelé, plus veloutées qu'une corde et plus menues qu'un câble. Ou bien encore on peut toucher du doigt la connerie humaine, légèrement visqueuse et gluante à cause de la chaleur. Puis si l'on patiente une heure ou deux, alors devant une gare raboteuse, on peut tremper sa main tiède dans l'exquise fraîcheur d'un bouton de corozo qui n'est pas à sa place.

Visuel - la vue

Dans l'ensemble c'est vert avec un toit blanc, allongé, avec des vitres. C'est pas le premier venu qui pourrait faire ça, des vitres. La plate-forme c'est sans couleur, c'est moitié gris moitié marron si l'on veut. C'est surtout plein de courbes, des tas d'S pour ainsi dire. Mais à midi comme ça, heure d'affluence, c'est un drôle d'enchevêtrement. Pour bien faire faudrait étirer hors du magma un rectangle d'ocre pâle, y planter au bout un ovale pâle ocre et là-dessus coller dans les ocres foncés un galurin que cernerait une tresse de terre de Sienne brûlée et entremêlée par-dessus le marché. Puis on t'y foutrait une tache caca d'oie pour représenter la rage, un triangle rouge pour exprimer la colère et une pissée de vert pour rendre la bile rentrée et la trouille foireuse. Après ça on te dessinerait un de ces jolis petits mignons de pardingues bleu marine avec, en haut, juste en dessous de l'échancrure, un joli petit mignon de bouton dessiné au quart de poil.

Auditif - l'ouïe

Coinquant et pétaradant, l'S vint crisser le long du trottoir silencieux. Le trombone du soleil bémolisait midi. Les piétons, braillantes cornemuses, clamaient leurs numéros. Quelques-uns montèrent d'un demi-ton, ce qui suffit pour les emporter vers la porte Champerret aux chantantes arcades. Parmi les élus haletants, figurait un tuyau de clarinette à qui les malheurs des temps avaient donné forme humaine et la perversité d'un chapelier pour porter sur la timbale un instrument qui ressemblait à une guitare qui aurait tressé ses cordes pour s'en faire une ceinture. Soudain au milieu d'accords en mineur de voyageurs entreprenants et de voyajrices consentantes et des trémolos bêlants du receveur rapace éclate une cacophonie burlesque où la rage de la contrebasse se mêle à l'irritation de la trompette et à la frousse du basson. Puis, après soupir, silence, pause et double-pause, éclate la mélodie triomphante d'un bouton en train de passer à l'octave supérieure.

    Registres de langue

    Selon la situation de communication, le milieu culturel du destinataire et les buts de l’auteur, le français utilisé peut varier. Ainsi, à l’écrit distingue-t-on trois registres ( courant, soutenu, familier), véritables sous-codes de la langue.
    Le registre courant (médian) est enseigné à l’école, surveillé et un peu ... aseptisé.
    Exemple: Deux enfant de 13 et 15 ans ont tiré sur une voiture. Ils ont utilisé deux carabines volées. Avertis par le conducteur, légèrement blessé, les gendarmes ont arrêté les jeunes coupables.
    Lexique: mots usuels compris sans difficultés par les francophones, pas de figures de style (métonymie, métaphore).
    Syntaxe: phrases facilement compréhensibles, sur le modèle sujet+verbe+ complément. Passé simple et imparfait du subjonctif sont évités.
    Situations d’emploi: tous le textes informatifs (notices, circulaires, articles de vulgarisation), littérature réaliste.
    Le registre soutenu correspond au parler dit “cultivé”.
    Exemple: Deux adolescents, respectivement âgés de 13 et 15 ans, ont tiré sur une voiture avec deux carabines qu’ils avaient dérobées. Alertés par le pilote de l’automobile, qui n’était que légèrement atteint, les gendarmes ont tôt fait d’appréhender les jeunes délinquants.
    Lexique: mot rares, mots riches de connotations, figures de style.
    Syntaxe: phrases souvent complexes, avec beaucoup de subordonnées. Recherche stylistique de la variété, écarts de style ( antithèse, inversion).
    Situations d’emploi: littérature, théâtre, essais.
    Le registre familier correspond au français parlé non-surveillé.
    Exemple: Deux ados, presque des gosses — 13 et 15 ans — ont tiré sur une voiture. Avec deux carabines s’il vous plaît. Il les avaient dans doute volées. Comme, par chance, il n’a attrapé qu’un petit bobo, le conducteur de la voiture a pu avertir les pandores du secteur. Ils ont vite mis les loubards à l’ombre.
    Lexique: mots courants et mots jugés familiers, populaires, argotiques parfois, expressions imagées et pittoresques, écarts de style insolites.
    Syntaxe: ressemble à celle du français oral (phrases inachevées, juxtaposition des propositions, etc)
    Situations d’emploi: grâce à ce registre on peut introduire des effets de réel et la sensibilité et le parler populaire dans le document écrit.
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    Définissez les STYLES FONCTIONNELS. Justifiez votre réponse avec de la théorie


    Récit

    Un jour vers midi du côté du parc Monceau, sur la plate-forme arrière d'un autobus à peu près complet de la ligne S (aujourd'hui 84), j'aperçus un personnage au cou fort long qui portait un feutre mou entouré d'un galon tressé au lieu de ruban. Cet individu interpella tout à coup son voisin en prétendant que celui-ci faisait exprès de lui marcher sur les pieds chaque fois qu'il montait ou descendait des voyageurs. Il abandonna d'ailleurs rapidement la discussion pour se jeter sur une place devenue libre. Deux heures plus tard, je le revis devant la gare Saint-Lazare en grande conversation avec un ami qui lui conseillait de diminuer l'échancrure de son pardessus en en faisant remonter le bouton supérieur par quelque tailleur compétent.

    Lettre officielle

    J'ai l'honneur de vous informer des faits suivants dont j'ai pu être le témoin aussi impartial qu'horrifié. Ce jour même, aux environs de midi, je me trouvais sur la plate-forme d'un autobus qui remontait la rue de Courcelles en direction de la place Champerret. Ledit autobus était complet, plus que complet même, oserai-je dire, car le receveur avait pris en surcharge plusieurs impétrants, sans raison valable et mû par une bonté d'âme exagérée qui le faisait passer outre aux règlements et qui, par suite, frisait l'indulgence. À chaque arrêt, les allées et venues des voyageurs descendants et montants ne manquaient pas de provoquer une certaine bousculade qui incita l'un de ces voyageurs à protester, mains non sans timidité. Je dois dire qu'il alla s'asseoir dès que la chose fut possible. J'ajouterai à ce bref récit cet addendum: j'eus l'occasion d'apercevoir ce voyageur quelque temps après en compagnie d'un personnage que je n'ai pu identifier. La conversation qu'ils échangeaient avec animation semblait avoir trait à des questions de nature esthétique.
    Étant donné ces conditions, je vous prie de vouloir bien, Monsieur, m'indiquer les conséquences que je dois tirer de ces faits et l'attitude qu'ensuite il vous semblera bon que je prenne dans la conduite de ma vie subséquente.
    Dans l'attente de votre réponse, je vous assure, Monsieur, de ma parfaite considération empressée au moins.

    Imparfait

    C'était midi. Les voyageurs montaient dans l'autobus. On était serré. Un jeune monsieur portait sur sa tête un chapeau qui était entouré d'une tresse et non d'un ruban. Il avait un long cou. Il se plaignait auprès de son voisin des heurts que ce dernier lui infligeait. Dès qu'il aprcevait une place libre, il se précipitait vers elle et s'y asseyait. Je l'apercevais plus tard, devant la gare Saint-Lazare. Il se vêtait d'un pardessus et un camarade qui se trouvait là lui faisait cette remarque: il fallait mettre un bouton supplémentaire.

    Alexandrins

    Un jour, dans l'autobus qui porte la lettre S,
    Je vis un foutriquet de je ne sais quelle es-
    Pèce qui râlait bien qu'autour de son turban
    Il y eut de la tresse en place de ruban.
    Il râlait ce jeune homme à l'allure insipide,
    Au col démesuré, à l'haleine putride,
    Parce qu'un citoyen qui paraissait majeur
    Le heurtait, disait-il, si quelque voyageur
    Se hissait haletant et poursuivi par l'heure
    Espérant déjeuner en sa chaste demeure.
    Il n'y eut point d'esclandre et le triste quidam
    Courut vers une place et s'assit sottement.
    Comme je retournais direction rive gauche
    De nouveau j'aperçus ce personnage moche
    Accompagné d'un zèbre, imbécile dandy,
    Qui disait : " Ce bouton faut pas le mettre icy. "

    Ampoulé

    À l'heure où commencent à se gercer les doigts roses de l'aurore, je montai tel un dard rapide dans un autobus à la puissante stature et aux yeux de vache de la ligne S au trajet sinueux. Je remarquai, avec la précision et l'acuité de l'Indien sur le sentier de la guerre, la présence d'un jeune homme dont le col était plus long que celui de la girafe au pied rapide, et dont le chapeau de feutre mou fendu s'ornait d'une tresse, tel le héros d'un exercice de style. La funeste Discorde aux seins de suie vint de sa bouche empestée par un néant de dentifrice, la Discorde, dis-je, vint souffler son virus malin entre ce jeune homme au col de girafe et à la tresse autour du chapeau, et un voyageur à la mine indécise et farineuse. Celui-là s'adressa en ces termes à celui-ci: «Dites moi, méchant exprès de me marcher sur les pieds!» Ayant dit ces mots, le jeune homme au col de girafe et à la tresse autour du chapeau s'alla vite asseoir. Plus tard, dans la Cour de Rome aux majestueuses proportions, j'aperçus de nouveau le jeunehomme au cou de girafe et à la tresse autour du chapeau, accompagné d'un camarade arbitre des élégances qui proférait cette critique que je pus entendre de mon oreille agile, critique adressée au vêtement le plus extérieur du jeune homme au col de girafe et à la tresse autour du chapeau: «Tu devrais en diminuer l'échancrure par l'addition ou l'exhaussement d'un bouton à la périphérie circulaire.»

    Vulgaire

    L'était un peu plus dmidi quand j'ai pu monter dans l'esse. Jmonte donc, jpaye ma place comme de bien entendu et voilàtipas qu'alors jremarque un zozo l'air pied, avec un cou qu'on aurait dit un télescope et une sorte de ficelle autour du galurin. Je lregarde passeque jlui trouve l'air pied quand le voilàtipas qu'ismet à interpeller son voisin. Dites donc, qu'il lui fait, vous pourriez pas faire attention, qu'il ajoute, on dirait, qu'i pleurniche, quvous lfaites essprais, qu'i bafouille, deummarcher toutltemps sullé panards, qu'i dit. Là-dssus, tout fier de lui, i va s'asseoir. Comme un pied. Jrepasse plus tard Cour de Rome et jl'aperçois qui discute le bout de gras avec autre zozo de son espèce. Dis donc, qu'i lui faisait l'autre, tu d'vrais, qu'i lui disait, mettre un ottbouton, qu'il ajoutait, à ton pardingue, qu'i concluait.

    Interrogatoire

    -- À midi 38.
    -- Y avait-il beaucoup de monde dans l'autobus de la ligne S sus-désigné?
    -- Des floppées.
    -- Qu'y remarquâtes-vous de particulier?
    -- Un particulier qui avait un très long cou et une tresse autour du chapeau.
    -- Son comportement était-il aussi singulier que sa mise et son anatomie?
    -- Tout d'abord non; il était normal, mais il finit par s'avérer être celui d'un cyclothymique
    paranoïaque légèrement hypotendu dans un état d'irritabilité hypergastrique.
    -- Comment cela se traduisit-il?
    -- Le particulier en question interpella son voisin sur un ton pleurnichard en lui demandant
    s'il ne faisait pas exprès de lui marcher sur les pieds chaque fois qu'il montait ou descendait des voyageurs.
    -- Ce reproche était-il fondé?
    -- Je l'ignore.
    -- Comment se termina cet incident?
    -- Par la fuite précipitée du jeune homme qui alla occuper une place libre.
    -- Cet incident eut-il un rebondissement?
    -- Moins de deux heures plus tard.
    -- En quoi consista ce rebondissement?
    -- En la réapparition de cet individu sur mon chemin.
    -- Où et comment le revîtes-vous?
    -- En passant en autobus devant la cour de Rome.
    -- Qu'y faisait-il?
    -- Il prenait une consultation d'élégance.

    Comédie

    Acte premier
    Scène I
    (Sur la plate-forme arrière d'un autobus S, un jour, vers midi.)
    LE RECEVEUR. -- La monnaie, s'iou plaît.
    (Des voyageurs lui passent la monnaie.)
    Scène II
    (L'autobus s'arrête.)
    LE RECEVEUR. – Laissons descendre. Priorités? Une priorité! C'est complet. Drelin, drelin, drelin.
    Acte second
    Scène I
    (Même décor.)
    PREMIER VOYAGEUR (jeune, long cou, une tresse autour du chapeau). 
    -- On dirait, monsieur, que vous le faites exprès de me marcher sur les pieds chaque fois qu'il passe des gens.
    SECOND VOYAGEUR (hausse les épaules).
    Scène II
    (Un troisième voyageur descend.)
    PREMIER VOYAGEUR (s'adressant au public) :
    Chouette! une place libre! J'y cours. (Il se précipite dessus et l'occupe.)
    Acte troisième
    Scène I
    (La Cour de Rome.)
    UN JEUNE ÉLÉGANT (au premier voyageur, maintenant piéton). -- L'échancrure de ton pardessus est trop large. Tu devrais la fermer un peu en faisant remonter le bouton du haut.
    Scène II
    (À bord d'un autobus S passant devant la Cour de Rome.)
    QUATRIÈME VOYAGEUR. -- Tiens, le type qui se trouvait tout à l'heure avec moi dans l'autobus et qui s'engueulait avec un bonhomme. Curieuse rencontre. J'en ferai une comédie en trois actes et en prose.

    Philosophique

    Les grandes villes seules peuvent présenter à la spiritualité phénoménologique les essentialités des coïncidences temporelles et improbabilistes. Le philosophe qui monte parfois dans l'inexistentialité futile et outilitaire d'un autobus S y peut apercevoir avec la lucidité de son oeil pinéal les apparences fugitives et décolorées d'une conscience profane affligée du long cou de la vanité et de la tresse chapeautière de l'ignorance. Cette matière sans entéléchie véritable se lance parfois dans l'impératif catégorique de son élan vital et récriminatoire contre l'irréalité néoberkeleyienne d'un mécanisme corporel inalourdi de conscience. Cette attitude morale entraîne alors le plus inconscient des deux vers une spatialité vide ou il se décompose en ses éléments premiers et crochus. La recherche philosophique se poursuit normalement par la rencontre fortuite mais anagogique du même être accompagné de sa réplique inessentielle et couturière, laquelle lui conseille nouménalement de transposer sur le plan de l'entendement le concept de bouton de pardessus situé sociologiquement trop bas.

    Désinvolte

    I
    Je monte dans le bus.
    -- C'est bien pour la porte Champerret?
    -- Vous savez donc pas lire?
    -- Excuses.
    Il moud mes tickets sur son ventre.
    -- Voilà.
    -- Merci.
    Je regarde autour de moi.
    -- Dites donc, vous.
    Il a une sorte de galon autour de son chapeau.
    -- Vous ne pourriez pas faire attention?
    Il a un très long cou.
    -- Non mais dites donc.
    Le voilà qui se précipite sur une place libre.
    -- Eh bien.
    Je me dis ça.
    II
    Je monte dans le bus.
    -- C'est bien pour la place de la Contrescarpe?
    -- Vous savez donc pas lire?
    -- Excuses.
    Son orgue de Barbarie fonctionne et il me rend mes tickets avec un petit air dessus.
    -- Voilà.
    -- Merci.
    On passe devant la gare Saint-Lazare.
    -- Tiens le type de tout à l'heure.
    Je penche mon oreille.
    -- Tu devrais faire mettre un
    autre bouton à ton pardessus.
    Il lui montre où.
    -- Il est trop échancré ton pardessus.
    Ça c'est vrai.
    -- Eh bien.
    Je me dis ça.

    Télégraphique

    BUS BONDÉ STOP
    JNHOMME LONG COU
    CHAPEAU CERCLE TRESSÉ
    APOSTROPHE
    VOYAGEUR INCONNU SANS
    PRÉTEXTE VALABLE STOP
    QUESTION DOIGTS PIEDS
    FROISSÉS CONTACT TALON
    PRÉTENDU VOLONTAIRE
    STOP JNHOMME
    ABANDONNE
    DISCUSSION POUR PLACE
    LIBRE STOP QUATORZE
    HEURES PLACE ROME
    JNHOMME
    ÉCOUTE CONSEILS
    VESTIMENTAIRES
    CAMARADE STOP
    DÉPLACER BOUTON STOP
    SIGNÉ ARCTURUS.

    Paysan


    J'avions pas de ptits bouts de papiers avec un numéro dssus, mais jsommes tout dmême monté dans steu carriole. Une fois que j'm'y trouvons sus steu plattforme de steu carriole qui z'appellent comm' ça eux zautres un autobus, jeum'sentons tout serré, tout gueurdi et tout racornissou. Enfin, après qu'j'euyons paillé, je j'tons un coup d'oeil tout alentour de nott peursonne et qu'est-ceu queu jeu voyons-ti pas? un grand flandrin avec un d'ces cous et un d'ces couv-la-tête pas ordinaires. Le cou, l'était trop long. L'chapiau, l'avait dla tresse autour, dame oui. Et pis, tout à coup, le voilà-ti pas qui s'met en colère? Il a dit des paroles de la plus grande méchanceté à un pauv' meussieu qu'en pouvait mais et pis après ça l'est allé s'asseoir le grand flandrin. Bin, c'est des choses qu'arrivent comme ça que dans une grande ville. Vous vous figurerez-vous-ti pas qu' jl'avons dnouveau rvu, ce grand flandrin. Pas plus tard que deux heures après, dvant une grande bâtisse qui pouvait ben être queuqu'chose comme la palais dl'évêque de Pantruche, comme i disent eux zautres pour appeler leur ville par son petit nom. L'était là lgrand flandrin, qu'il sbaladait dlong en large avec un autt feignant dson espèce et qu'est-ce qu'i lui disait l'autt feignant dson espèce? Li disait, l'autt feignant dson espèce, l'i disait: «Tu dvrais tfaire mett sbouton-là un ti peu plus haut, ça srait ben pluss chouette.» Voilà cqu'i lui disait au grand flandrin, l'autt feignant dson espèce.

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